Tunisie :( Dossier ) Soutien à Nadia El Fani et défense de la liberté de conscience

lundi 9 mai 2011
par  onvaulxmieuxqueca
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Soutien à Nadia El Fani et défense de la liberté de conscience

Suite à ses déclarations publiques sur la chaîne de télévision Hannibal, la cinéaste Nadia El Fani fait l’objet d’une vaste campagne de violences verbales et de menaces physiques sur certaines pages facebook. Nous, citoyen-ne-s tunisien-ne-s attaché-e-s à la liberté de conscience, de croyance et de culte, déclarons par la présente notre soutien inconditionnel à Nadia El Fani. Nous rappelons que celle-ci n’a fait qu’exprimer qu’elle ne « croit pas en Dieu », et qu’elle refuse toute tentative d’imposition et d’entrave à sa liberté de conscience, par ceux qui se réclament de l’islam politique. Nous, citoyen-ne-s tunisien-ne-s, exprimons par la présente notre indignation la plus absolue devant les menaces de violences physiques et le déchaînement de violence verbale à l’encontre de Nadia El Fani.

Nous jugeons que le contexte actuel d’ascension politique des islamistes, d’agressions répétées contre les femmes dont les tenues vestimentaires sont jugées non conformes à la « morale islamique », d’instrumentalisation politique des mosquées et d’appels au meurtre pour « blasphèmes », incite à la plus grande vigilance. Le contexte incite aussi et surtout à la solidarité avec tou-te-s ceux et celles qui ont le courage de ne pas céder à la loi de la terreur et de la soumission au silence.

Nous estimons qu’une société est tolérante ou elle ne l’est pas. La liberté de conscience n’est pas divisible. De la même manière que le port du voile et de la barbe doivent être permis et respectés, il est du droit d’un individu de déclarer qu’il/elle "ne croit pas en Dieu". Si aujourd’hui, nous cédons devant les menaces de violence à l’encontre de ceux et celles qui déclarent leur athéisme, demain, ce sera le tour de ceux et celles d’entre nous qui sommes musulman-e-s sans être pratiquant-e-s. Après demain, ce sera le tour de ceux et celles d’entre nous qui sommes musulman-e-s et pratiquant-e-s, mais dont la pratique ne satisfait pas les extrémistes !

Source http://www.petitions24.net/soutien_a_nadia_el_fani_et_defense_de_la_liberte_de_conscience

Cannes 2009 : nadia el fani en duplex

interview de Nadia El Fani au FIFI2009


interview de Nadia El Fani au FIFI2009 par cecilerittweger

Rahmatou keita nadia el fani


Rahmatou keita nadia el fani par en-chaines-et-en-os

Radio KALIMA
Islamisme : Peur sur Tunis ?
Samedi 07 mai 2011

La multiplication d’actes d’intolérances de la part des islamistes tunisiens contre des femmes et des hommes de culture, outre qu’elle fausse le débat et agite le spectre d’une dérive intégriste, risque de remettre en cause les fondements mêmes de la révolution : la liberté retrouvée des tunisiens.

Nadia El Fani, cinéaste, qui avait réalisé « Ouled Lenine », un film documentaire qui retrace le parcours des communistes tunisiens, revient avec un nouveau film, « Ni Allah ni maître » qui sort prochainement dans les salles.

Dans une interview à la suite d’un reportage sur son nouveau film, diffusé sur la chaîne tunisienne Hannibal TV, la réalisatrice tunisienne n’a pas caché son athéisme. Cela lui vaut, depuis quelques jours, l’ire des islamistes dont les dépassements commencent à semer le trouble. Plusieurs sites, qui rivalisent de déclarations quasi- inquisitionnelles se sont multipliés. Si la plupart demandent une interdiction de la diffusion du film, certains n’hésitent pas à lancer des appels au meurtre.

D’autres artistes, tels que le cinéaste Nouri Bouzid, ont également fait l’objet de menaces de mort de la part de militants du parti islamiste En-Nahdha.

Selon des propos rapportés par le quotidien tunisien « le Temps », des menaces de mort ont été proférées à l’encontre du cinéaste Nouri Bouzid, par un chanteur devenu sympathisant islamiste, un dénommé « Psycho-M », lors d’un meeting d’Ennahdha le 17 avril, en présence d’un dirigeant de premier ordre de cette organisation. Le chanteur en question dit à propos de Nouri Bouzid qu’il « faut lui tirer dessus à coups de Kalachnikov ». Et la salle de hurler « Allahou Akbar ».

De son coté, le poète et journaliste, Sghaïr Ouled Ahmed, a également fait l’objet de menaces directes.

Pendant que la classe politique ( gouvernement et opposition) est affairée à préparer la transition, sur les plans politiques et juridiques, à tenter de remettre en marche la machine économique, les islamistes d’Ennahda ne s’occupent, pour ainsi dire, que de questions qui font leurs fond de commerce.

A peine leur leader historique, Rached Ghanouchi, rentré d’exil, ils s’étaient déjà illustrés en tentant de mettre le feu aux « maison closes » de l’un des quartiers de la médina de Tunis.

Alors que l’élection pour une assemblée constituante (24 juillet) approche, que la campagne électorale officieuse a déjà commencé, que des coalitions de partis se sont formées, ces pratiques dangereuses des islamistes, détournent l’opinion des vrais problèmes qui se posent à la Tunisie et risquent de mettre à mal l’héritage bourguibiste en termes de droits des femmes et d’une certaine conception de la vie « paisible » à la tunisienne.

Yahia Bounouar

Nadia El Fani citoyenne ou diable ?


Dimanche, 08 Mai

chercheur au CNRS et politologue,Séverine Labat , dénonce les attaques et diffamations dont est victime la réalisatrice Franco-tunisienne, Nadia El Fani, en raison de son nouveau film "Ni Allah, ni maître".

A rebours des prophéties annonçant la mort de l’islam politique, la réalisatrice, Nadia El Fani, fait, avec d’autres, les frais d’un retour inattendu de l’obscurantisme dans une Tunisie pourtant tenue pour être le pays arabe le plus avancé en termes de liberté de conscience .
En effet, tandis qu’en son temps, le leader Habib Bourguiba s’autorisa à boire du jus d’orange en public durant le mois de ramadan, il ne semble plus permis, à quelques mois de la chute de Ben Ali, de revendiquer le droit à la pleine liberté de conscience, ni d’afficher ses convictions athées.
Après un talentueux "Ouled Lenine" ("Les enfants de Lénine") réalisé voici deux ans et relatant le parcours de militants communistes tunisiens, au nombre desquels son propre père, Nadia El Fani, qui a commencé sa carrière auprès, rien moins, de Jerry Schatzberg, Roman Polanski, Nouri Bouzid, ou encore Romain Goupil, nous revient avec un stimulant "Ni Allah ni maître" (projeté au Festival de Cannes le 18 mai).

Consécutivement à un reportage diffusé sur la chaîne tunisienne Hannibal TV, son nouveau film lui vaut, depuis quelques jours, l’ire d’un islamisme dont les déchaînements commencent à inspirer une véritable crainte non feinte en Tunisie.

Plusieurs sites, plus ignominieux les uns que les autres, ont ainsi fleuri sur Facebook où cette courageuse jeune femme est représentée sous les traits du diable et autres créatures difformes. Affichant le portait d’Oussama Ben Laden en guise de photographie de profil, ses quelques 33 000 détracteurs n’hésitent pas à lui promettre les flammes de l’Enfer lorsque ce n’est pas, purement et simplement, "une balle dans la tête".

Son crime ? Avoir simplement déclaré ne pas croire en Dieu ….
D’autres artistes, tels que le cinéaste Nouri Bouzid, ont également fait l’objet de menaces de mort de la part de militants du parti islamiste En-Nahdha. Ces derniers, à peine leur leader historique, Rached Ghanouchi, rentré d’exil, s’étaient illustrés en tentant de mettre le feu aux bordels de l’un des quartiers de la médina de Tunis. A quelques mois des élections à la constituante (24 juillet), se profile ainsi le spectre de sérieuses batailles politiques pour la défense de l’héritage bourguibien en termes de droits des femmes et d’une certaine conception de la modernité.

tempsreel.nouvelobs.com


Rue 89

Rencontre

Nadia El Fani, réalisatrice tunisienne, menacée de mort parce qu’athée

Par Sophie Verney-Caillat | Rue89 | 09/05/2011 | 13H26

Une interview tronquée de l’auteur de « Ni Allah ni maître » suscite la haine des islamistes, qui multiplient les menaces.

A chaque fois qu’elle tape son nom sur Facebook, elle découvre une nouvelle page d’appel à la haine contre elle. Le compte « Pour qu’il y ait dix millions de crachats sur la tête de cette truie chauve » a totalisé près de 35 000 « j’aime ».

Nadia El Fani, 51 ans, est réalisatrice de films. Fille d’un des fondateurs du Parti communiste tunisien (à qui elle a consacré un film) elle s’est installée en France il y a dix ans parce qu’elle étouffait sous le régime de Ben Ali. En 2003, dans « Bedwin Hacker », elle avait raconté que la contestation viendrait d’Internet. Puis elle a eu envie de faire un film sur l’athéisme en terre d’islam.

C’était avant la révolution. Nadia El Fani a filmé les « résistants au ramadan », ceux qui mangent pendant la journée ou boivent de l’alcool en cachette. Elle avait été autorisée à tourner en Tunisie : aux yeux des autorités, son film ne portait que sur les fêtes du ramadan et non sur le pouvoir en place.

« Ni Allah ni maître » ou la laïcité en pays musulman

Pour le documentaire « Ni Allah ni maître », Nadia El Fani se met en scène en train de discuter avec des Tunisiens de la rue sur la place de la religion dans la société.

Elle dénonce « l’hypocrisie sociale » qui règne en Tunisie, où « une majorité des gens ne font pas ramadan mais se cachent ». Elle voudrait que la religion soit une affaire privée, et déplore que la constitution de son pays le définisse comme « musulman. » (Voir la vidéo)

Lorsque la révolution de jasmin pointe son nez, Nadia El Fani est en plein montage de son film. Elle file à Tunis sentir le vent dans la liberté, et complète son film en y intégrant les débats sur la laïcité qui agitent les milieux progressistes. « C’était un des premiers sujets débattus après la chute de Ben Ali », assure-t-elle.

Au final, « Ni Allah ni maître » raconte que « les islamistes montrent les dents, mais que la laïcité s’impose. Ce qui est nouveau, c’est qu’on puisse débattre de tout ça ».

Nadia El Fani : « Mon film n’est pas anti-religieux »

Justement, fin avril, elle est invitée pour la projection de son film en
clôture du festival Doc à Tunis. Elle est alors sans cheveux à cause d’une chimiothérapie. Interrogée par une journaliste de la chaîne Hannibal TV, Nadia El Fani réaffirme son athéisme militant. L’ambiance est alors bonne :
« La salle de 500 places était pleine, les gens ont très bien compris mon film et il n’y a pas eu d’agressivité. Contrairement à ce qui a été dit après, mon film n’est pas anti-religieux. »

C’est la diffusion d’une version remontée de cette interview qui déclenche la haine contre elle. Des islamistes sans doute peu nombreux, mais très actifs. (Voir la vidéo)


Interview de la réalisatrice Nadia El Feni par rue89

Des pages Facebook se montent les unes après les autres. Celle, en arabe, intitulée « Pour qu’il y ait dix millions de crachat… » propose une propagande complète, notamment à coups de photos (Nadia El Fani est montée en diable, en singe, la cervelle éclatée, dans le feu…).
D’autres pages disent « Dégaaage », « Je suis athée et Nadia El Fani ne me représente pas », « Pas de soutien à Nadia El Fani, Ni Allah, ni maître, ni censure », « Pour que Nadia El Fani devienne musulmane »… Elle a aussi reçu des coups de fils menaçant, adressés chez elle.

Elle a déposé deux plaintes pour menaces de mort Nadia El Fani a déposé deux plaintes, en France et en Tunisie pour « menaces de mort », afin de faire cesser ces attaques. Elle aimerait aussi qu’un front culturel se crée pour défendre la liberté d’expression.

Elle a peur que les artistes soient en danger en Tunisie et rappelle que le réalisateur Nouri Bouzid a été agressé physiquement par un « barbu ». (Voir la vidéo)


Interview de la réalisatrice Nadia El Feni 2/2 par rue89

A l’heure où la peur d’une victoire du parti islamiste Ennahda fait peser des menaces de coup d’Etat, son avocate en appelle au ministre de la Culture. Depuis Tunis, Nadia Bochra Bel Hadj Hamida explique à Rue89 :
« On manque d’un courant fort pour défendre la liberté des artistes. Vu ce qui s’est passé pour Nadia, et l’absence de réaction des intellectuels je me demande si la liberté d’expression et la liberté de croyance ne sont pas menacées, alors qu’on vient de gagner les libertés publiques. »
Ni putes ni soumises va de son coté lancer un manifeste « pour qu’aucune complaisance ne soit admise avec les islamistes ».

Nadia El Fani se demande, elle, si « la Tunisie, qui a toujours été en avance sur les pays arabes, montrera l’exemple d’une vrai démocratie laïque ».


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