Vaulx-en-Velin : Contribution des élus FDG au débat du Conseil municipal de mercredi 13 Février. SUR LES RYTHMES SCOLAIRES

vendredi 15 février 2013
par  onvaulxmieuxqueca
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Vaulx-en-Velin : Contribution des élus Front De Gauche au débat du Conseil municipal de mercredi 13 Février.

INTERVENTION FDG POUR LE DEBAT SUR LES RYTHMES SCOLAIRES

Les élus du groupe FDG ont pris connaissance de la réforme des rythmes scolaires dans l’enseignement primaire, promulguée par décret, après une concertation avec les organisations syndicales jugée insuffisante par beaucoup d’enseignants. L’objectif de cette réforme nous apparait légitime, car fondé sur un diagnostic largement reconnu. Mais nous partageons, d’abord, des interrogations de fond sur les liens entre cette réforme partielle et le projet global de refondation de l’Ecole, et d’autre part, nous sommes inquiets des conditions d’application et de financement de cette réforme pour notre ville et les villes qui portent les mêmes problèmes.

1 - Cette réforme repose sur un diagnostic largement reconnu : Les chronobiologistes ont montré la situation assez dégradée de la France sur ce plan : La plupart des pays européens ont une scolarité primaire sur 5 jours par semaine, avec moins de 5h 30 par jour. Et on peut effectivement relier en partie ce retard au classement de la France dans la maitrise de la lecture pour le niveau CM1 : 29ème rang, et en dessous de la moyenne, par rapport aux pays de l’OCDE.

Mais à partir d’un diagnostic pertinent, la réforme cible uniquement les rythmes scolaires hebdomadaires, sans tenir compte suffisamment des questions de fond posées globalement pour une refondation de l’Ecole, dans un contexte scandaleusement aggravé par la politique scolaire de démantèlement entreprise par M. Sarkozy et M. Darcos ( ne l’oublions jamais !!! ) :

- La suppression de 100. 000 postes en 5 ans ( dont 26 000 en primaire, ce qui a fortement et pour longtemps affaibli l’ensemble de la structure, en particulier dans les zones les plus défavorisées. )

- La suppression d’une grande partie des postes RASED, moyen essentiel pour lutter contre les inégalités et l’échec précoce.

- L’assouplissement avec visée de suppression de la carte scolaire, ce qui de l’avis de tous les sociologues de l’Education, et des études du Ministère de l’Education lui-même, a fortement aggravé les inégalités scolaires.

- La très forte diminution de la scolarisation avant 3 ans, qui joue un rôle de socialisation essentiel pour les enfants des quartiers défavorisés.

- La suppression de la formation des enseignants qui a aggravé les conditions de l’enseignement en particulier dans les secteurs défavorisés.

- La réforme elle-même ne tient pas compte vraiment de la spécificité démographique d’une ville comme Vaulx en Velin, où la population scolarisée et donc les charges liées, sont plus du double en % de celles d’une ville comme Villeurbanne : A Villeurbanne : 12 000 enfants en primaire pour 145 000 habitants, et Vaulx en Velin : 6500 enfants en primaire pour 42 000 habitants . La dotation prévue pour le Fonds spécial ne tient pas compte de cette situation. Les villes "riches" vont pouvoir mettre en oeuvre un "Projet éducatif territorial" beaucoup plus valorisant que les villes défavorisées, où les besoins d’activités péri-scolaires reliées au noyau scolaire sont évidemment bien plus importants. L’objectif de lutte contre les inégalités sociales inscrit dans le décret risque donc d’être trahi...

- La réforme modifie l’équilibre de la semaine, mais ne touche pas à celui, encore plus essentiel, de l’année scolaire : 144 jours en France, contre 187 en moyenne dans les pays développés.
Toutes ces questions feront l’objet, on peut l’espérer, de la loi de Refondation prévue pour les mois à venir, mais la réforme des rythmes ne s’intègre pas de façon claire dans un projet d’ensemble, ce qui peut expliquer en partie les réactions de refus, et nos critiques.

2 - En ce qui concerne l’application opérationnelle et le financement de la réforme, pour notre ville, nous nous inquiétons des conditions de mise en œuvre dans plusieurs domaines. Sans vouloir entrer dans la complexité de l’application des différentes hypothèses, bien répertoriés par le Service Education, le Service des Sports, et le Service culturel, nous voulons pointer quelques enjeux importants pour la Ville :

- Le choix d’une hypothèse, pour l’organisation des 9 demi-journées obligatoires d’une amplitude maximum de 3h 30, dans des journées de 5h 30 de scolarité maximum, va-t-il reposer sur les conseils des chronobiologistes concernant d’abord l’équilibre et la capacité de concentration des enfants, ou sur des considérations de financement ou d’horaires des adultes ?

Si l’on se base sur les rythmes existants, l’hypothèse 8h30 - 11h30 et 13h30 - 15h 45, pour 4 jours par semaine plus 2 heures le mercredi matin parait la solution la plus simple et pas trop coûteuse pour la ville. Mais le repas et l’activité de l’après-midi du mercredi ne serait-il pas une meilleure solution pour de nombreux enfants et leurs parents ( avec un coût de 850 000 euros contre 200. 000 pour l’hypothèse la moins coûteuse) ?Ou même l’école le samedi matin ?

- Le financement accordé par l’Etat est en fait un marchandage que nous dénonçons, car il pousse à rentrer immédiatement dans la réforme en échange d’un apport, comme "Ville DSU- Cible" de 90 euros par élève pour la seule année 2013-2014, puis 45 euros par élève en 2014-2015, et de toute façon, rien par la suite....Cette aide ne compense pas le coût structurel de la prise en charge puisque le total apporté par le Fonds pour 2013- 2014 représenterait 700.000 euros , mais seulement 300.000 euros en 2014-2015,et plus rien ensuite !

- L’impact de la réforme touchera non seulement le secteur scolaire, mais aussi les secteurs extra scolaires, surtout :

- Les piscines : Suppression de nombreuses plages d’horaires disponibles à Gelet ou TPE, par réduction des 1/2 journées.

- Le Conservatoire de musique, dont les horaires étaient très centrées sur le mercredi matin.

- Certaines installations sportives, qui nécessitaient des plages horaires importantes en après-midi, devront réduire le nombre de classes accueillies.

- La question du statut et des conditions de travail des personnels employés ou recrutés pour l’animation des activités éducatives péri-scolaires suscite des inquiétudes importantes. En effet, dans la lettre accompagnant le décret ministériel, il est précisé : "Un assouplissement des taux d’encadrement des activités péri-scolaires sera mis en place".

Concrètement, le taux d’un adulte pour 6 enfants de moins de 6 ans, passera à un pour 14. Et le taux d’encadrement pour les enfants de plus de 6 ans passera de 1 pour 14 à 1 pour 18. Le risque pour la qualité de l’encadrement sera aggravé par le risque de précarisation accrue du personnel, avec l’émiettement des horaires sur des durées d’intervention très courtes (les 3/4 d’heure de la fin d’après-midi entre 14h 45 et 16h 30).

Le "pilotage partenarial" prévu par la réforme dans le cadre d’un PEDT (Projet éducatif de Territoire) entre municipalités et associations, ne nous rassure pas vraiment sur l’exigence de qualité de vie de l’enfant.

- Enfin, la réforme reste très floue sur la question vitale de l’accompagnement des élèves en difficulté dans le ca dre scolaire. Le dossier de presse du ministère annonce que la réforme "permettra de répondre plus efficacement à la difficulté scolaire dans le cadre des périodes d’enseignement en groupes restreints". Mais le dispositif RASED, vital, et démantelé par la majorité précédente, n’est pas cité. Sera-t-il sauvé par la loi de refondation ultérieure ?

Les élus du groupe FDG de Vaulx-en-Velin, tout en soutenant la nécessité d’une réforme des rythmes, expriment donc des réserves quant aux conditions d’application et demandent des garanties claires sur le contexte dans lequel elle va s’appliquer, et sur les moyens qui lui seront attribués. Dans la situation actuelle, nous optons pour le report de l’application de la réforme à Vaulx-en-Velin en 2014, et nous sommes attentifs d’ici-là, à analyser, par exemple, les aspects positifs ou négatifs de l’expérience d’une ville comme St Fons qui a choisi depuis plus de 20 ans de développer un "Tiers-temps" périscolaire. Ce choix de politique éducative, qui coûte plus d’1 million d’euros par an, et qui mobilise 120 animateurs (surtout en CDD Saisonniers...), a survécu au décret de Juin 2008 de Luc Chatel qui ramenait la semaine à 4 jours. Alors, que le débat continue !...

Pour les élus FDG,
Dominique VIGNON


A lire absolument :

Rythmes scolaires : Une lettre ouverte de Claire Leconte

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2932

Grève le 12 février des enseignants de Vaulx-en-Velin : RYTHMES SCOLAIRES. NI STATU QUO, NI BRICOLAGES !

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2969

François Testu : "Allègement des programmes, interdiction effective des devoirs à la maison, organisation des activités périscolaires…, la question des rythmes scolaires est loin de se limiter à la durée de la semaine de cours."
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2991


Commentaires

Logo de BRUNEL Jean-Pierre
vendredi 15 février 2013 à 16h50 - par  BRUNEL Jean-Pierre

Je suis d’accord avec ce qu’a exprimé Dominique au nom du Front de gauche.

J’ai pris connaissance du Compte-rendu quelque peu tendancieux publié par les enseignants après le débat du Conseil Municipal.

Je veux d’abord faire observer qu’en matière de concertation-et même si l’on peut toujours faire mieux- Vaulx est à ma connaissance la seule ville de l’agglomération ou a eu lieu ce type de débat permettant aux différents groupes politiques d’exprimer publiquement et librement leur point de vue à partir d’un rapport documenté de l’adjointe aux affaires scolaires. Débat précédé de rencontres avec parents et enseignants et avec les professionels qui seront chargés de contribuer à mettre en oeuvre la réforme des rythmes. Concertation qui va se poursuivre au sein des conseils d’école et du groupe de travail proposé par le Maire. Le gouvernement donnait deux mois aux communes pour décider !. Du point de vue démocratique, la position de la municipalité me paraît également en phase avec l’action des enseignants en début de semaine.
Les rencontres éducatives de cette fin de semaine s’inscrivent aussi dans ce processus.

En second lieu, il est un peu facile de dissocier comme l’a fait Hélène Geoffroy, fin et moyens. C’est vrai qu’il y a apparemment consensus sur le retour à la semaine de 4 jours et demi (même la droite alors que Darcos avait instauré la semaine de 4 jours et que Bertrand avait réintroduit la réforme des rythmes scolaires en 2011). L’association des maires de France avait attiré l’attention sur cette question des moyens dès juillet 2011.
Et c’était avant la récente annonce du prélèvement de 1, 5 milliard d’euros supplémentaires sur les collectivités d’ici 2015 pour financer partiellement les 20 milliards de nouveaux cadeaux au patronat dans le cadre du pacte de compétitivité.
La question des moyens humains et financiers est donc bien une vraie question. Et l’on reste malheureusement dans une logique où le gouvernement décide et les collectivités paient.
Enfin, il est préjudiciable que la question des rythmes ait été dissociée de la loi d’orientation et de programmation prévue pour mars 2013 dont il faut souhaiter qu’elle ne soit pas trop marquée par l’austérité ambiante !
Meilleures amitiés.

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