Hongrie : Remarque de notre correspondant à Budapest sur les articles de RTBF. Info.BE et du Nouvel Observateur

mardi 4 octobre 2011
par  onvaulxmieuxqueca
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J’ai lu les articles de RTBF. Info.BE et du Nouvel Observateur
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article1803

Voila mes remarques :

"Le cabinet hongrois, qui a pris cette année des mesures visant à réduire les pensions des nouveaux retraités, cherche également à limiter les droits des employés."

Ce n’est pas précis du tout. Les mesures gouvernementales ne visent pas seulement les nouveaux retraités : le gouvernement a déjà pratiquement "confisqué" les caisses de retraite privées (auxquelles les jeunes étaient obligés d’entrer !) ; il rebaptise certains types de retraite pour détourner cet argent pour financer le budget de l’état ; il a annulé certaines retraites spéciales (rétroactivement), et parmi eux les avantages des pompiers et des services de sécurité (cette loi a déclenché la révolution des clowns). Trois pompiers ainsi réactivés sont allés cette semaine au bureau du travail pour voir ce qu’on leur offre. Ils devront accepter le nettoyage ou un poste de gardien de nuit. L’argument gouvernemental pour la réactivation était la nécessité économique.

En général, les deux articles mettent l’accent sur les revendications anti-austérité. Elles sont importantes, mais les syndicats soulignent plutôt les droits : tripartisme annulé, droit de grève réduit à quasi-rien, et le projet de loi sur le Code du travail qui expulserait les syndicats des lieux du travail. La législation à effet rétroactif est déjà connue à l’étranger aussi. Avec tout cela vient l’arrogance extrême d’Orban et ses hommes : ils saisissent chaque occasion pour montrer aux gens que personne ne compte qu’eux, peu importe de quoi il s’agit et si c’est raisonnable.

Voici un exemple récent de cette arrogance irrationnelle : le maire d’un arrondissement a décidé de fermer un lieu de programmes musicaux (le Pardon Vert - ZP en hongrois), très populaire parmi les jeunes. Ce n’est pas cher, la musique est de bonne qualité, les meilleurs bands (groupes) viennent jouer, en plein air à coté du Danube. Le maire dit qu’il a reçu une centaine de plaintes à cause du bruit (pas d’immeuble dans les environs, deux universités seulement à 200 m de distance) et des ordures à ramasser pour le lendemain. Les jeunes ont organisé une soirée de fermeture qui s’est transformée en manifestation pour sauver le ZP. Ils ont produit 110 milles (!) signatures qui soutiennent le Pardon Vert –

le conseil d’arrondissement a pourtant voté la proposition du maire. Pour rien. Pour apprendre au peuple qu’il n’a pas le droit de croiser la volonté de l’autorité.

Le gouvernement a refusé de négocier avec les syndicats les changements du Code du travail sauf avec quelques syndicats sélectionnés par le gouvernement. Les autres syndicats condamnent publiquement, non seulement le gouvernement mais aussi le comportement de ces syndicats. Un des orateurs l’a exprimé hier devant le parlement.(1oct.)

Le tract "officiel" de l’action D-Day brise la chaîne avec ces mots : "Unis pour nos droits ! Unis pour le pays !"

Ça bouge, j’ai dit il y a quelques semaines, et on voit maintenant plusieurs nouveaux groupes et organisations. Les jeunes sont aussi là. (Ci-joint un tract des étudiants anars, groupe nouveau, distribué à la manif de samedi sous le titre : "Ouvrier, réveille-toi  !") Les socialistes sont là, eux aussi. Les libéraux ont peu participé à la manif, j’ai vu seulement Imre Mécs, candidat SzDSz*, aux élections partielles dans le 2ieme arrondissement de Budapest. Ceux qui étaient encore présents, apparaissent sous d’autres drapeaux. Mais les partis politiques ne sont pas bien vus par les manifestants. Beaucoup d’entre eux ont félicité l’initiative Solidarité justement parce qu’elle est un mouvement en dehors de la scène des partis. On attend encore comment un mouvement essentiellement extraparlementaire pourra influencer d’une façon importante la politique sous un gouvernement rigide et antidémocratique.

Michel Correspondant de Budapest

* ce sont plutôt des libéraux politiques que des libéraux économiques.


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