Hongrie : Panorama entre deux saisons avec quatre faits.

vendredi 24 août 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Panorama entre deux saisons avec quatre faits.

Michel Csâkô, correspondant de Budapest

L’été est une saison privée. Les luttes du printemps sont déjà devenues histoire, celles de l’automne restent encore cachées dans la brume matinale des prés ou dans la poussière des métropoles. C’est le moment pour nous de tourner paisiblement en rond et de regarder où nous sommes arrivés, tout en dessinant ce nouveau panorama avant continuer notre route.

Le premier trait constant de la situation politique en Hongrie, c’est le refus de la politique, des partis, des politiciens. Selon le dernier sondage * celui de TÂRKI, publié le 25 juillet – le taux de l’abstentionnisme est parvenu au-delà de 50%.

Parmi les partisans, le Fidesz garde sa majorité, bien qu’à la fin du printemps le Parti socialiste s’en était approché. En effet lors de deux élections partielles, les socialistes ont échoué à trois-quatre voix près. Par contre une gauche unitaire aurait pu remporter la victoire.

Voici donc le deuxième fait constant de la situation en Hongrie. La gauche n’est pas seulement faible, mais elle est aussi divisée, et ce qui est encore pire, ses partis n’acceptent pas la main de l’un ou de l’autre.

La plus grande partie de la responsabilité en revient au Parti socialiste, lequel a tiré une leçon fausse de son expérience d’une quinzaine d’années : pour eux il doit lutter tout seul, gagner tout seul contre le Fidesz et gouverner tout seul.

Il joue le rôle du grand face aux petits qui sont libres de le suivre s’ils le veulent.

Leurs dirigeants semblent croire que la grande masse indécise votera pour eux au dernier moment. Ce qui n’est pas sûr du tout. Le signe en est que les socialistes n’osent pas lancer de démonstrations de masse, en ayant peur que leur appel ne soit pas massivement suivi.

De plus, le Parti socialiste ne suit pas une ligne nettement à gauche !

En juillet, un représentant du parti a testé l’opinion publique en réfléchissant publiquement à la possibilité d’une grande coalition, avec le Fidesz, au cas où les socialistes ne vaincraient pas « suffisamment » en 2014. Il est clair que ces propos n’ont pas servi à la popularité de ce parti.

M. Gyurcsâny, l’ancien premier ministre socialiste, est devenu persona non grata pour la majorité des hongrois suite aux attaques du Fidesz contre sa personne. Vous vous souvenez, Gyurcsâny a avoué - à huit clos - qu’ils avaient falsifié les données économiques avant les élections (et l’a fait dans un style dramatique), mais ses « camarades du PS » de l’époque ont divulgué ses propos. Mais Gyurcsâny est un vrai militant - et milliardaire en même temps, ce qui n’aide point son retour dans la vie politique - il ne renonce pas, il a lancé un nouveau parti, très petit, la Coalition Démocratique (DK). Leurs députés sièges au parlement, ont été élus en 2010 alors qu’ils étaient encore membres du Parti socialiste.

Tout de même, on comprend que ce parti est inacceptable pour les autres formations de gauche.

Le politicien qui est attendu par beaucoup de Hongrois est le dernier premier ministre avant Orbân : M. Bajnai. Après Gyurcsiâny, il n’a accepté ce poste que temporairement, le temps d’essayer de sauver l’économie hongroise pendant un an. Mission accomplie. (Ses résultats ont été ruinés par Orbân et Matolcsy avec leur politique économique « non-traditionnelle ».) Mais Bajnai ne se déclare pas prêt à s’engager comme premier ministre éventuellement. En plus, il n’est lié à aucun parti, ni mouvement. Il n’a lancé qu’une fondation, qui s’appelle Patrie et Progrès.

Le Parti vert, LMP, présent au parlement est petit et de plus il est partagé entre la gauche et une position confuse d’ « être différent ».

Le temps devient moins en moins fiable pour les partis, et rien ne change.

Le troisième fait est un changement vers le pire.

Les syndicats ne sont pas capables de défendre les travailleurs efficacement : le gouvernement les « annule » les « gomme ».

Le nouveau Code du travail limite sévèrement leurs droits et donne des avantages au patronat. Deux fédérations syndicales ont ouvertement accepté le rôle des de traîtres : la LIGA et la Fédération des conseils ouvriers.

La LIGA vient de signer un « accord historique » avec la Fédération des entrepreneurs sur un grand rien : le patronat s’est engagé à observer la loi (!), tandis que la confédération syndicale promet d’informer et d’instruire ses adhérants.

Le lendemain, le 24 juillet Viktor Orbân, premier ministre s’est assis à la table de négociation avec « les syndicats », c’est-à-dire avec uniquement les présidents de la LIGA et les Conseils ouvriers et personne d’autre.

La Fédération de la chimie lutte pourtant d’une façon plus conséquente, les enseignants font aussi ce qu’ils peuvent, mais la peur règne partout.

Le quatrième fait est enfin un changement heureux.

Tandis que la population tourne son le dos au politiciens considérés comme menteurs, voleurs, escrocs etc., elle s’exprime de plus en plus ouvertement sur les sujets politiques, (attitude limitée pourtant par la peur du pouvoir central et local , c’est-à-dire sur les problèmes dont la solution devrait être prise en charge par les politiciens.

Ce changement trouve sa forme dans les mouvements civils. La plupart ne l’ont pas formalisé :

Il y a des réseaux Facebook (comme Milla : « Un million pour la liberté de la presse »), il y a des groupes professionnels (comme OHA  : Réseau des enseignants supérieurs) ou des groupes à base professionnelle mais avec un but politique sectoriel (comme HAT : Réseau pour la liberté de l’enseignement - organisé par des enseignants du primaire et du secondaire) ou groupe qui s’occupent des problèmes sociaux concrets (comme AVM : La ville est à tous).

Le mouvement qui se développe aujourd’hui le plus vite est le Mouvement Hongrois Solidarité.

Selon les sondages de mai-juillet, si ce Mouvement se changerait en parti politique il pourrait nettement entrer au parlement.

Il s’organise des en cellules locales qui lancent des actions locales et mais aussi participent aux évènements centraux  : elles « montent » à la capitale pour les démonstrations, et accueillent les militants qui arrivent sur la scène des << hongrois enragés >>.

En même temps, un groupe d’experts travaille sur les sujets de la Table Ronde Démocratique de l’automne.

Mais ce qui est le plus important, Solidarité est le seul mouvement, qui propose, demande et revendique continuellement l’unité d’action des forces de la gauche.

C’est donc ce faible espoir que l’idée de l’unité peut se renforcer et qui déterminera notre futur.

Elle se réalisera, si les organisations oppositionnelles font ce que les hongrois l’attendent d’elles. Convaincre les gens d’exprimer leur volonté politique en langue et en forme politique

- comment faire ?

Forger l’unité d’action entre les organisations qui se connaissent trop pour se serrer la main

- comment faire ?

Les mois qui viennent seront décisifs de ce point de vue.
Aujourd’hui reposons-nous au soleil d’été, accumulons l’énergie, pour que nous soyons capables de réaliser nos espoirs en automne.

Michel Csâkô, correspondant de Budapest


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