Budapest samedi 21 janvier : Le côté obscur de la « Marche pour la Paix »

mardi 24 janvier 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : le site Hu Lala

Le côté obscur de la « Marche pour la Paix »

Posté par hu lala • 24 janvier 2012

Sur la photo, la réussite de la manifestation pro-gouvernementale à Budapest samedi ne fait aucun doute.
Plus de 100 000 personnes étaient là, et certains passionnés parlent même d’un million.
Mais bien au-delà des chiffres, la réalité « ubuesque » de la gouvernance de Viktor Orbán était elle aussi bien présente dans ce rassemblement, notamment à travers sa tonalité anti Union européenne (« UERSS »).

En effet, c’est pourtant grâce à des procédés hérités de l’époque communiste que le gouvernement et les organisateurs ont réussi leur coup : des cars entiers ont été affrétés dans tout le pays et même dans certaines provinces de l’ancienne Grande Hongrie pour acheminer les manifestants à Budapest.

Un mélange des genres de droite

Selon certains observateurs hongrois, les organisateurs appartiendraient idéologiquement à l’extrême-droite.

Ils n’ont cependant pas besoin d’être officiellement encartés au Jobbik puisqu’ils bénéficient du soutien de la Fidesz.

Le premier d’entre eux, le journaliste Zsolt Bayer, notoirement connu pour ses sorties antisémites, est un des membres fondateurs de la Fidesz.

Le second n’est autre que son patron du Magyar Hirlap, le milliardaire Gabor Szeles, qui est également propriétaire de Echo TV.

Un troisième organisateur dont on a moins entendu parler, András Bencsik, est quant à lui rédacteur en chef de l’hebdomadaire d’extrême droite Magyar Demokrata.

Dans le passé, il a activement participé à la formation de la Magyar Garda, la fameuse organisation paramilitaire de Jobbik. Ce n’est donc pas très étonnant que les partisans de l’extrême-droite hongroise aient laissé les manifestants défiler en paix.

Le champ lexical des discours d’extrême droite a lui aussi été abondamment utilisé lors de la manifestation, bien qu’il soit régulièrement employé avec parcimonie par le Premier ministre hongrois lui-même.

Les exemples d’éléments de langage fustigeant le FMI et l’UE, et exacerbant un sentiment nationaliste au nom de la défense de la souveraineté hongroise sont nombreux dans les discours de Viktor Orban, lui qui est aujourd’hui quasiment en train de mendier auprès des deux institutions internationales. Jobbik a récemment brûlé le drapeau de l’Union européenne, Viktor Orbán l’a simplement "viré" de son bureau de Premier ministre dès la fin 2010.

Contrairement aux récentes manifestations anti-gouvernementales largement traitées par les médias occidentaux, le succès de cette manifestation-là n’a pas été remporté via les réseaux sociaux, loin de là.

On compte aujourd’hui à peine 1200 sympathisants sur la page facebook de l’événement.

Le bouche-à-oreille et la diffusion de l’événement dans les médias de droite auraient donc suffi pour trouver un tel écho dans les campagnes. La perspective d’un voyage organisé et offert à Budapest a peut-être elle aussi contribué à convaincre les participants.

Une marche pour « foutre la paix » à Orbán

Ce qui a frappé bon nombre d’observateurs, c’est la moyenne d’âge des manifestants, qui étaient pour la plupart âgés de plus de 60 ans. Il est vrai que la population hongroise est vieillissante, mais de là à ce que certains touristes pensent qu’il s’agissait-là d’une mobilisation pour la revalorisation des retraites...

Informés par les médias publics et pro-gouvernementaux, ces manifestants ne sont peut-être pas encore au courant que « la guerre de l’indépendance économique » menée par leur leader est déjà terminée, et peut-être croient-ils encore que la Fidesz représente les deux tiers de l’électorat hongrois. Il y a peu de chances, enfin, qu’ils soient soumis aux nouvelles lois fiscales, qu’ils subissent la réforme du code du travail ou qu’ils doivent se soucier des frais de scolarité de plus en plus exorbitants...

Deux jours avant de se rendre à Bruxelles pour négocier son prêt en déposant les armes, il n’est pas étonnant que Viktor Orbán ne soit pas venu prononcer un discours à cette foule d’admirateurs et de dévots. Le navire de l’État, dont il est le capitaine et dont il parle si souvent, est en train de faire demi-tour.

Aujourd’hui, Orbán rencontrera Barroso, au moment même où le président de la Commission européenne, de concert avec le FMI, menace la Hongrie « ancienne bonne élève de l’Europe centrale », de lui refuser une aide financière de 15 milliards d’euros si elle ne respecte pas les règles communautaires. La première d’entre elles, qui fait l’objet d’une des trois procédures d’infraction, est la garantie de l’indépendance de la Banque centrale hongroise. Affaire à suivre.


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