Une mine du pays de Galles : Tower Colliery une autogestion exemplaire

mardi 21 décembre 2010
par  onvaulxmieuxqueca
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« En 1979, à peine désignée Premier ministre, Margaret Thatcher entreprend sa « révolution conservatrice » en s’attaquant aux acquis sociaux, aux droits syndicaux et aux services publics. Elle entend prendre sa revanche avec les mineurs, responsables à ses yeux de la chute du gouvernement conservateur d’Edward Health en 1974. Elle décide pour cela de remplacer l’industrie minière par le gaz et l’énergie nucléaire, beaucoup plus chers. Une longue bataille politique s’engage alors entre la Dame de fer et le syndicat des mineurs. En mars 1984, Union nationale des mineurs déclenche une grève illimitée. Celle-ci sera la plus longue de l’histoire du mouvement ouvrier britannique mais les mineurs reprendront le travail un an plus tard en mars 1985 sans avoir rien obtenu. » Richard Neuville.
Extrait du livre « AUTOGESTION HIER, AUJOURD’HUI, DEMAIN »

La suite, une autre belle page du mouvement ouvrier.

Tower Colliery une autogestion exemplaire
http://www.le-perfologue.net/innover/management-democratique-tower-colliery.htm

Cette mine du pays de Galles fut rachetée par l’ensemble de ses salariés à l’époque où Maggie Tatcher, Tina pour les intimes (There Is No Alternative) avait décidé de casser le syndicalisme particulièrement actif chez les mineurs.

Après les grandes grèves des années 80, les puits étaient systématiquement fermés les uns après les autres. Lorsque ce fut le tour de Tower Colliery en 1994, les mineurs décidèrent de ne pas en rester là. Ils investirent la totalité de leurs indemnités de licenciement (8.000 Livres) pour racheter la mine. Puis, ils mirent en place une coopérative autogérée, fondée sur un management démocratique.

Le principe est simple. Toutes les décisions importantes sont prises en assemblée générale et tout le monde vote : un homme = une voix. Les dirigeants et cadres du Board sont élus ainsi.

Après le redémarrage, une des premières décisions fut d’augmenter significativement les salaires hebdomadaires, puis de mettre en place une véritable couverture maladie accident assurant le salaire jusqu’à 15 mois d’arrêt. Ingénieurs et cadres de haut niveau furent recrutés en assemblée générale, eux-mêmes devenant à leur tour sociétaires de la coopérative après avoir payé leur quote-part : 8000 Livres Sterling.
En dépit des discours des précédents dirigeants et des représentants du gouvernement de l’époque, la mine était en fait rentable. La coopérative sut exploiter au mieux le filon, jusqu’à son terme. Tower Colliery fut aussi particulièrement remarquable dans le monde industriel de part ses taux excessivement bas d’accidents du travail (paradoxal pour une mine) et d’absentéisme.

Maintenant le filon est réellement épuisé, les mineurs ont bien assuré leurs retraites (13 ans après). Mais pour eux l’aventure ne s’arrête pas là. Ils sont attachés à leur région. Plusieurs projets (un écoparc notamment) sont en préparation pour exploiter les 250 hectares qui leur appartiennent en propre et dynamiser enfin cette région particulièrement touchée par le chômage.

• Sur les Docks l’émission de France Culture consacre une semaine au Royaume Uni. La série a démarré avec une excellente émission relatant cette aventure. Mineurs, Gallois et autogestion A écouter donc, notamment l’historique de la mine dont l’origine révolutionnaire (et sanglante) remonte à 1831. A écouter aussi pour apprécier à sa juste valeur comment la participation de tous permet de résoudre les problèmes les plus ardus. En dynamisant la participation démocratique et en cumulant les idées, ils ont ainsi su transformer un gravissime problème de méthane (grisou) en une source d’énergie multiple...

• Daniel Mermet avait consacré deux émissions à cette aventure industrielle ici : la première http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=239
et la seconde. http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=240

• Courrier International propose un article traduit de the independant, dispo en ligne.

• Le site web de Tower Colliery. http://www.le-perfologue.net/innover/management-democratique-tower-colliery.htm

• Jean-Michel Carré avait tourné un film sur les lieux : Charbons ardents
"Ce film relate l’aventure de mineurs gallois qui, avant la fermeture de leur mine dans le cadre de la politique de Mme Thatcher, décident de relever la tête. Investissant leurs indemnités de licenciement, ils votent le rachat de leur entreprise dont ils deviennent les actionnaires tout en continuant l’exploitation. Grand Prix au Festival Dei Populi - Florence 1999"

Tower Colliery :

Rachetée en 1995 par des mineurs qui refusèrent la fermeture décrétée par le gouvernement, la mine galloise doit, après treize années d’autogestion réussie, fermer ses portes. Pour des raisons strictement géologiques.


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