La révolte des chauffeurs d’autobus paraguayens licenciés se crucifient

jeudi 12 septembre 2013
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Equal Times
12 septembre 2013

La révolte des chauffeurs d’autobus paraguayens licenciés et crucifiés

Par Ana Luz Giménez Costa

Il y a plus de deux milles ans, Jésus-Christ fut crucifié pour sauver l’humanité de ses péchés.

Aujourd’hui, au Paraguay, dix conducteurs d’autobus de la société des transports publics urbains se crucifient pour tenter de sauver leurs postes de travail et défendre leur droit d’être syndiqués.

Les conducteurs d’autobus sont en grève depuis le 25 juillet et neuf d’entre eux – huit hommes et une femme – se sont fait crucifier devant l’arrêt d’autobus de la Ligne nº30 de la compagnie Vanguardia SA, dans la ville de Luque, située à une quinzaine de kilomètres de la capitale paraguayenne.

Le mardi 10 septembre, des chauffeurs d’autobus et des syndicalistes ont pris part à un pèlerinage en charrette depuis la ville de Luque, proche de la capitale, jusqu’au cabinet du vice-ministre du Travail, à Asunción, pour réclamer une solution à leur conflit social.

Quatre d’entre eux ont entamé une grève de la faim il y a plus de vingt jours et espèrent par leur action convaincre le patronat de procéder à la réintégration de 10 conducteurs licenciés pour avoir choisi d’adhérer à un syndicat et de défendre leurs droits.
« C’est difficile à croire mais c’est la vérité », a indiqué Damian Espinola, porte-parole du gouvernement municipal de Luque.

« Les huit conducteurs d’autobus se sont crucifiés il y a 17 jours. Ils observent en même temps une grève de la faim et certains d’entre eux se trouvent dans un état critique.

Ils n’absorbent rien d’autre que de l’eau. Ils ne consomment aucun aliment solide. Leurs mains sont perforées. »

Par esprit de solidarité, Concepción Candia, épouse de Juan Villalba, un des dirigeants de la Federación Nacional de Transporte Terrestre, s’est ralliée à l’action collective pour montrer que la souffrance résultant d’un licenciement injustifié est vécue non seulement par le travailleur mais aussi par toute sa famille.

Au nombre de leurs griefs, les grévistes ont également signalé une charge de travail excessive et le fait qu’ils passent entre 15 et 18 heures par jours au volant.

Ils dénoncent en outre le fait qu’au moment de leur embauche, la direction leur a fait signer 12 feuilles blanches qu’elle pourrait ensuite remplir à son gré comme document à charge contre eux.

L’échec des interventions du ministère de la Justice et du Travail au cours de diverses réunions tripartites ne font que mettre en exergue sa négligence, dès lors qu’il manque de faire respecter les lois qui sont censées protéger tous les travailleurs et permet aux responsables d’Empresa Vanguardia d’opérer de manière aussi brutale et au mépris absolu de la législation en vigueur dans le pays.

« Pour que les négociations puissent avancer, chacune des deux parties devra être prête à faire des concessions.

En attendant, nous poursuivrons nos efforts de médiation pour aider les interlocuteurs à parvenir à un accord », a déclaré Cynthia Gonzalez, vice-ministre du Travail.

L’état de santé des travailleurs crucifiés est rendu délicat par les blessures provoquées par les clous et se détériore de jour en jour malgré l’assistance médicale.

La nature élémentaire des revendications des chauffeurs d’autobus de la Ligne nº 30 en font l’un des cas les plus emblématiques parmi les manifestations collectives et les actions répressives survenues dans l’histoire récente du Paraguay.


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