Extrême droite : « l’Internationale ultranationaliste, ça ne passe pas en Croatie ». Le PND allemand, le Jobbik hongrois, le Front National français, sont mentionnés comme participants.

samedi 14 avril 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Le Courrier des Balkans

Extrême droite : « l’Internationale ultranationaliste, ça ne passe pas en Croatie »

De notre correspondant

Mise en ligne : vendredi 13 avril 2012

Une « Conférence nationaliste internationale » : telle était le projet du Pur parti croate du droit (HČSP). Rassembler à Zagreb des organisations et partis d’extrême droite européens d’Allemagne, Autriche, de Hongrie, Bulgarie, France et Belgique. Prévu ce vendredi 13 avril, le rassemblement devait être suivi le lendemain d’une marche de soutien aux généraux croates Mladen Markač et Ante Gotovina, tous deux condamnés par le TPIY de La Haye en avril 2011.

Par Florentin Cassonnet

Cette manifestation, la police croate l’a interdite : l’arrivée d’organisations « profascistes » risque d’engendrer « de la violence et une sérieuse perturbation de la paix et de l’ordre public ». Une ONG locale, Initiative Civique, l’avait qualifiée d’« évènement fasciste ». Suivie par d’autres groupes « antifascistes », elle avait appelé à un contre-rassemblement à Zagreb, samedi 14 avril.

Arguments sécuritaires, raisons politiques

Mais si l’argument de l’ordre public a été utilisé pour empêcher la rencontre, sa dimension politique a aussi fait se lever les dirigeants croates. Le président Ivo Josipović reproche aux organisateurs d’épouser un programme contenant une rhétorique de haine. Le premier ministre Zoran Milanović met, lui, l’accent sur la responsabilité de chacun de résister à de telles idées.

Le HVIM hongrois (Mouvement de jeunesse des 64 Comitats) était censé être de la partie. Or, ce mouvement d’extrême droite milite en faveur de la restauration de la Grande Hongrie d’avant Versailles-1918, ce qui inclut des prétentions territoriales sur la Roumanie, la Slovaquie, la Serbie et la Croatie. Et le Premier ministre croate de réagir : « Ceux qui appellent à voler des territoires peuvent venir comme touristes mais pas comme militants politiques ».

Le HČSP a déclaré qu’il respecterait l’interdiction mais porterait plainte contre la Croatie devant la Cour européenne des droits de l’Homme. Car le président du parti ultra-nationaliste croate réfute l’argument sécuritaire utilisé par les autorités : pour lui, l’interdiction est une censure politique, soit « la défaite finale de la démocratie en Croatie ».

L’« Internationale nationaliste » : un oxymore

Le Premier ministre Milanović répond : « S’il s’agissait seulement de partis croates, pas de problème, mais là ce sont de partis politiques étrangers qui appellent à la persécution de Serbes et de Rroms, et qui veulent s’emparer de territoires.
Ça, ça ne passe pas en Croatie ».

Si on peut comprendre le sens de l’Internationale communiste, une « Internationale nationaliste » sonne presque contradictoire.
Mais ce projet de rassemblement intervient dans un contexte européen où les partis nationalistes et d’extrême droite ont le vent en poupe.

Mardi 10 avril, des membres du HČSP déposaient une gerbe de fleurs sur la tombe des parents d’Ante Pavelić, dirigeant de l’État indépendant de Croatie (NDH) pendant la Seconde Guerre mondiale, pour commémorer le 71e anniversaire de la naissance de cet État installé en 1941 lors de l’invasion nazie. Ce régime fasciste est tenu responsable de nombreuses atrocités commises contre des Serbes, des Juifs, des Rroms et des opposants croates.

Dernière minute : D’après différentes ONG, le rassemblement aura bien lieu vendredi 13 avril à 18h Place du Ban Jelačić. Déjà les ONG antifascistes appellent à une contre-manifestation. Les généraux Mladen Markač et Ante Gotovina ont fait savoir par communiqué qu’ils se désolidarisaient de cet événement.
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Source : Blog de veille sur les droits de l’Homme en Serbie

Extrême-droite serbe et croate : Le Pen, ami commun ?

Suite à un scandale dans l’opinion publique, l’organisation croate Matica Hrvatska a annoncé qu’elle n’hébergera pas une conférence internationale d’organisations nationalistes et d’extrême-droite, ce 13 avril à Zagreb (Croatie).

Cette conférence est organisée par le Parti du droit croate (HČSP) et précède une manifestation le 14, d’opposants à la condamnation des deux généraux croates condamnées par le TPIY, Mladen Markac et Ante Gotovina.

Le PND allemand, le Jobbik hongrois, le Front National français, sont mentionnés comme participants. Un parti nationaliste belge flamand semble de la partie : le Voorpost.

Aucune organisation d’extrême-droite serbe n’est annoncée.
En revanche il semble qu’un militant d’extrême-droite serbe se soit dit déçu d’apprendre que des représentants du Front National et du Jobbik hongrois se rendent à Zagreb, qui pour l’extrême-droite serbe est le centre de "l’oustachisme".

Les contradictions entre extrême-droite serbe et croate apparaissent de façon manifeste.

Des militants croates antifascistes diffusent cette photo de Jean-Marie Le Pen, dont le parti est annoncé à la convention du 13 avril, une photo qui le montre en compagnie de Vojislav Seselj, patron de l’extrême-droite dure serbe. La photo date de 1997.

En 2002, Vojislav Seselj avait félicité Jean-Marie Le Pen pour ses succès électoraux : "Votre victoire et celle des des patriotes français fournit des encouragements et un immense espoir à tous ceux d’entre nous, patriotes serbes et des autres nations d’Europe, qui sont pris dans les griffes de l’internationalisme et qui tentent de gagner la liberté et le droit à un meilleur futur" (d’après le blog Greater Surbiton).

Pour mémoire, Jean-Marie Le Pen a reconnu avoir rencontré R. Karadzic ainsi que Biljana Plavsic, alors qu’il était recherché par la justice internationale, selon un article du journal Le Point (Jean-Marie Le Pen reconnaît avoir rencontré Karadzic).

Un groupe Facebook Protiv fašizma a été créé par des opposants à la conférence en question. Pour plus d’informations sur ce qui se produira à Zagreb dans les prochaines heures et jours : se reporter au blog Balkanikum.

CORRECTIF : à propos de l’organisateur de la conférence, un lecteur me fait remarquer que le HCSP est en fait le Pur parti croate du droit, c’est à dire une dissidence du Parti croate du droit.

MISE A JOUR.
Selon l’AFP, dépêche de ce 12 avril, la Croatie a interdit la conférence internationale des partis nationalistes, en motivant sa décision par le fait que les rassemblements incitant à la violence sont illégaux ; aurait été évoqué le risque d’atteinte à l’ordre public.

Le premier ministre croate a annoncé que cette conférence ne se tiendra pas à Zagreb. Des contre-manifestations avaient été annoncées par des ONG et associations. Les organisateurs de la conférence ont annoncé leur intention d’intenter une action en justice auprès de la Cour européenne des droits de l’Homme.

En plus du Front National, un autre groupe français était pressenti pour être représenté, le Renouveau Français, qui écrit sur son site : "A l’invitation de nos camarades croates, une délégation du RF menée par Thibaut de Chassey se rendra cette fin de semaine à Zagreb, afin d’y représenter les nationalistes français au cours d’un rassemblement international. Au programme : conférence, manifestation, visites et renforcement des liens" (lien). Ce groupe se présente ainsi sur son site : "Organisation nationaliste fondée en 2005, le RF s’appuie sur une communauté importante et soudée de militants et cadres.

Notre nationalisme se veut d’inspiration contre-révolutionnaire et catholique. Il vise à défendre les intérêts de la France et des Français dans tous les domaines".

Thibaut de Chassey s’est rendu en 2008 en Serbie, dans le cadre de la Fraternité Francoserbe. On le voit sur une photo, reproduite par le média nationaliste Nation presse, en compagnie de Charles-Alban Scheppens et Aleksandar Vucic (SRS, extrême-droite, a quitté ce parti depuis lors).


Source : Solidarité Ouvrière

Zagreb : Rassemblement contre l’extrême-droite

Publié le avril 14, 2012

Face au rassemblement, du HČSP (Parti néo-fasciste) et d’autres groupuscules néo-nazis d’Europe, qui, malgré l’interdiction, a regroupé une petite trentaine de néo-fascistes, 150 personnes se sont mobilisées hier, 13 avril, à Zagreb.


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