Vaulx-en-Velin. Déclaration du collectif « On Vaulx Mieux Que Ça » : Nous ne voulons pas assister sur Vaulx-en-Velin, sans rien faire, à des lynchages, des rafles, à ce déni d’humanité de ces populations Roms.

vendredi 9 novembre 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Nous ne voulons pas assister sur Vaulx-en-Velin, sans rien faire, à des lynchages, des rafles, à ce déni d’humanité de ces populations Roms.

Nous ne pourrons pas dire : nous ne savions pas.

Le Collectif « On Vaulx Mieux Que Ça »

Nous sommes : habitants, militants, syndicalistes, professionnels, des citoyens à Vaulx-en-Velin.

Notre militantisme a à voir naturellement avec les droits de l’homme et la défense de ces droits.

Nous ne pouvons donc que nous sentir vraiment concernés par ce qui se passe sous nos yeux, à côté de chez nous, dans notre commune : un nouveau « camp de ROMS » s’est installé à Vaulx la Soie quartier de la Tase.

Rien de bien nouveau : depuis 10 ans, les Roms vont de « camp » en « camp » sans qu’aucun grand changement matériel n’intervienne dans la prise en compte de leur misère, depuis ces 10 ans.

Mais nous avons assisté avec le gouvernement précédent à une stigmatisation, une désignation des Roms comme étant un danger ; les propos tenus, les vannes de la haine ouverte pour permettre expulsions, interventions policières musclées, au mépris souvent des droits élémentaires de l’individu dans un pays initiateur des droits de l’homme et du respect de la dignité humaine.

Pendant la dernière campagne électorale, François Hollande, actuellement Président de la République, écrivait « j’ai toujours dénoncé la stigmatisation dangereuse lancée par le candidat sortant en août 2010 à l’égard des populations Roms : expulsions brutales à répétition, stigmatisation toujours plus forte d’une population, interdiction de travailler et de se former, reconduites à la frontière sans résultats...

C’est bien la politique du gouvernement de Nicolas Sarkozy qui est responsable de la précarité intolérable dans laquelle se trouvent ces familles et qui fabrique un groupe de population, bouc émissaire idéal pour justifier des politiques toujours plus répressives. » (Extrait de la lettre de F. Hollande au collectif national droits de l’homme Romeurope, 27Mars 2012).

Qu’en est-il aujourd’hui, après le changement de Président ?
Les expulsions ont continué bon train et parfois avant même que les décisions d’expulsion par la justice soient prises : dans la propre commune du ministre de l’intérieur.

Nous dénonçons ces promesses électorales non tenues et nous élevons surtout contre le discours et les actes qui restent les mêmes.
Nous sommes atterrés par ce qui s’est passé à Marseille.

Nous ne voulons pas assister sur Vaulx-en-Velin, sans rien faire, à des lynchages, des rafles, à ce déni d’humanité de ces populations Roms.

Les acteurs sociaux, caritatifs font du travail d’accompagnement, mais quels moyens sont donnés ? La commune fait aussi ce qu’elle peut, en essayant de régler au mieux les problèmes de salubrité.

Mais le cri d’alarme que nous lançons c’est cette montée rampante mais tenace de la haine et du rejet des Roms.

Le gouvernement doit prendre des mesures concrètes, efficaces, rapides, afin de ne pas accompagner la haine, la xénophobie, le racisme savamment entretenus et orchestrés.

Depuis des siècles les Roms sont pourchassés, ont à subir le racisme, l’esclavage ; aujourd’hui les conditions d’accueil et de vie réservées aux Roms, en France, sont indignes d’une république démocratique.

Le problème est identique dans toute l’Europe, avec des ’ratonnades’ dans certains pays, des camps de Roms brûlés, les familles brutalisées, agressées, des murs d’enclos édifiés à côté des habitats des Roms dans de nombreux pays d’Europe de l’est (en Slovaquie, en Hongrie, en Roumanie).

Dans ces pays des familles Roms sédentarisées depuis longtemps ont dû reprendre la route en espérant trouver meilleur ailleurs.

Les Roms ont payé un lourd tribu sous les régimes fascistes en Allemagne et en Italie.

En France, les Roms ont été libérés des camps d’internement bien après la fin de la guerre et les derniers ont été libérés en 1946.
Cette montée lancinante du rejet des Roms, de stigmatisation, nous semble très préoccupante, et nous ramène à des périodes où le pas du fascisme était sourd mais déterminé.

Nous ne pourrons pas dire : nous ne savions pas.

Tout le monde voit les Roms dans leur misère effrayante, honteuse, inhumaine, inadmissible.

Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, qui ont droit à la vie, aux droits que nous jugeons basiques pour nous : un toit, de l’eau pour boire, se laver, manger, le droit au travail, à la reconnaissance de leurs différences, de leur culture.

Non à l’exclusion des Roms. Oui aux solutions qui peuvent se mettre en place s’il y a la volonté politique de reconnaître les droits des Roms comme tout citoyen européen.

Au niveau national :

Avec une volonté politique de traiter le problème immédiat d’insertion des Roms, en donnant immédiatement des moyens aux communes. (1)(3)

Mener une réflexion avec les organisations des Roms sur les mesures à prendre rapidement pour cette insertion.
Au niveau européen et international :

Une démarche commune pour appliquer la charte des droits de l’homme pour les Roms. (2)

Nous relayons l’appel de Stéphane Hessel qui demandait à chacun de s’indigner sur ce qui nous choque, nous hérisse. Nous devons nous indigner du sort des Roms, nous devons nous organiser pour que cela change, pour qu’ils aient le droit de vivre décemment. C’est notre propre humanité qui est en jeu.

Liberté de circulation.

Liberté de travail, droit au logement, droit à la santé, droit à l’éducation, pour les Roms au même titre que tous les citoyens.
(1) et (2)

Extraits de la réponse de François Hollande au collectif national droits de l’homme Romeurope
Le 27 Mars 2012.
1) : la situation de ces femmes, de ces enfants, de ces hommes qui vivent dans des campements insalubres n’est pas acceptable. Je souhaite que lorsqu’un campement insalubre est démantelé, des solutions alternatives soient proposées. On ne peut pas continuer à accepter que des familles soient chassées d’un endroit sans solution. Cela les conduit à s’installer ailleurs, dans des conditions qui ne sont pas meilleures.

Tant qu’il y aura des populations exclues et discriminées vivant dans les conditions indignes que nous connaissons encore en France, une politique publique d’accompagnement vers le droit commun dans tous les domaines (social, scolaire, logement, santé, travail) est nécessaire. Elle comporte la sensibilisation et la formation des acteurs - dont les élus locaux - la médiation entre ces personnes et les institutions pour que changent les représentations et les pratiques.

2) :...les Roumains et les Bulgares, quelle que soit leur origine, sont citoyens européens. ….
Enfin comme je l’ai indiqué, l’Union Européenne, conformément à ses engagements, doit mettre tout en œuvre pour que ces populations ne soient plus contraintes, comme aujourd’hui, de quitter leur pays d’origine où elles sont marginalisées, voire persécutées. Des programmes validés et contrôlés doivent être mis en œuvre pour faire cesser toute discrimination à leur égard, en collaboration avec les pays membres.

3. VOIR la circulaire interministérielle relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites du 26 08 2012 à destination des préfets.

L’intitulé de la circulaire : relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation de campements illicites, nous laisse un peu perplexes et semble mettre l’accent prioritairement sur un aspect « matériel » mais reste dans cette simple formulation du déni de ceux qui vivent dans ce campement : les Roms.

Nous restons vigilants quant aux annonces faites et les réalités sur le terrain...


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