Québec Solidaire : vers un bouleversement au Québec ?

vendredi 28 septembre 2018
par  onvaulxmieuxqueca
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Québec Solidaire : vers un bouleversement au Québec ?


Source : Le Soleil
7 septembre 2018 Mis à jour à 13h17
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Sondage Mainstreet : Québec solidaire en avance au centre-ville de Québec

Jean-François Cliche
Le Soleil
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La circonscription de Taschereau, au centre-ville de Québec, a la réputation d’être une sorte de « village gaulois » dans une région qui vote plus à droite que la moyenne. Et elle semble en voie de (re)mériter sa réputation : un sondage Mainstreet y crédite la candidate de Québec solidaire Catherine Dorion de 37 % des intentions de vote après répartition des indécis, ce qui lui donne une forte avance de 15 points sur la péquiste Diane Lavallée (22 %).

Le libéral Florent Tanlet et la caquiste Svetlana Solomykina ferment la marche avec 17 % d’appuis chacun. Le sondage a été réalisé lundi auprès de 1587 personnes, ce qui donne une marge d’erreur de ± 2,5 %, 19 fois sur 20.

Malgré le statut de « village gaulois » de la circonscription, l’avance de Mme Dorion a de quoi étonner, admet le sondeur Steve Pinkus, de Mainstreet, puisque « jusqu’à il y a deux semaines, c’était une course à quatre là-bas ». Mais maintenant, la taille de l’échantillon et l’écart entre Mmes Dorion et Lavallée laissent peu de place au doute : Québec solidaire (QS) est en avance.

Difficile de dire ce qui s’est passé au cours des dernières semaines. QS a connu une poussée notable dans l’ensemble du Québec pendant cette période, ce qui a manifestement eu un effet dans Taschereau. Du côté de la méthodologie, indique M. Pinkus, le fait d’avoir mis les noms des candidats dans les questions cette fois-ci, en plus de ceux des partis, a pu donner un coup de pouce à la candidate solidaire, qui est assez connue dans Taschereau. Et la publication d’un sondage plus tôt dans la campagne, qui plaçait Mme Dorion « dans la course », peut aussi avoir mis fin à l’idée qu’un vote pour QS est un vote perdu dans ce secteur.

Rappelons que la formation avait recueilli 15 % des voix dans Taschereau en 2014, ce qui était plus que la moyenne provinciale — mais ce n’était pas une démonstration de force non plus puisque le parti avait terminé quatrième.
Pour QS, il s’agirait d’une première percée hors de Montréal (et même hors de l’est de l’île).

Des autocollants citant des poètes québécois d’hier et d’aujourd’hui ont été posés cette semaine sur les affiches de Québec solidaire dans Taschereau.

Québec solidaire Appuis solides

Fait à noter, les appuis de Mme Dorion semblent plus solides que ceux de ses adversaires. À la question de savoir s’ils pouvaient changer d’idée d’ici au scrutin de lundi, seulement 11,6 % de ses partisans ont répondu que c’était « très » ou « assez probable » ; chez les autres partis, cette proportion varie de 14 à 26 %.
En outre, à l’échelle provinciale, la grande « faiblesse » de la base de QS est d’être concentrée chez les 18-34 ans, soit la tranche d’âge qui se rend le moins aux urnes. Cependant, dans Taschereau, Mme Dorion mène non seulement chez les jeunes, mais aussi largement chez les 35-49 ans (par 49 % à 17 % sur Mme Lavallée) et se trouve à égalité statistique (29 à 26 %) avec la candidate péquiste chez les 50-64 ans. Celle-ci demeure première chez les 65 ans et plus, à 33 % — et Mme Dorion tombe quatrième (19 %) chez les aînés. Les marges d’erreur sont toutefois plus grandes quand on divise un échantillon en sous-groupes.


Source : Le Devoir

QS récolte l’appui de bloquistes de Québec… mais pas du Bloc

Le Bloc québécois a dû désavouer la poignée de bloquistes de Québec qui ont donné leur appui aux candidats locaux de Québec solidaire. La direction du Bloc soutient résolument le Parti québécois, a-t-il tranché. Mais cette sortie de l’association de la circonscription de la capitale laisse présager que la faille qui avait divisé la famille bloquiste depuis un an n’est pas tout à fait colmatée.

L’association bloquiste de la circonscription de Québec a causé la surprise jeudi matin en invitant « tous les électeurs indépendantistes » du coin à appuyer les candidats de Québec solidaire, Catherine Dorion et Sol Zanetti. « Leur discours décomplexé et rafraîchissant pave la voie à une nouvelle génération de députés francs et déterminés », faisait valoir la page Facebook du Bloc à Québec.

La co-porte-parole solidaire Manon Massé n’a pas perdu de temps pour s’en réjouir. « Ça montre que QS rassemble », a-t-elle dit, ravie, avant de prendre la route pour les circonscriptions de Taschereau et Jean-Lesage, justement.

Mais à peine quelques heures plus tard, le quartier général du Bloc québécois y est allé de sa propre mise au point sur Facebook. « La position de l’exécutif du Bloc Québécois de la circonscription de Québec ne représente pas la position de l’ensemble du Bloc québécois. L’ensemble des députés du Bloc québécois appuie et travaille activement pour les candidats du Parti québécois. »

Le chef intérimaire du Bloc, Mario Beaulieu, a assuré que les dix députés soutenaient tous le Parti québécois. Une motion en ce sens avait été adoptée en congrès, en 2014. « L’association de circonscription de Québec a pris des positions. Ça ne représente pas les positions de l’ensemble des membres du Bloc québécois », a insisté à son tour M. Beaulieu, qui croit que la « grande majorité » des bloquistes se range dans son camp et non dans celui des militants de Québec.

Jean-François Lisée a salué cet appui public du Bloc. Un soutien qu’il savait déjà présent, « mais c’est une bonne nouvelle qu’ils le fassent officiellement en tant que caucus réunifié », a indiqué le chef péquiste. Interrogé à savoir si ce n’était pas surprenant que le Bloc ait eu à le préciser, M. Lisée a répliqué que « tout appui est bon à prendre ».

Mais cette sortie des bloquistes de Québec s’explique surtout par leur allégeance à Option nationale, a-t-il fait valoir. « On s’y attendait. On sait depuis longtemps que l’assocation du Bloc dans cette circonscription est dominée par les membres d’Option nationale [qui a fusionné avec Québec solidaire]. On se demandait juste quel jour ils allaient faire ça », lançait M. Lisée en matinée.

ON ou bloquistes ?

La quasi-totalité de l’association semble effectivement rassembler d’anciens militants d’ON. Seul le président, Philippe Lavoie, appuierait le PQ, selon nos informations. M. Lavoie n’a pas rappelé Le Devoir jeudi.

Sol Zanetti a été chef d’Option nationale et Catherine Dorion a porté les couleurs du parti jusqu’à sa fusion avec QS en décembre 2017.

Thomas Vigneault, qui est membre de l’association bloquiste de Québec et qui a été trésorier d’ON sous le règne de Sol Zanetti, explique sa décision par la détermination souverainiste des candidats de QS. « Ce sont deux indépendantistes assumés, qui proposent de faire l’indépendance dans un premier mandat. […] Le PQ ne le promet pas », a-t-il expliqué au Devoir.

Josiane Gagnon, une ancienne membre de l’association, partage cette position. QS devance le PQ dans Québec, note-t-elle, « et c’est eux qui ont le plus parlé d’indépendance pendant la campagne ».

L’ex-députée bloquiste Christiane Gagnon s’est dite « très surprise » par ce ralliement à Québec solidaire. Mais celle qui a été députée bloquiste de Québec pendant quatorze ans estime qu’il s’agit d’un « épiphénomène ». « C’est quelque chose de très, très, très marginal par rapport au Bloc, insiste-t-elle. L’engagement du Bloc, c’est derrière le Parti québécois. Tout le monde est derrière le PQ présentement. On est tous derrière les candidats. Moi-même, je suis avec la candidate Diane Lavallée [dans Taschereau]. »

Christiane Gagnon refuse, comme Mario Beaulieu, de voir dans cet incident la preuve que la famille bloquiste demeure divisée entre souverainistes « pressés » — comme les anciens d’ON ou ceux qui appuyaient Martine Ouellet — et les souverainistes qui préfèrent mettre la table encore quelques années avant de revendiquer un référendum.

L’association bloquiste de Québec avait justement signé une lettre d’appui à Martine Ouellet au début de la crise qui a déchiré le Bloc cette année — une liste d’appuis qui rassemblait surtout des ex d’ON.

Le Bloc ne vient-il pas de prouver qu’il est toujours déchiré ? « Non, rétorque M. Beaulieu. Moi, je pense que, ce que ça veut dire, c’est que le Bloc est vraiment une coalition. Il y a des gens de toutes tendances et tout le monde a sa place au Bloc québécois. »

Chicane d’indépendantistes

Manon Massé a par ailleurs profité d’un changement de ton de son adversaire Lisée, jeudi. À quelques jours du vote, il disait désormais vouloir se poser en champion du « rassemblement » et se tenir loin des « attaques négatives ». « Je ne veux pas que ce soit la dominante [des prochains jours]. Je vais me retenir au maximum. »
Tout en refusant de souscrire à la sortie de Gilles Duceppe la veille contre Manon Massé, M. Lisée s’est même permis d’accorder une meilleure note à cette dernière qu’au chef de la Coalition avenir Québec, François Legault. « M. Legault, c’est extraordinaire le nombre de tests de crédibilité auxquels il a échoué en campagne. Sur l’immigration, sur l’éducation […] Alors, oui, je suis plus frappé par le manque de crédibilité de M. Legault que par celui de Mme Massé. »
Avec Guillaume Bourgault-Côté et Hélène Buzzetti


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