Décès de Jacques Sauvageot

lundi 30 octobre 2017
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Autogestion

Décès de Jacques Sauvageot

Auteur : Robi Morder | 30 Oct 2017 | Archives et mémoires, Biographies

C’est une triste nouvelle pour sa famille, ses amis comme pour toutes celles et tous ceux avec qui il continuait à militer, L’ancien dirigeant étudiant qui fut une des figures de mai 68 n’était pas du genre ancien combattant, plutôt un vieux lutteur, attaché avant tout à une ambition, celle des projets collectifs auxquels il participait, qu’il contribuait à initier, avec dévouement et exigence.

La nouvelle est tombée dans la nuit du 28 au 29 octobre 2017, celle qui nous plonge dans l’heure d’hiver. Jacques Sauvageot est mort.

C’est une triste nouvelle pour sa famille, ses amis comme pour toutes celles et tous ceux avec qui il continuait à militer, liant son travail sur la mémoire et les archives du PSU qu’il menait à l’Institut Tribune socialiste, à la réflexion sur le présent et l’avenir des mouvements sociaux de l’émancipation. et de l’autogestion. C’est en sortant de l’ITS après une journée de travail bien fournie qu’il a été victime d’un accident dont il ne s’est pas relevé.

L’ancien dirigeant étudiant qui fut une des figures de mai 68 n’était pas du genre ancien combattant, plutôt un vieux lutteur.

La mémoire qu’il s’était attachée à préserver n’était pas destinée à être figée, mais à transmettre.

Transmettre celle de l’UNEF, il fut un moment membre actif des anciens de l’UNEF, contribuant aux travaux du Germe, témoignant pour la Cité des mémoires étudiantes, et il s’intéressait au travail de l’Association autogestion à laquelle il avait accordé un entretien en 2014, prélude à des collaborations qui prennent forme aujourd’hui.

Il s’est surtout consacré ensuite à celle du PSU et partant aux combats de ces années 68 dont le cinquantième anniversaire de l’insurrection étudiante et de la grève générale approchent à grands pas.

Et s’il nous manque déjà
, c’est dans quelques mois que son absence se fera cruellement ressentir face à cette vague que l’on sent approcher et qui fera de la révolution inachevée de mai et juin 68 une révolution défigurée.

Sarkozy voulait en finir avec 68, il semble que Macron veuille la « commémorer », deux façons de l’enterrer !

L’on nous racontera alors la « modernité » de ce qui sera réduit à une révolte culturelle et l’on vilipendera le « passéisme » des grèves ouvrières, si jamais l’on en parle ; l’on nous montrera les quelques dizaines de « baby boomers » célèbres de 68 ayant « réussi », ou en retraités privilégiés qui pèsent sur les jeunes générations,en omettant les trajectoires et destins des millions de « soixante huitards » qui ont continué, et persistent, à mener les combats sociaux, politiques sur tous les fronts.

Jacques était à l’opposé de tout cela, il n’envisageait pas sa vie comme une succes story.

Certes s’il fut en 68 sous les feux de la rampe c’est qu’il représentait l’UNEF et plus largement la révolte étudiante, non par goût pour les sunlights mais par conscience de ses responsabilités et de ce qu’elles impliquaient.

Sa biographie publiée dans le Maitron (Dictionnaire biographique du mouvement social) atteste de ses parcours professionnels, exempts de carriérisme, de ses activités militantes, au plus près du terrain.

Jacques, c’était l’un des plus connus des « élites obscures » chères au Maitron, ces dizaines de milliers de militants associatifs, syndicalistes, politiques. Il en représentait bien cette absence d’ambition égocentrique, attaché qu’il était avant tout à une autre ambition, celle des projets collectifs auxquels il participait, qu’il contribuait à initier, avec dévouement, et aussi avec l’exigence.

Je l’ai rencontré la première fois en 1998, à Censier, dans un débat sur les 30 ans de 68. Cette discrétion, plutôt que modestie, et cette ambition collective m’ont immédiatement frappé.

Puis nous nous somme revus dans des séminaires et colloques du Germe et de la Cité des mémoires étudiantes, notamment en 2008 à Reims, aux anciens de l’UNEF, où il suivit un colloque sur l’université, y compris dans tous les aspects matériels : retranscription, frappe, impression, et bien évidemment à l’ITS.

A l’été encore, pour préparer les 50 ans de 68, il s’était montré plutôt réticent à accepter la proposition de venir dans de grands colloques, signifiant sa préférence pour d’abord travailler en séminaires, petits groupes, loin des caméras, pour aller au fond des choses.

Car si Jacques était d’une fidélité aux causes qui étaient communes à beaucoup, et au passé ce n’était pas pour perpétuer des mythes et des légendes.

Il tenait à l’examen et à la restitution des réalités, quitte à déplaire, et il ne cachait pas ses critiques.

Il était aussi un universitaire, sachant que l’on peut parfois désenchanter le monde, et surtout les militants. mais sachant que la recherche de la vérité est toujours plus révolutionnaires que la fiction.

C’est le plus grand respect qu’il pouvait avoir pour les autres, et Jacques était bien respectable.

Que sa famille, ses amis et proches, ses camarades, l’ensemble de celles et ceux avec qui il continuait le combat soient assurés que nous tenterons de le poursuivre au mieux.

Communiqué de l’ITS : http://www.institut-tribune-socialiste.fr/2017/10/29/deces-de-jacques-sauvageot/
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