Les relations ambiguës du FN et du Jobbik hongrois

vendredi 15 juin 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Droite(s) Extrême(s) Abel Mestre et Caroline Monnot, journalistes au « Monde »

04 janvier 2012

Les relations ambiguës du FN et du Jobbik hongrois

Louis Aliot, n°2 du FN, l’a assuré mardi 3 janvier sur France Culture : Le FN de Marine Le Pen a "rompu les liens avec le Jobbik", le parti hongrois d’extrême droite. Pourtant tout ne semble pas si simple. Bruno Gollnisch, ancien vice-président chargé des questions internationales affirme que les deux partis continuent d’être des partenaires, notamment dans le cadre de l’Alliance européennes des mouvements nationaux (AEMN) qu’il préside.

"Le FN a toujours des liens avec le Jobbik. En tout cas, moi, je continue à en avoir. Je continue à travailler avec eux sur le plan parlementaire [à Strasbourg] avec eux", raconte M. Gollnsisch. "Louis Aliot m’apprend que l’on n’a plus de liens avec le Jobbik !", ajoute-t-il en plaisantant. Un Bruno Gollnisch qui glisse non sans malice, que "Louis Aliot n’est malheureusement pas au Parlement européen", et qu’il ne sait "donc pas si M. Aliot est exactement informé de la situation".

L’AEMN est le bébé de Bruno Gollnisch. Elle regroupe des partis d’extrême droite présents au Parlement européen. Elle a été créée en 2009 à Budapest notamment par le FN français... et le Jobbik.

Elle regroupe outre ces deux formations, les néofascistes italiens de Fiamma Tricolore, les espagnols du MSR, le Front national belge, ou encore les Portugais du PNR, le Svoboda ukrainien et les Suédois de Nationaldemokraterna. Par ailleurs, une "coordination technique" existait au Parlement européen jusqu’à il y a 6 mois , selon un cadre du Front national, entre le FN, le Jobbik et le BNP.

C’est toujours Bruno Gollnisch qui préside l’AEMN. Mais Marine Le Pen, une fois élue présidente du FN, a démissionné de cette structure regroupant pour beaucoup de groupuscules radicaux. Pour Ludovic de Danne, conseiller de Mme Le Pen aux affaires européennes, cette démission vaut "retrait du FN de l’AEMN". Ce qui n’est évidemment pas l’avis de Bruno Gollnisch qui tenait encore réunion commune au mois de juillet avec Krisztina Morvai, eurodéputée et égérie du Jobbik.

Le Jobbik : à la fois radical et de premier plan

En effet, pour Marine Le Pen, la stratégie dite de "dédiabolisation" se joue aussi sur le plan international. "Je veux tourner le dos à l’ensemble des mouvements qui ne sont pas sur les mêmes grandes lignes que nous ou qui n’ont pas le sérieux nécessaire pour réfléchir avec nous. Je veux travailler avec des partis crédibles et de tout premier plan", avait ainsi déclaré Mme Le Pen à l’issue d’une conférence de presse commune avec Heinz-Christian Strache, le leader du FPÖ autrichien, le 8 juin 2011 au Parlement de Strasbourg (Le Monde du 10 juin 2011).

Le problème avec le Jobbik, c’est qu’il est très radical... et de "tout premier plan". Ainsi, la Garde hongroise, formation paramilitaire accusée de racisme, interdite en 2009, a seulement modifié son nom et reste l’image de marque du Jobbik. Mais ce parti qui se distingue par des outrances anti-Roms, a aussi de nombreux élus (47 députés, voir Le Monde du 17 mai 2010) et a un poids certain en Hongrie. D’où la position ambiguë du FN vis-à-vis de lui.

Il n’y aurait pas rupture des relations entre le Jobbik et le FN. Selon M. de Danne, "le FN a pris ses distances avec le Jobbik." Pour la nouvelle présidente du FN, il n’y aurait pas eu l’amorce d’un changement vers des positions moins radicales, notamment sur la question du Proche-orient - question sur laquelle, selon M. de Danne, le parti hongrois serait centré- , ce qui brouillerait les nombreux appels du pieds de Mme Le Pen et son entourage en direction de la communauté juive (voir ici et là).

"Le Jobbik est pro-Iran, pro-Hamas et et antisioniste viscéral", note Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite européenne.

Par ailleurs, M. de Danne affirme que le "touranisme" (idéologie qui vise à unir les peuples turcophones d’Asie centrale) du Jobbik entre en contradiction avec l’opposition du FN à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne.

Pour autant, Ludovic de Danne, décrit des "rapports courtois" entre les deux partis qui ne seraient "plus vraiment alliés" sans toutefois avoir coupé les ponts. Mais il réfute toutefois la version de M. Gollnisch : "Ce qu’il dit n’engage ni Marine Le Pen, ni Louis Aliot, ni les cadres dirigeants du mouvement. C’est un des cadres du FN, un de nos intellectuels importants mais il n’est plus un des responsables du mouvement", tacle M. de Danne.


Visite surprise de Marine Le Pen en Autriche, à l’invitation de Martin Graf chef de file de l’aile la plus dure de l’extrême-droite autrichienne.

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2162


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