Espagne : énorme manifestation contre l’austérité le 22 mars 2014 « C’est une lutte civique du peuple de bas en haut.""

dimanche 23 mars 2014
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : UL CGT de la région Dieppoise

Dimanche 23 mars 2014

Espagne : énorme manifestation contre l’austérité le 22 mars 2014

Plusieurs centaines de milliers de manifestants venus de toute l’Espagne ont convergé samedi à Madrid pour réclamer la fin de la politique d’austérité imposée par l’Union européenne.

Les "marches de la dignité" ont réuni dans la capitale espagnole des centaines de milliers des personnes (plusieurs millions selon certaines sources) venues de toutes les régions d’Espagne pour dénoncer "l’urgence sociale", le chômage et l’austérité, le logement, la santé, l’éducation et la lutte contre la pauvreté.

Certains manifestants avaient traversé le pays, parcouru à pied des centaines de kilomètres, d’autres les ont rejoints aux portes de Madrid.

Depuis fin février, plusieurs milliers de personnes sont parties de 15 provinces espagnoles et se dirigeaient vers Madrid à pied, en voiture, en bus ou en train.

Les organisateurs ont annoncé que des centaines de cars et au moins quatre trains avaient été affrétés dans plusieurs régions d’Espagne. Agitant des drapeaux de toutes les régions d’Espagne, une immense foule a envahi le centre de la capitale pour le plus grand défilé organisé depuis ceux de 2012.

Sur leurs banderoles, les participants exhortaient le gouvernement conservateur espagnol à ne pas honorer les dettes contractées auprès des créanciers internationaux et à s’attaquer au chômage, qui touche 26% de la population active.


Source : Démocratie réelle à Nimes maintenant

Source : www.mediapart.fr

En Espagne, le mouvement social donne des raisons d’espérer
23 mars 2014 | Par Ludovic Lamant

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté samedi à Madrid contre l’austérité.

L’Espagne d’aujourd’hui exécute un grand écart difficile à tenir : bloquée sur le plan institutionnel, avec une droite réactionnaire au pouvoir, mais bouillonnante dans les mouvements et dans les marges.

Madrid a renoué samedi avec les mobilisations des grands jours, de l’ampleur de celles qui avaient paralysé le pays en 2011 et 2012. Des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé les politiques d’austérité menées par le gouvernement de Mariano Rajoy (parti populaire, droite), et réclamé des solutions pour les six millions de chômeurs espagnols.

« Moins de corruption, plus d’éducation », « Sauvons les personnes, pas les banques », « Non au paiement de la dette » ou encore « Ma fille serait venue, mais elle a émigré », sont certains des slogans vus dans les rues de la capitale.

La mobilisation marquait l’aboutissement des six « marches de la dignité » parties, depuis près d’un mois pour certaines, de Catalogne, d’Andalousie ou d’Estrémadure. Elle s’est terminée par de violents incidents dans la soirée, qui ont fait au moins 101 blessés (67 policiers, 34 manifestants, selon les sources officielles). Avec ce défilé monstre du « 22-M » (pour 22 mars), ceux qui répètent depuis des mois que les mouvements « indignés » surgis en 2011 n’ont « rien donné » trouveront sans doute matière à réfléchir.

Tout se passe comme si, sous l’effet de la crise, l’Espagne de 2014 dessinait un grand écart – dont on se demande jusqu’à quand elle pourra le tenir : bloquée sur le plan institutionnel, ultra-dominée par le parti populaire (au pouvoir à Madrid et dans la majorité des régions du pays), mais bouillonnante dans ses mouvements et ses marges, où se fabrique un peu de cette « micropolitique » qu’appelait de ses vœux, en 2011, le Belge David Vercauteren.

Si l’on s’en tient aux grands titres de la presse, le paysage espagnol est sinistre.

Les deux principaux chantiers législatifs, poussés par le PP, ont de quoi déprimer. L’un propose de supprimer le droit à l’avortement et vient de passer une étape décisive en février, pour une adoption possible à la sortie de l’été. Moins médiatisé en France, le projet de « loi de sécurité citoyenne » vise, lui, à limiter le droit à manifester.

Ce texte prévoit une batterie d’amendes significatives, à l’encontre de ceux qui « disposeraient des éléments qui empêcheraient la libre-circulation des véhicules et des personnes », ou encore qui « filmeraient ou diffuseraient des images de policiers qui menaceraient leur sécurité ». Qu’importent les réactions de la communauté internationale ou l’opposition de la gauche, les deux textes devraient aboutir dans l’année.

Toujours sur le plan institutionnel, le pays connaît un vide politique vertigineux.

Les socialistes du PSOE, dans l’opposition, sont favoris des élections européennes de mai, mais continuent de payer les frais de leur politique d’austérité des dernières années Zapatero. Au pouvoir, le PP, déstabilisé par une avalanche d’affaires politico-financières (par exemple ici, avec le scandale Barcenas), joue avec le feu en combinant sa politique de rigueur, à des lois de régression sociale.

Les deux partis qui ont assumé la transition politique, dans les années 80, sont à bout de souffle.

Mais leur déconfiture ne s’accompagne pas d’un renouveau de l’offre politique.

Les deux collectifs qui devraient profiter de la situation, lors du scrutin de mai, ne sont pas exactement de nouveaux venus : les écolo-communistes de Izquierda Unida (IU), qui pourraient tripler leur score par rapport au scrutin de 2009, et les centristes d’UPyD emmené par l’ex-socialiste Rosa Diez. Le parti X, lancé par une frange des « indignés » de 2011, n’a pas décollé. Les performances de la jeune formation verte Equo restent confidentielles.

Il faudra suivre ce que donne l’initiative « Podemos » (« Nous pouvons »), qui veut mettre sur pied des primaires citoyennes, pour fédérer les candidatures de gauche, et « transformer l’indignation en changement politique ».

Mais l’essentiel, en Espagne, se passe ailleurs.

Sur les places, dans les quartiers, dans les rues, dans la droite ligne de l’occupation de la place Puerta del Sol en 2011. Si l’épisode des grèves générales massives de 2012 est une affaire classée, d’autres formes de protester se sont imposées.

Les « marées », ces plateformes de mobilisation thématiques contre la politique d’austérité, organisées selon des règles de démocratie directe, mêlant associations de quartier et relais syndicaux, continuent de s’étendre. Et certaines gagnent des batailles – un événement plutôt rare, ces jours-ci en Europe, pour un mouvement social… Après 14 mois de mobilisation, les professionnels de santé de la région de Madrid (la « marée blanche ») ont obtenu le retrait d’un vaste projet de privatisation d’une partie des hôpitaux publics (lire ici).

Plus réjouissant encore, à l’échelle du pays tout entier, la « PAH » continue d’engranger les victoires sur le front du logement. Cette association d’aide aux victimes de prêts hypothécaires, formée peu après l’explosion de la bulle immobilière, fédère les luttes locales, aux quatre coins de l’Espagne, contre les expulsions des ménages piégés par la crise, et connaît un succès impressionnant (lire notre reportage publié en 2012 sur une mobilisation anti-expulsion).

Le collectif tente d’en finir avec cette contradiction écœurante : les expulsions se poursuivent à un rythme soutenu (plus de 35 000 familles endettées ont perdu leur logement sur les seuls six premiers mois de 2013), alors que l’Espagne est le pays d’Europe qui compte le plus grand nombre de logements vides (pas moins de 3,4 millions).

À la tête de la PAH, la Catalane Ada Colau est devenue l’une des figures de cette ébullition espagnole, qui refuse de se résigner, face au blocage des partis politiques installés. Son slogan – « Si se puede » (C’est possible) – a été repris par la plupart des mouvements.

Au-delà de ces succès assez spectaculaires, des signes plus discrets confirment un dynamisme qui tranche avec une certaine résignation française. À l’ombre de la crise des géants de la presse papier (lire notre enquête sur le groupe Prisa qui publie El País), de nouveaux médias se créent – La Marea, un mensuel organisé sous forme de coopérative et financé par les abonnements de ses lecteurs, le site d’enquête indépendant InfoLibre (partenaire de Mediapart, et dont on peut retrouver des articles traduits en français ici) ou encore celui d’El Diario.

Ce dernier publie également de très stimulants trimestriels thématiques vendus en kiosque, au croisement de l’investigation et de la sociologie politique, sans équivalent en France (on pense à ce numéro entièrement consacré à disséquer les courriers électroniques de l’ex-patron de la banque Caja Madrid, révélateurs saisissants de l’imbrication des intérêts politiques et financiers en Espagne, qui constitue l’un des méfaits à l’origine de la crise).

En parallèle, de nouveaux concepts intellectuels circulent, pour s’attaquer au legs du franquisme dans la démocratie espagnole d’aujourd’hui. Comme celui de « culture de transition » (« la CT »), qui irrigue nombre de textes, publications et mouvements des derniers mois, en référence, précisément, à cette culture politique officielle, née de la transition vers la démocratie, au début des années 80, et dont l’Espagne devrait pour de bon se défaire, si elle prétend à sortir, pour de bon, de la crise en cours.

C’est un signe, parmi d’autres, de la porosité entre mouvements sociaux et milieux intellectuels.

Autre manière de revisiter les ratés de la jeune démocratie espagnole, un film stupéfiant est à l’écran, ces jours-ci à Madrid, dans la salle consacrée à la « non-fiction » du centre culturel Matadero (ça existe, en France, une salle de cinéma exclusivement pour les documentaires et le cinéma expérimental ?) : El futuro reconstitue une fête, dans une maison quelque part en Espagne, en 1982. Le parti socialiste vient de remporter les élections générales (le film s’ouvre sans le dire sur le discours de victoire de Felipe Gonzalez en 1982).

La tentative d’un coup d’État en 1981 n’est plus qu’un mauvais souvenir, tout comme les années de la dictature de Franco. On est heureux, on y croit, aux promesses du PSOE d’alors. Le futur s’annonce radieux.

Sauf que le spectateur de 2014 qui observe la fête, lui, connaît la suite : les erreurs et l’effondrement.

Son réalisateur, Luis Lopez Carrasco, travaille cette matière passionnante – la déception en politique, le rétrécissement des possibles. Et prouve, en quelques scènes de reconstitution historique a priori banales (une fête chez un couple), qu’il a tout compris à l’ampleur de la crise en cours en Espagne. El Futuro, montré au festival de Locarno l’an dernier, et dont on ne désespère pas qu’il sorte un jour en salles en France, est l’un des antidotes les plus efficaces au marasme ambiant en Espagne.


Source : RFI

Espagne Mariano Rajoy

Publié le 22-03-2014 Modifié le 22-03-2014 à 20:21

Espagne : défilé géant à Madrid pour dénoncer l’« urgence sociale »

par RFI

Des milliers de personnes venues des quatre coins de l’Espagne ont convergé, ce samedi 22 mars, dans les rues de la capitale. Certains marchaient depuis près d’un mois depuis l’Andalousie, la Catalogne ou encore les Asturies. Un grand défilé pour dénoncer l’« urgence sociale », notamment le taux de chômage record, 26%, et puis plus largement pour dénoncer la politique du gouvernement. Reportage dans les rues de Madrid.

Avec notre correspondante à Madrid,Martine Pouchard

Les participants aux « marches pour la dignité » sont arrivés à Madrid. Un grand élan contestataire pour, une fois de plus, après tant d’années de crise, dénoncer la rigueur imposée par le gouvernement.

Les manifestants comme Esther et Ramon veulent défendre leurs droits durement acquis : « C’est une injection de solidarité, de dignité comme l’annoncent les marches, mais surtout de solidarité », estime Esther. « C’est une lutte civique du peuple de bas en haut. Elle n’est manipulée par personne. Ici, on trouve ceux qui sont en colère, indignés », explique pour sa part Ramon.

Six millions de chômeurs, des familles dans la pauvreté sans ressources, sans beaucoup d’espoir, certaines expulsées de leur domicile. Même si l’on assiste aux balbutiements d’une sortie de crise, les Espagnols ne croient plus aux promesses de leurs gouvernants qu’ils accusent d’être à la botte de la troïka. Ils parlent d’« urgence sociale ».

A quelques semaines des élections européennes, c’est un coup de semonce pour le gouvernement de Mariano Rajoy. Pour éviter tout incident, le dispositif policier a été renforcé partout dans la capitale. On craint de possibles débordements des plus extrémistes.


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