Québec 1er mai : Une marche de courte durée - 300 arrestations à Montréal
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Le SPVM interpelle près de 450 protestataires à la manif du 1er mai à Montréal
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Source : Le Devoir Libre de penser
Une marche de courte durée - 300 arrestations à Montréal
2 mai 2013 | Gaétan Pouliot |
La traditionnelle marche anticapitaliste du 1er Mai organisée par la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) a connu une fin abrupte mercredi soir, à Montréal, avec l’arrestation de quelque 300 personnes.
La manifestation qui réunissait des centaines de personnes a été déclarée illégale une quinzaine de minutes seulement après que deux groupes de manifestants se furent rassemblés devant l’hôtel de ville de Montréal. Les autorités ont invoqué le règlement municipal P-6, demandant notamment un itinéraire aux manifestants, pour interdire le regroupement. Malgré cette interdiction et de fortes tensions avec les policiers, les manifestants se sont lancés dans la rue de la métropole au son des trompettes et des slogans anarchistes, sous le regard attentif de l’escouade antiémeute.
En cette Journée internationale des travailleurs, leur objectif était de se rendre au club privé 357C, situé dans le Vieux-Montréal.
« Nous voulons refaire le trajet que les politiciens de l’Hôtel de Ville ont fait pour aller rejoindre les gens du secteur économique et du crime organisé », a expliqué au Devoir le porte-parole de la CLAC, William Tremblay. La commission Charbonneau a révélé en novembre dernier que le 357C servait de lieu de rencontre à des ingénieurs, des entrepreneurs en construction, des politiciens et des collecteurs de fonds. « Les élites politiques et économiques se réunissent derrière des portes closes pour décider des règles du jeu à imposer à l’ensemble de la population », a dénoncé M. Tremblay. |
La marche n’a toutefois pas duré longtemps. À mi-parcours, les policiers ont bloqué le chemin aux manifestants et encerclé environ 300 personnes.
Pris en souricière, ils ont été arrêtés pour attroupement illégal et embarqués un à un dans des autobus.
Certains d’entre eux seront accusés d’agression armée, d’entrave au travail des policiers ou de non-respect de conditions. Selon le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), des balles de billard et des bâtons ont été utilisés contre des policiers.
« C’est la preuve que c’est une supercherie. On donne notre itinéraire et ils nous rentrent dedans », s’est indignée Sophie, une manifestante. Les policiers avaient été avisés du point de départ et d’arrivée de l’événement, mais n’avaient pas reçu d’itinéraire en bonne et due forme, a pour sa part indiqué le SPVM.
La forte présence policière en a aussi choqué plusieurs. « C’est presque une manifestation policière », a dit avec ironie François Doyon, professeur de philosophie au cégep de Saint-Jérôme. Un autre manifestant a quant à lui affirmé qu’il était maintenant habitué de voir ce genre de scène.
Malgré l’arrestation de masse, la CLAC estime qu’il s’agit d’une « belle victoire ».
« On ne s’attendait pas à autant de monde compte tenu de la répression policière [lors des manifestations précédentes] », a affirmé William Tremblay, qui estimait pour sa part la foule à 2000 personnes.
Le collectif anarchiste s’attendait d’ailleurs à ce que la police intervienne rapidement. « On ne s’attendait pas à se rendre [au 357C] », a-t-il dit, dénonçant du même souffle l’aspect « arbitraire » du règlement P-6 et le travail des policiers.
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Le 1er Mai dans le monde
La Journée internationale des travailleurs a aussi été soulignée un peu partout dans le monde. Les politiques d’austérité ont eu un écho particulier en Europe cette année, où des dizaines de milliers de travailleurs ont manifesté dans plusieurs pays pour dénoncer les effets des compressions budgétaires et la hausse du chômage. En Grèce, les services de traversiers ainsi que les trains ont notamment été paralysés par des grèves. Des travailleurs ont aussi pris la rue en Asie pour réclamer de meilleurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail. Des travailleurs de l’Indonésie, du Cambodge, des Philippines et d’ailleurs sont descendus dans les rues pour dire que leurs employeurs leur en demandent toujours plus.
Source : Le HuffPost Québec
Le SPVM interpelle près de 450 protestataires à la manif du 1er mai à Montréal
PC | Par Le HuffPost Québec et La Presse Canadienne Publication : 01/05/2013
MONTRÉAL - 447 personnes ont été interpellées lors de la manifestation la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) dans le Vieux-Montréal, mercredi soir.
Les organisateurs disaient vouloir « porter leur colère directement contre les officines secrètes du pouvoir. »
Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué que 447 personnes ont été arrêtées pour attroupement illégal en vertu du règlement municipal P6.
Les manifestants s’étaient rassemblés vers 18 h sur la place Jacques-Cartier, près de l’Hôtel de Ville. Ils devaient se rendre devant l’immeuble abritant le club privé 357c. Les policiers, qui avaient laissé les manifestants commencer leur marche, ont organisé une souricière près du Musée de la Pointe-à-Calllières, encerclant un large groupe de manifestants.
La manifestation a été déclarée illégale une quinzaine de minutes après son départ. Le SPVM a aussi annoncé qu’il avait lancé un ordre de dispersion, affirmant que des actes « criminels » avaient été commis contre les policiers. Il s’est plaint que des « des bâtons (avaient été) utilisés contre des policiers et boules de billards (avaient été) lancées vers eux ».
Un nombre indéterminé d’individus ont été arrêtés pour méfait ou voie de fait armée, a indiqué le SPVM.
Les forces de l’ordre ont également repoussé la foule de manifestants qui n’avaient pas été pris dans la souricière, le tout sous l’oeil de nombreux touristes présents dans ce secteur achalandé du Vieux-Montréal.
Source : Profs contre la Hausse
ISABELLE LARRIVÉE, Collège de Rosemont
Sous la lune, dans la nuit. La ruelle chez moi n’est jamais silencieuse. Il y a toujours un chien qui jappe, une alarme de voiture qui se déclenche, une famille voisine aux fenêtres calfeutrées qui heurte ses casseroles du souper. Un fond de vent souffle sur la ville, un vent houleux, bruyant, mais lointain. Je ne le ressens pas sur mon visage. Je ne fais que l’entendre. C’est comme une clameur. La clameur qui se lève. Un son sourd. Quelque chose se passe.
Je me demande souvent quelle serait la meilleure manière de faire taire ce chien qui m’empoisonne l’existence. La plus radicale : de l’arsenic dans une boulette de steak haché. Je rêve de longer la clôture, pleine d’un sentiment de vengeance légitime, et de balancer la petite boulette dans la cour où le chien se fait aller. Plouc ! La petite boulette sur la pelouse. Le chien qui s’agite frénétiquement en humant les effluves de cette viande transformée dans les pires conditions, mais affriolante pour ses papilles pas très exigeantes. Et gloup ! Il avale sa mort pendant que je fais demi-tour. Le silence. Un calme presque trop lourd envahit la ruelle alors que je remonte m’asseoir au balcon. Mais non. J’ai beau fermer les yeux, essayer de croire très fort à mes fantasmes, rien ne fera taire cette bête insupportable. J’essaie de poursuivre mon étude de la nuit et du vent en faisant abstraction de ces désagréments qui me distraient.
Au loin, le bruit d’un vent mauvais qui s’agite. Je ne comprends pas. Peut-être une fête de quartier se déroulant en dépit de l’heure tardive et du sommeil qui devrait avoir gagné les maisons. Ce n’est pourtant pas la saison des compétitions de tennis au parc, quand on entend les applaudissements, les « HO ! » et les « HA ! ». Non, ce n’est pas cela. C’est un funeste augure qui s’annonce. Une prédiction inquiétante.
Je ferme les yeux. Va-t-il se taire ? Enfin, il jappe maintenant de l’intérieur de la maison, ce qui assourdit les aigus et réduit les décibels. Puis il ressort. On n’en sort pas. Je ne comprends pas comment on peut supporter que son chien aboie, comme ça. Je l’imagine, apprêté en saucisses, en pâté, en côtelettes.
Le bruit du vent est maintenant accompagné d’une sorte de cri qui n’est pas vraiment un cri, mais un hurlement maîtrisé. C’est troublant. Au diable le chien des voisins, qu’il aille se faire voir. Je m’en vais à la recherche de l’origine du bruit.
Je marche droit, en direction du fleuve. C’est de là que ça vient. Le roulement de l’eau, le glissement fricatif de l’onde travaillent en appui, mais le son vers lequel j’avance est plus fort, plus marqué. C’est le son de voix humaines. Quelques centaines de voix humaines. Et plus je m’approche, plus je comprends que ce sont des voix qui protestent. La clameur se fait distincte, et je perçois à travers ce son de moins en moins uniforme,quelques chants qui s’élancent dans l’air libre, qui mettent au défi la surdité du monde. Car il faut bien que le monde entende.
Et j’arrive devant la source du bruit. Ils sont 300. Encerclés par la bêtise. Tenus ensemble parce qu’ils refusent les paramètres imposés. Les règles du jeu fixées trop haut et trop loin, par des inconnus qui ne respectent pas ce qu’ils sont et ne comprennent pas ce qu’ils font. Ils sont ensemble parce qu’il leur semble normal de défendre leurs modestes intérêts, de refuser qu’on leur botte le cul comme des chiens, qu’on leur vole leur argent, qu’on leur mente. Parce qu’ils veulent que ça change, et refusent de se taire. Parce qu’ils ne veulent plus accepter d’être transparents, de ne pas exister, d’être anonymes parmi des anonymes. Et les coups s’abattent sur eux. Ils encaissent ces coups sans fléchir, comme ils les ont encaissés hier, avant hier, comme ils repartent chaque fois en sachant qu’ils vont en recevoir, mais que cela ne les fera pas reculer. Ils se tiennent serrés, se tissent aux autres, se protègent mutuellement. Ils veulent que ça change. Que ça change. Ils veulent que ça change. Ils sont dans l’euphorie de la revendication et chaque voix humaine a son poids. Sa consistance. Sa résonance. Et ils réclament, le poing levé, plus de justice et plus d’humanité. La clameur s’enfle et se déploie. Le vent sourd dans la nuit.
Je reviens chez moi. La colère m’a rougi les yeux et enflammé le cœur. Le chien des voisins a jeté son dévolu sur un nonosse qu’on lui a envoyé pour qu’il ferme sa gueule. Tout à coup, il me semble misérable dans sa petite cour de quelques mètres carrés. Avec ses maîtres qui le méprisent et l’emprisonnent.
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