Cent soixante-deux salariés de sous-traitants de PepsiCo India renvoyés pour avoir formé un syndicat

samedi 29 juin 2013
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : EQUAL TIMES

27 juin 2013

Cent soixante-deux salariés de sous-traitants de PepsiCo India renvoyés pour avoir formé un syndicat

Par Sindhu Menon

« Mon père est paralysé depuis trois ans et demi. Je suis son unique fils et le seul soutien de la famille. Outre ma mère et mon père, j’ai une femme et un garçon d’un an dont je dois prendre soin », explique Santhosh Adhikari.

Ce jeune homme de 28 ans travaillait pour Radhakrishna Foodland Pvt. Ltd, un sous-traitant de PepsiCo India, situé dans le Bengale-Occidental, jusqu’à ce qu’il soit renvoyé, un peu plus tôt dans l’année.

Santhosh Adhikari était l’un des 162 travailleurs de l’usine, un sous-traitant exclusif de PepsiCo India, dont il a été illégalement mis un terme au contrat parce qu’ils ont formé un syndicat et exigé le respect de leurs droits.

Ces salariés, employés dans des conditions précaires par l’intermédiaire d’une société sous-traitante chargée de l’entreposage, étaient payés moins que le salaire minimum et ne bénéficiaient pas de leurs droits fondamentaux légaux.

Peu de temps après avoir exposé leurs revendications à la direction de PepsiCo en Inde et au gestionnaire de l’entrepôt, ils ont reçu la visite d’une bande de voyous qui les ont agressés et obligés à quitter l’entrepôt.

PepsiCo, une importante société internationale du secteur des aliments et des boissons, dont les recettes nettes dépassent les 65 milliards de dollars US, s’est implantée en Inde en 1989.

Ses snacks salés et aromatisés au masala, comme Lay’s, Lehar Namkeen, Aliva et Kurkure, figurent parmi ses produits les plus connus en Inde.

En vitrine, PepsiCo India présente l’image d’une société qui prend au sérieux ses obligations liées à la responsabilité sociale des entreprises.

Voici en effet ce qu’Indra K Nooyi, président-directeur général chez PepsiCo, écrivait dans le rapport annuel de la société de 2012 : « Nos actions – les actions de tous nos associés – s’inscrivent dans notre Code de conduite mondial.

Celui-ci est conforme à nos valeurs – un engagement à croître constamment, grâce à des personnes compétentes, faisant preuve de responsabilité et cherchant à faire naître la confiance. »
Pourtant, la réalité semble bien différente.

« Un environnement de travail peu accueillant »

« Nous travaillons 26 jours par mois pendant toute l’année, nous sommes payés 3.800 roupies (65 dollars US) par mois et nous n’avons droit qu’à six fériés nationaux.

Un système de pauses nous oblige à travailler pendant plus de 12 heures par jour sans avoir droit au paiement des heures supplémentaires.

Si nous prenons congé le 1er mai pour participer aux événements organisés pour l’occasion ou pour n’importe quelle autre raison, ce sont deux jours de congé qui sont déduits de notre salaire », explique Ajith Debnath, un autre travailleur licencié.

« C’est cet environnement de travail peu accueillant qui nous a poussés à former un syndicat, ajoute t il. »

Le 3 avril 2013, l’organisation syndicale, Radhakrishna Foodland Pvt. Ltd Contract Employees Union, a présenté un mémorandum aux sociétés Radhakrishna Foodland Pvt. Ltd et Weavings Manpower Solutions Ltd, ainsi qu’au principal employeur, PepsiCo.

La liste des revendications comportait 16 points, dont le paiement de salaires minimums à tous les salariés, ainsi que des lettres d’engagement et des cartes d’identité correctes, le tout avec effet rétroactif ; la réintégration des employés renvoyés ; des jours de congé, des heures de travail, des temps de pause et d’autres dispositions et installations conformes à la loi sur les usines ; et une couverture comme le prévoient les lois sur les caisses de prévoyance et l’assurance nationale des salariés.

« La direction a entamé ses mesures de représailles lorsque, après avoir rejoint le syndicat, nous lui avons demandé de discuter des salaires minimums et de la caisse de prévoyance [pour les retraites], se souvient Santhosh Adhikari.

Alors que les déductions pour la caisse étaient faites mensuellement de nos salaires, la somme totale remise aux travailleurs jusqu’à présent n’était que de 1.675 roupies (29 dollars US).

Presque tous les salariés licenciés travaillaient depuis plus de quatre ans dans la société et les prélèvements ont débuté immédiatement après leur embauche », explique-t-il.

« Les employés qui se sont adressés à la direction ont été jetés dehors sans aucune raison, explique Ramen Pandey, président de l’Indian National Trade Union Congress (INTUC) pour le Bengale-Occidental, à l’origine du mouvement de syndicalisation dans l’entreprise.

La direction a d’abord licencié 11 travailleurs le 5 janvier 2013 alors qu’elle venait d’apprendre que les travailleurs sous contrat étaient en train de se syndiquer.

Ensuite, lorsque le bureau du ministre du Travail a essayé de vérifier si ces travailleurs étaient employés par PespiCo (puisque aucun enregistrement n’avait été fait), la société a renvoyé 39 autres personnes le 30 mars 2013. Ignorant tous les messages du syndicat, la société a encore licencié 112 travailleurs le 30 avril 2013 », ajoute-t-il.

Violences

Les travailleurs ont également été physiquement agressés par des bandits opposés aux syndicats engagés par la direction.

« J’ai été frappé à la tête. Pratap Ghosh et Sharat Patro ont eu les mains cassées, et Akhtar Ali, Sujit Deb et Moloy Giri, ainsi que neuf autres personnes ont été sérieusement battus lorsqu’ils sont venus déposer le mémorandum, explique Ajtih Debnath.

Désormais, nous ne pouvons plus entrer dans les installations de l’entreprise, les casseurs de la direction sont là pour nous frapper et nous chasser », poursuit-il.

L’INTUC, le syndicat auquel le Radhakrishna Foodland Contract Employees Union est affilié, a déposé une plainte auprès de Purnendu Basu, le ministre du Travail pour le Bengale-Occidental et d’Indranil Sengupta, le secrétaire du Travail pour le Bengale-Occidental.
Dans un message de solidarité, la secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale, Sharan Burrow, a dénoncé cette infraction aux droits des travailleurs qu’elle estime flagrante.

Pour elle, il s’agit aussi d’une violation évidente du principe de liberté syndicale tel qu’énoncé dans les conventions de l’OIT nos 87 et 98, et d’autres droits comme celui d’avoir un travail permanent, un salaire minimum et une sécurité sociale.

En effet, le renvoi illégal de 162 travailleurs est en infraction complète de l’accord-cadre international signé entre PepsiCo et des organisations syndicales internationales, en privant les travailleurs de leurs droits à la liberté syndicale et à la négociation collective.

Le 25 juin, l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation, de l’agriculture, de l’hôtellerie-restauration, du tabac et des branches connexes (UITA) a lancé une campagne pour exiger que PepsiCo India respecte les droits des travailleurs en Inde, réintègre les travailleurs licenciés et entame des négociations avec l’organisation syndicale.


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