DITA à Tuzla : Une lutte exemplaire

vendredi 16 décembre 2016
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : BH info

DITA à Tuzla : Une lutte exemplaire

dimanche 4 septembre 2016 par Ivar Petterson | 1
Les travailleurs les plus combattifs de DITA, usine de produits de vaisselle, de lessive et de détergents, ont réussi à reprendre pied dans leur usine en mars 2015, après deux ans de fermeture frauduleuse dans la vague des privatisations qui ont détruit presque toute l’infrastructure industrielle de Bosnie-Herzégovine. Les produits Dita étaient pourtant connus des consommateurs de toute la Yougoslavie et étaient conformes aux normes européennes Iso.

La Bosnie-Herzégovine a été frappée par deux génocides : le génocide humain faisant plus de 100 000 victimes et le « génocide économique » (terme forgé par les travailleurs de Dita) qui a jeté à la rue des centaines de milliers de travailleurs, sous l’impulsion des « experts » ultra-libéraux envoyés par les gouvernements occidentaux, avec la complicité de dirigeants locaux de tout bord.

Ces derniers sont en général qualifiés de « nationalistes », en réalité il s’agit des commis (bien rétribués) des multinationales mondialisées au détriment des entreprises locales.

Sur les 700 travailleurs de Dita (ils étaient plus de 1 200 avant 1992), beaucoup abandonnent la lutte, confrontés à la misère. Mais 80 travailleurs, menés par Emina Buzuladzic, une femme remarquable, sont décidés de poursuivre la lutte.
Pendant la fermeture de l’usine en 2012, ils cachent des machines de peur qu’elles soient vendues et pour empêcher le démantèlement de l’usine, des permanences sont organisées pendant deux années.

La révolte des travailleurs de Dita se propage progressivement dans toute la Bosnie en février 2014 avec l’émergence d’un vaste mouvement social.

Le pays est le théâtre de grandes manifestations de rue, des assemblées de citoyens et travailleurs dites « plénums »* s’organisent dans toutes les grandes villes de la fédération bosno-croate.

Et pour les ouvriers de Dita, cette vague de manifestations finit par résulter par la restitution des droits sociaux, notamment des soins de santé.

En mars 2015, grâce à un soutien populaire et à la ténacité de leurs avocats, ils obtiennent enfin l’autorisation du Tribunal du Canton de Tuzla pour relancer la production.

Six mois durant, les ouvriers travaillent 12 heures par jour, rétribués à minima à hauteur de 180 euros par mois. Ils relancent le produit de vaisselle 3D, commercialisé dans toute la Bosnie-Herzégovine notamment grâce au soutien de la chaîne de magasins Bingo et d’animateurs d’émissions télévisées. En 2016, ils relancent également le produit de vaisselle Artrix.

Toutefois, la majeure partie des bénéfices des ventes va aux banques (prioritaires selon le Tribunal de Tuzla) bien qu’elles soient au cœur du problème, responsables de la fermeture frauduleuse de l’usine et du détournements de fonds. Les politiciens sont également complices de la politique prédatrice du capitalisme financier leur permettant de racheter des entreprises à prix cassé.

La valeur de l’entreprise Dita est ainsi descendue à un demi-million d’euros, alors qu’elle en vaut plus de 15 millions.

Les travailleurs de Dita veulent devenir propriétaire de l’usine sous une forme coopérative.

Ils ont obtenu divers soutiens, dont celle d’une actrice anglaise, et aussi d’une partie de la diaspora bosnienne de Suisse.

Ils ont même commencé à exporter leurs produits, conformes aux normes européennes Iso, sans phosphate, en Albanie, au Monténégro, en Macédoine et au Kosovo.

Selon Emina, l’espoir est dans l’auto-organisation des travailleurs, afin de relancer les capacités de travail. La lutte de Dita montre que c’est possible.

L’exemple de Dita a encouragé d’autres travailleurs en Bosnie, comme ceux de l’entreprise Konice à Zivinice (ville au sud de Tuzla). Ils ont également des contacts et des échanges d’expériences avec d’autres initiatives similaires en Grèce, en Serbie, en Croatie, en Angleterre, en Argentine. Un film a été réalisé sur Dita par Carlo Nero : « La Bosnie se lève », dont les bénéfices servent à payer des avocats indépendants. Ils cherchent aujourd’hui à élargir les soutiens ainsi que la vente de leurs produits. Dans l’immédiat, ils ont besoin d’un financement pour l’achat d’un transpalette, d’un monte-charge, d’un véhicule de service. La réhabilitation de la cantine (fourneaux, frigos et matériel de cuisine) leur permettrait aussi de faciliter la vie des travailleurs.

Par ailleurs, ils sont également confrontés à la difficulté de trouver des pièces de rechange car certaines machines ne sont plus fabriquées. Les ingénieurs de Dita ont réussit à réparer celle qui sert à remplir et à fermer les sacs. Toutefois, l’étiquetage se fait encore à la main, faute d’une machine…

Quel courage et détermination !

Ivar Petterson, Solidarité Bosnie, Genève
Notes prises chez Dita le 11 mai 2016 avec l’aide de Mirela Maroslic
Adresse email : busuladzic.emina@gmail.com
Pour un soutien financier :
DEUTDEFF
Deutsche Bank AG Frankfurt
IKBZBA2X
/BA391340070100541543 (Beneficiary Custommer-Name & Adress)
DITA DD U STECAJU
HUSINKIH RUDARA BB
TUZLA


On vaulx mieux que ça

*

A Tuzla (Bosnie-Herzégovine), les citoyens réinventent la démocratie directe

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article3701


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