Austérité, misère, chasse aux immigrés : un nouvel hiver noir attend la Grèce

jeudi 20 septembre 2012
par  onvaulxmieuxqueca
popularité : 37%

Une petite photographie de la situation de la Grèce à travers certain sondage, avec sans aucun doute des facettes cachées.

Source : Le Courrier des Balkans

To Pontiki

Austérité, misère, chasse aux immigrés : un nouvel hiver noir attend la Grèce

Traduit par Laurelou Piguet

Publié dans la presse : 6 septembre 2012
Mise en ligne : mercredi 19 septembre 2012

Alors que de nouvelles et sévères mesures d’austérité attendent la Grèce, l’improbable coalition réunissant la Nouvelle Démocratie, les sociaux-démocrates du PaSoK et la Gauche démocratique perd pied dans l’opinion. L’opposition de gauche incarnée par Syriza profite moins de cet effondrement que le mouvement fasciste Aube dorée, qui surfe sur le populisme anti-immigrés. Un nouvel hiver noir se profile.

Tous les partis, à l’exception d’Aube dorée et du Parti communiste (KKE), subissent un fléchissement des intentions de vote par rapport aux résultats des élections du mois de juin. Ce sont surtout les trois partis au pouvoir, Nouvelle-Démocratie, Pasok et Dimar qui sont en net recul, conséquence du mécontentement général face aux choix faits par le gouvernement.

Toutefois, Syriza ne profite guère de ce mécontentement, puisque la coalition de gauche recule également : c’est Aube dorée qui progresse, avec une hausse de 3,6% ! La hausse du KKE reste limitée mais permet de freiner la dégringolade observée entre les élections de mai et celles de juin. Nouvelle-Démocratie récolterait aujourd’hui 22,5% des voix au lieu des 29,7% obtenus lors des élections, Syriza 21,5% au lieu de 26,9%, le Pasok 7,5% au lieu de 12,3%, les Grecs indépendants 6% au lieu de 7,5%, Aube dorée 9,5% au lieu de 6,9%, la Gauche démocratique 4% au lieu de 6,3%, et le KKE se stabiliserait à 4,5%.

Pour ce qui est du meilleur candidat au poste de Premier ministre, Antonis Samaras, actuel premier ministre par ailleurs, recueille 25% d’opinions favorables, et Alexis Tsipras, leader du parti Syriza, arrive en deuxième position avec 21%. Mais 48% des personnes interrogées ne penchent ni pour l’un ni pour l’autre, et ceux qui ne se prononcent pas sont presque 6%. Il est donc difficile de tirer des conclusions politiques sur ce point-là.

Aucune confiance dans le gouvernement

Concernant les indicateurs de satisfaction face aux actions et choix du gouvernement jusqu’à aujourd’hui, le mécontentement est très élevé, puisque 70% des personnes interrogées répondent qu’ils sont « très » ou « assez » mécontents de ce gouvernement. Ce mécontentement se reflète sur les trois partis de coalition.

42% des électeurs Nouvelle-Démocratie se montrent mécontents (ce sont les seuls à se déclarer aussi satisfaits à 56%), 52% des électeurs du Pasok (satisfaits par ailleurs à 44%), et 11% seulement des électeurs de Dimar se déclarent satisfaits, alors que 79% sont mécontents.

Le parti de Fotis Kouvélis apparaît donc comme le « maillon faible » de la coalition. Dans les autres partis, le mécontentement suscité par l’action du gouvernement est général.

Pourtant, Syriza ne tire guère partie de ce mécontentement, car la coalition de gauche ne parvient pas à satisfaire davantage le corps électoral. En effet, 71% des personnes interrogées se disent mécontentes de l’action du parti, c’est-à-dire un point de plus que ceux qui sont mécontents de l’action du gouvernement.

Les citoyens ne peuvent plus payer leurs factures

Au moment où la communication du gouvernement s’évertue à convaincre que les contacts au niveau international d’Antonis Samaras améliorent le climat mondial à l’égard la Grèce, seuls 31% des personnes interrogées se déclarent satisfaits des voyages du premier ministre à Berlin et Paris - il s’agit essentiellement de ses propres électeurs (64%) et de ceux du Pasok (46%).

En fait, les efforts de communication du gouvernement semblent bien éloignés des problèmes sociaux, puisque 48% des interrogés pensent que dans les prochains mois ils ne pourront payer que peu voire aucune de leurs obligations économiques.

Seuls 23% pensent pouvoir s’acquitter de la plupart de leurs factures dans les prochains mois, et 12% pensent pouvoir payer tout ce qu’ils doivent. 10% ne savent pas, et 7% ne se prononcent pas. La majorité des personnes affirmant pouvoir assurer leurs frais sans difficulté de paiement se trouvent, dans l’ordre, parmi les électeurs du Pasok (55%), de Nouvelle-Démocratie (46%), et de Dimar (45%).

Le plus intéressant est de voir que les plus faibles d’un point de vue économique, selon cet indicateur, sont les électeurs d’Aube dorée, dont 70% ne pourront payer que peu voire aucune de leurs factures dans les prochains mois.

Il faudrait que cette sonnette d’alarme retentisse clairement aux oreilles de ceux qui préfèrent répéter que l’élément idéologique est déterminant dans le vote Aube dorée et de ceux qui échouent à représenter les faibles de notre société.

L’indicateur de satisfaction économique n’est peut-être pas sans lien avec l’attitude face au phénomène de l’immigration. 55% des personnes interrogées se montrent insatisfaites par les mesures prises pour endiguer l’immigration clandestine, (1) car ils les voudraient plus drastiques.

5% les souhaitent moins dures, 16% s’en déclarent satisfaits et 14% ne se prononcent pas. Comme prévisible, 82% des électeurs d’Aube dorée demandent des mesures plus strictes dans ce domaine, mais aussi 81% des électeurs des Grecs indépendants, 57% des électeurs de la Nouvelle-Démocratie et 56% des électeurs du Pasok.

Que pourrait dire un observateur habitué aux stéréotypes idéologiques sur les électeurs des partis de gauche, alors que ces derniers demandent eux aussi une plus grande austérité face aux immigrés ? Les électeurs de Dimar et Syriza réclament en effet à 49% des mesures plus sévères dans ce domaine !

Et l’on trouve dans la même vague les électeurs des autres partis, à hauteur d’environ 38%.

Bien avant que la crise prenne cette ampleur, avant la mise sous tutelle de la troïka et son mémorandum, et même avant le gouvernement Papandréou, notre journal avait déjà averti, dans de nombreux articles, que l’explosion du problème de l’immigration serait l’une des premières et plus graves conséquences de la crise, qui arrivait déjà … au galop.

Tous ceux donc qui n’ont pas compris et, vraisemblablement, continuent de pas comprendre, seront obligés de sortir brutalement de leur léthargie. Et la montée explosive d’Aube dorée, pour des raisons économiques, portée par le thème de l’immigration, n’est que le prélude à tout qui va suivre dans la Grèce du mémorandum.


Le Courrier des Balkans
(1)

Migrations en Grèce : un week-end de chasse aux clandestins

Mise en ligne : mardi 7 août 2012
La police grecque a mené tout le week-end une vaste opération de chasse aux migrants clandestins, baptisée non sans ironie « Xenios Zeus » (« Zeus hospitalier »). 4.500 policiers ont été mobilisés, à Athènes et dans le nôme de l’Evros, frontalier avec la Turquie. Plus de 6.000 clandestins auraient été interpelés. 1.600 resteraient en détention, selon les chiffres de la police.

Selon les derniers bilans de la police, publiés lundi, plus de 6.000 personnes au total ont été interpellées au cours du week-end, dont 1.130 dimanche.

2.000 policiers avaient été déployés à Athènes, et 2.500 aux abords de la frontière turque.

La Grèce face au défi de l’immigration illégale

Celle-ci constitue en effet la voie privilégiée par laquelle les migrants pénètrent en Grèce, espérant le plus souvent rejoindre ensuite les pays d’Europe occidentale, via les Balkans.

Les 1.600 personnes maintenues en privation de liberté ont été dirigés vers des centres d’hébergement provisoire, en attente d’être déportées vers leur pays d’origine ou le pays depuis lequel elles sont supposées avoir pénétré en Grèce - en l’occurrence la Turquie.
Selon les dernières données disponibles, quelque 800.000 étrangers résideraient légalement en Grèce, tandis que le nombre de clandestins présents dans le pays est évalué à 350.000. En raison de la crise qui frappe le pays, les immigrés établis en Grèce tentent de plus en plus de quitter le pays.

Surenchère démagogique

Alors que le thème des migrants est régulièrement agité par le parti fasciste Aube dorée et que des bandes attaquent, en toute impunité, les étrangers dans les rues des villes grecques, le ministre de la Protection du citoyen Nikos Dendias (Nouvelle démocratie) a déclaré que le problème de l’immigration était « peut-être plus important que le problème financier ».

Ajoutant qu’il s’agissait d’une « bombe pour les fondements de la société et de l’Etat, Nikos Dendias n’a pas hésité à faire référence à l’Antiquité en évoquant une « invasion d’immigrants », la plus importante connue par le pays, selon lui, depuis celle des Doriens au IVe siècle avant notre ère.


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