France-Culture : « Accidentés du travail sous pression »

mardi 27 novembre 2018
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : France-Culture

« Accidentés du travail sous pression »

Documentaires
Les Pieds sur terre par Sonia Kronlund
du lundi au vendredi de 13h30 à 14h

Plusieurs salariés d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants racontent les menaces et les pressions qu’ils ont subies après leur accident du travail pour qu’ils retournent au plus vite à l’usine.

Plusieurs salariés d’ArcelorMittal et de ses sous-traitants témoignent sur les menaces, les pressions qu’ils ont subies après leur accident du travail pour retourner au plus vite à l’usine. L’objectif d’ArcelorMittal : réduire ses cotisations à l’URSSAF. Le risque pour les salariés : avoir de lourdes séquelles en interrompant leur convalescence.

Pascale Pascariello est allée à la rencontre de salariés ayant subi des pressions. Son reportage fait suite à une enquête publiée dans Mediapart.
Je ne pensais pas que je risquais de perdre ma jambe en allant au travail. La nuit encore, j’en fais des cauchemars, j’entends les machines d’ArcelorMittal, j’en ai des sueurs

Benoît a 22 ans, il est peintre-sableur pour un sous-traitant d’ArcelorMittal. En février 2018, il se retrouve seul sur un chantier pour travailler. Une sableuse de 150 kilos lui tombe sur la jambe.

On m’a proposé de reprendre le travail en poste aménagé. Je recevais entre huit et dix appels par semaine.

« Je n’imaginais pas que mon employeur puisse me harceler après mon accident. »
Benoît a enregistré un appel téléphonique prouvant les pressions subies. On y entend sa manager qui le pousse à reprendre le travail « pour sortir des stats ».

Comprendre : les statistiques d’accidentologie. Olivier Tompa, agent de la Carsat, Caisse d’Assurance Retraite et de Santé au Travail, explique :
Chaque usine dispose d’indicateurs de sécurité calculés en fonction du nombre d’accidents du travail et de la durée de l’arrêt du salarié. Pour que ces taux restent bas, des entreprises demandent à leurs salariés de reprendre le travail en poste aménagé.

Plusieurs témoignages convergent, attestant que le cas de Benoît n’est pas isolé.
David est salarié chez ArcelorMittal depuis dix ans. En 2015, la pulpe de son doigt est arrachée par accident. Il doit subir une opération chirurgicale mais avant même l’intervention, un assistant social d’ArcelorMittal lui parle déjà de sa reprise du travail.

Nous sommes un outil de production comme un autre.

Laurent travaillait à plus de six mètres de hauteur pour nettoyer des chalumeaux, quand l’un d’eux explose. La déflagration le projette en arrière, manquant de le faire tomber. L’explosion a provoqué une perte d’audition. Il explique :
On m’a harcelé pour que je ne déclare pas mon accident et retourne à l’usine en poste aménagé.

ArcelorMittal, que nous avons contacté, a démenti tout en ne souhaitant pas commenter.
• Reportage : Pascale Pascariello
• Réalisation : Clémence Gross
Merci à Laurent, David, Benoit, à Sandy Poletto et José Nunez et Olivier Tompa de la CGT.
Chanson de fin : "It’s Her Factory" par Gang Of Four - Album : Entertainment ! - Label : Warner Bros. Records.
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