Hongrie : ENFIN, ÇA BOUGE. Révolution des clowns commence !?

vendredi 17 juin 2011
par  onvaulxmieuxqueca
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ENFIN, ÇA BOUGE !

De notre correspondant de Budapest

Voici mes informations en direct de la « révolution de clowns ». Je me trouve au milieu de la rue Alkotmány (Constitution) à Budapest, dans un pays lequel n’a plus de constitution : elle a été remplacée par une « Loi de base » par ce que notre Victateur (Victor Orbán) veut entièrement réorganiser la société.

Les dessous

Il mène jusqu’au bout ce qu’il appelle la « révolution d’isoloirs » par laquelle il a gagné plus que 2/3 des sièges parlementaires avec 52% des voix exprimés. Depuis 14 mois le Victateur n’a fait rien d’autre que chercher les sous dans la poche d’autrui : d’abord les cotisants des caisses de retraite volontaires, puis les banques et les grandes entreprises de communication, puis les enseignants et la sécurité sociale et puis les agents de police et les pompiers.

Ce dernier coup s’avère maladroit :

les forces de sécurité résistent. Elles n’ont pas de droit de grève, donc elles manifestent devant le parlement, et demandent au Victateur qu’il vienne pour négocier.

Le Victateur commet une deuxième erreur : il n’y va pas, mais il lance (par un messager) un mot d’arrogance aux syndicalistes : « si je retrouve mon secrétaire d’état des affaires clown, je vous l’enverrai ». L’arrogance ne paies jamais.

Éviter le ridicule à tout prix !

Le lendemain, deux ex-leaders des syndicats des agents de police (Notez bien : ex-leaders ! Quelle finesse tactique !)déclarent la « révolution des clowns » pour le 16 juin à 16 heures. On établie des isoloirs dans la rue, et tout le monde est invité à révoquer son vote donné à Fidesz l’année passée.

Et autour de moi, c’est toute une foule qui ondule. Il est difficile d’en donner un chiffre : certains groupes sont en marche vers les isoloirs sur un côté de la rue, tandis que d’autres en reviennent déjà vers le tribune érigé plus près du parlement. Dans la foule, il y a des clowns complets, il y a d’autres qui ne portent qu’un nez de clown rouge, d’autre encore des casques celtique ou des vêtements excentriques. La plus part des pompiers sont en noir mais certains groupes portent des casques brillantes. L’ambiance est libre et gaie.

Pourtant l’âge moyen semble plus haut que normal. Pas par hasard. Le Victateur s’est préparé, lui aussi.

Ce qu’il déteste le plus, c’est le ridicule. Mais qu’est ce qu’il peut faire avec des clowns ?

Les matraquer ? Les disperser par canons d’eau ? Toute l’Europe en rigolerait ! Mais s’il les laisse faire ce qu’ils veulent, tout le monde en rigolera également.

Une solution : des mesures préventives. Les voilà :

1) il est interdit d’entrer la place devant le parlement : une exposition de photos y est installée laquelle y reste jusqu’au 20 aôut ;

2) la petite place à côté où le statut d’Imre Nagy regarde les évènements est fermée aujourd’hui, pour une cérémonie commémorative de la ré enterrement d’Imre Nagy il y a 22 ans (l’anniversaire que le gouvernement Orbán a totalement oublié l’année passée) ;

3) la convocation de tout le personnel de la police pour accomplir un service de contrôle routier extraordinaire ; seuls les malades sont autorisés à rester chez eux ;

4) on connaît beaucoup de cas de menaces personnelles aussi, et non seulement contre les agents, mais aussi contre leur famille.
Mais les agents de police sont des gens bien disciplinés, s’ils doivent rester en service, ils y restent. Et aussi, si le secrétaire du syndicats déclare que tous les retraités joignent le défilé en remplaçant l’effectif actif, ils arrivent. Moi-même, je suis arrivé à Budapest par train, dans un wagon pleine d’agents retraités. Quand je suis sorti de la gare, j’ai vu deux agents en service – avec matraque et revolver – contrôler les documents d’un jeune homme.

Les passagers avec qui j’ai voyagé les ont regardés d’une bonne distance. Et la télé publique (on dit ici : « royale ») a déjà promis d’expliquer ce soir pourquoi les participants étaient si peu à la révolution de clowns...

Ce n’est qu’un début...

La faiblesse ne vient pas du nombres.
L’intérêt commun (voir encadré) unie les agents de police et les autres services, mais les policiers se présentent dessous plusieurs drapeaux politiques, y compris des groupes.

Quand on a énuméré un par un les noms des députés en indiquant qu’ils ont voté la loi qui enlève la retraite au dessous de 59 ans ou n’ont pas voté, sifflement et hurlement unanime répondait aux ouis, mais peu d’applaudissement ou ovation félicitaient les nons.

Et cela se comprend : les nons sont venus des députés socialistes aussi que des députés d’extrême-droite ou verts, et les agents – politiquement divisés – n’ont pas accepté d’applaudir tous ceux qui les ont aidés.

Le 16 juin a vu d’autres manifestations à Budapest. Quatre grandes confédérations syndicales ont organisé un défilé motorisé : un très long colonne de voitures ralentissait la circulation à travers de la ville. L’intelligentsia socio-libérale se réunit en même temps dans un petit théâtre pour discuter les problèmes de la constitution.

Je garde bien la mémoire de « quelque millier groupuscules isolés », j’ai appris la leçon d’il y a 33 ans, la leçon de l’unité.

Les syndicalistes d’aujourd’hui doivent l’apprendre, eux-aussi, dans ces luttes.

[Encadré :]

La majorité Fidesz et KDNP (chrétiens) ont voté le soir du 15 juin un amendement de la nouvelle Loi de base (constitution) lequel contient ce texte :
....une retraite touchée avant l’âge général de la retraite de viellesse peut être réduite, transformée en aide sociale et supprimée au cas de la présence de capacité du travail par une loi”. Les premiers visés sont les agents de police, les pompiers, et les agents de finance. En Hongrie, ces catégories ont le droit à la retraite après 25 ans de service à n’importe quel âge.
Le gouvernement souligne que la législation hongroise est la plus libérale sur ce point en Europe. Les syndicats ne nient pas ce fait, mais y ajoutent que les conditions de travail et les salaires de ces catégories sont aussi les plus bas en Europe.
Il faut aussi voir que le texte voté n’ai pas spécifie à ces catégories, mais concernent chaque salarié et retraité selon une interprétation opportuniste. (Ex. : partiellement handicapés)

[En préparation :
Journaux syndicaux, journaux ouvriers en Hongrie]
D’autre info sur la situation en Hongrie. De notre correspondant de Budapest
L’EDUCATION HONGROISE AU CARREFOUR

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article1647


Encore le FMI


Source L’Orient Le Jour.com
16/06/2011

Hongrie
Dans un rapport publié hier, le Fonds monétaire international (FMI) a salué les mesures d’austérité prises par la Hongrie et demandé leur mise en œuvre rapide, arguant des incertitudes persistantes sur les marchés.

« Le plan économique du gouvernement hongrois est un pas dans la bonne direction », indique le FMI, soulignant que les mesures vont notamment permettre de réduire la dette publique en diminuant les dépenses.

Le FMI suggère cependant d’élargir le plan « avec des mesures concrètes pour réduire les effectifs à tous les niveaux de l’administration ». L’institution considère aussi que « la restructuration des entreprises de transport en commun pourrait être plus ambitieuse ».
Le Fonds réclame une mise en œuvre rapide des mesures décidées par le gouvernement du conservateur Viktor Orban.

L’annonce de coupes dans le système des retraites, surtout affectant la police, les pompiers et l’armée, a suscité une série de manifestations, la prochaine étant annoncée pour aujourd’hui.
Si les marchés financiers ont retrouvé une certaine confiance envers la Hongrie, le FMI prévient que les incertitudes au sein de ces marchés restent importantes.

Le FMI a révisé légèrement à la baisse sa prévision de croissance économique pour le pays, à 2,6 % pour 2011 et de 2,5 % pour 2012, contre 2,8 % pour les deux années, dans sa dernière estimation qui remontait à avril.


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