Hongrie : Assemblée de SOLIDARITE et tribune d’Ildikó Lendvai et commentaire

lundi 5 mai 2014
par  onvaulxmieuxqueca
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l’Association du Mouvement Solidarité a tenu son assemblée á Budapest

Dimanche 27 avril

Ce samedi, le 26 avril, l’Association du Mouvement Solidarité a tenu son assemblée á Budapest. Les participantEs ont d’abord écouté et approuvé le rapport financier de l’année 2013. L’association ne s’est appuyée uniquement sur les cotisations de ses membres. L’association a des groupes de base non seulement á Budapest, mais aussi á Miskolc, Debrecen, Eger, Pécs et dans d’autres villes plus petites.

Péter Kónya, président a raconté un épisode de ses voyages de campagne, quand il s’est arrêté pour prendre un café d’un petit village, où les gens l’ont reconnu et les habitantEs se sont rassembléEs spontanément en quelques minutes pour un vrai forum électoral.

Dans le débat qui suivait le rapport du président, les militantEs ont affirmé que le Mouvement Solidarité, bien qu’incapable de vaincre seul contre le Fidesz, aurait eu de meilleurs résultats aux élections sans l’alliance avec les autres partis de gauche. Les militantEs sont fierEs d’avoir lutté par dévouement et non pas par intérêt personnel comme les "vraiEs” politicienNEs. L’Assemblée a autorisé le présidium à renégocier l’accord de coopération avec le parti Együtt–PM signé en juillet 2013.

Dans la deuxième partie de la journée, les militantEs ont longuement discuté de la tactique et les techniques nécessaires aux élections municipales qui auront lieu cet automne.

Les règles établies par la législation du Fidesz ne sont pas meilleures que celles des élections législatives.

Pour avoir le droit de présenter une liste, il faut que l’organisation présente des candidats individuels dans plus de la moitié des districts.

Ainsi á Budapest seuls ces partis auront une liste au niveau de la capitale s’ils ont des listes dans 12 des 23 arrondissements et ils ne pourront être nommés candidats que s’ils obtiennent la moitié des sièges des conseils d’arrondissements.

Bien sûr, c’est un facteur fort pour pousser les partis de gauche á former une union électorale. Pour le moment, ils se refusent à négocier au niveau national en disant qu’ils privilégient les négociations au niveau local.

Le Mouvement Solidarité se montre pourtant plein de confiance comme le seul mouvement des gens « ordinaires ».

notre correspondant à Budapest
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Commentaire de notre correspondant à Budapest à propos de la tribune d’Ildikó Lendvai du site HULALA

29 avril 2014

Ildikó Lendvai est une des rares politiciennes socialistes qui fait une analyse rigoureuse et précise de la situation actuelle.

Mais sa propre position parmi les dirigeants du PS hongrois montre clairement qu’elle a peu de chance de renouveler ce parti. C’est sur ce canevas qu’on apprécie Ildikó Lendvai comme un vrai personnage politique.

Mais ce temps-là est déjà dépassé.

Pour montrer clairement la différence entre son opinion et celle des militantEs Solidarité, je cite les propos d’Ildikó Lendvai : « il est vital de créer un nouveau terrain pour la vie commune, de favoriser l’essor des collectivités territoriales, d’être à l’écoute des intérêts sociaux et territoriaux » dit-elle.

Les militantEs de Solidarité pensent que ce n’est pas à un parti de créer des nouvelles formes de vie commune, mais aux gens ordinaires de s’en charge eux-mêmes.
Parce qu’ils se méfient de ceux qui prétendent être à l’écoute des intérêts sociaux et territoriaux, pour des but polititiens.

Mais quand il faut faire du boulot, ces Messieurs et Mesdames sont toujours occupés par des choses plus importantes, tout comme « les hommes sérieux » rencontrés par le petit prince de Saint-Exupéry.


Source : Hulala

24 avril 2014 par David Kobrehel

Ildikó Lendvai lance des pistes pour refonder la gauche hongroise

Dans cette tribune libre publiée sur le site NOL.hu, la députée et ex-présidente du parti socialiste (MSZP) Ildikó Lendvai, tire les leçons de la cuisante défaite de la gauche aux élections législatives du 6 avril en Hongrie.

Mme Lendvai propose une refondation complète du parti socialiste et du modèle politique hongrois.

« C’est l’affaire des analystes d’étudier de manière claire et détaillée quelles sont les causes à l’origine de l’échec de l’alternative proposée par les kormányváltók (ndlr : nom de la coalition de gauche), de démontrer en quoi leur « plan A » a échoué. Je n’ai en aucun le droit de pointer qui que ce soit du doigt, puisque j’ai moi-même été l’une des responsables de la défaite de 2010. Ce qui m’intéresse c’est le nouveau départ, c’est le « plan B » que nous allons devoir proposer.

Il m’est d’avis que ce sont l’organisation, la structure du parti et le fonctionnement de la politique qui sont les facteurs à l’origine de la crise actuelle. On le constate d’une manière claire et nette… voire dramatique parmi nos rangs, et d’une certaine façon –certes moins visible et comme camouflée par la victoire –, du côté du Fidesz, également.
Parmi les vecteurs de la crise structurelle de la politique, il y a quatre facteurs dont j’aimerais souligner l’importance :

1 : Nous assistons à la troisième baisse consécutive du taux de participation aux élections. La politique s’est amoindrie, recroquevillée : elle est trop occupée par ses anciennes querelles. Le précipice entre la classe politique et la classe citoyenne s’est élargi.

2 : Les frontières entre les partis, autrefois clairement délimitées, sont remises en question. Le fonctionnement de la droite dirigeante n’est, depuis bien longtemps, plus assimilable à un celui d’un parti classique. La KDNP n’est qu’une figure d’apparat tandis que le Fidesz incarne une autorité hiérarchisée, quasi ecclésiastique, existant sous la forme ritualisée de ses « processions politiques » ; somme toute, le parti a depuis bien longtemps perdu les rênes de la politique gouvernementale. Bien que le Fidesz se soit emparé d’une parti de la rhétorique et de la culture du Jobbik (ndlr : parti d’extrême-droite) son rôle tout-puissant et rassembleur au sein de la droite ne s’est nullement renforcé : bien au contraire, il décline.

Ainsi, il est parvenu – au niveau gouvernemental – à créer une « machinerie » centrale ; néanmoins, les rangs internes du Fidesz se sont dissolus : le parti s’est dichotomisé.

Jusqu’à présent, le véritable danger pour la Hongrie fut l’hégémonie du centre tandis que maintenant une nouvelle menace se dessine : la frontière entre le Fidesz et le Jobbik s’effrite, l’électorat des deux partis peut dès à présent librement voguer entre les deux partis.

Si cette tendance engloutissait la majorité de la population hongroise avec elle, une nouvelle droite populiste, dictatoriale et aux tendances racistes propres jusqu’ici à l’extrême-droite, verrait indubitablement le jour.

3 : Les tentatives des quatre dernières années, tentant de redéfinir les rapports entre les nouvelles organisations civiles et les partis politiques, ont échoué. L’armée politique s’agglomérant autour de la CÖF ne peut être considéré comme étant un modèle raisonnable.

Ces nouvelles organisations civiles et démocratiques sont nées en tant que mouvements contestataires, à la marge des partis politiques. Leurs dirigeants se sont engouffrés dans les méandres des partis politiques, ce qui signa la perte de leurs soubassements civils.

Justement, l’échec des expérimentations de Bajnai est encore plus préjudiciable si l’on adopte ce point de vue. Il était sans doute illusoire de trouver un « milieu », mais l’osmose entre la vie civile et politique semblait être une promesse fertile. Cependant, la vie collective fut une fois de plus en proie aux partis ; la structure reste terne : on ne peut ni la renforcer, encore moins l’anéantir.

4 : Le vieillissement intellectuel de l’élite politique s’est accru. Les sphères civiles et professionnelles ne sont pas à même de faire naître de nouvelles idées au sein de la classe dirigeante ; le renouvellement des élites s’est cantonné au relais inter-générationnel tandis que les rangs ne cessent de s’amincir au fil des années.

Non seulement les « anciens » sont encouragés à rester figés dans ce système, mais ce sort est également le lot des « jeunes ». Le sentiment de « détachement » politique, propre auparavant à l’intelligentsia locale, a dorénavant contaminé les rangs des politiciens. Nous avons une élite recluse, une structure vieillotte et un électorat décrépi tandis que de plus en plus de personnes se sentent comme étant des « sans-abris politiques », elles ne trouvent plus leur place sur l’échiquier politique.

Enfin, on s’intéresse de moins en moins à la politique perse …. les espoirs de naguère tarissent. Nous devons faire face à cette situation d’une façon inédite : cessons tout d’abord d’opposer un parti à l’autre, la défaillance d’un politicien face à celle de son opposant.

Dans une situation pareille, nous ne croyons plus à l’ « effet domino ».

Ce n’est pas parce qu’un parti politique est condamné au trépas ou parce qu’une ou deux personnes seront remplacées que les choses vont changer, que les dominos vont – enfin – s’effondrer.

Le « plan B » devrait s’articuler autour de trois thèmes cruciaux, bien que la liste soit non-exhaustive.

Je vais commencer par le thème le plus important et de surcroît le plus compliqué. Il est évident que, si la structure politique actuelle en est à sa fin, nous devrons édifier la nouvelle structure sur les fondations existantes… avec un plan et des mécanismes foncièrement différents. Nous devrions édifier une vie communautaire et sociale diversifiée en vue d’éradiquer la domination du Fidesz et du Jobbik sur la scène politique.

Cette nouvelle fondation devra non seulement nous préparer à la date butoir de 2018, mais elle aura aussi pour vocation de nous aider à survivre durant les quatre prochaines années. Deux sortes de réseaux, réseaux qui se mueront par la suite en mouvements sociaux, devraient voir le jour.

Nous devons, hélas, nous attendre à l’irrévocable amenuisement du rôle du Parlement tout comme à l’amoindrissement de l’énergie publique.

En contrepartie, il est vital de créer un nouveau terrain pour la vie commune, de favoriser l’essor des collectivités territoriales, d’être à l’écoute des intérêts sociaux et territoriaux ; in fine, nous devrons élargir nos champs d’activité au sein du parlement en créant des mini-réseaux et en nous opposant au régime actuel.

A titre de comparaison, tout comme durant l’ère Kadar (ndlr : Kadar fut le dirigeant de la Hongrie durant le régime communiste entre 1956 et 1988), une « seconde économie », contestataire, devrait voir le jour : permettant, tout comme à l’époque, non seulement de vivre c.à.d. de survivre mais aussi de préparer – en parallèle – le terrain pour les changements à venir.

Le clivage social du pays continuera à se creuser durant ce cycle [2014-2018, jusqu’aux prochaines élections législatives].

La majorité des deux tiers ne pourra maintenir son unité monolithique qu’en s’attaquant aux classes les plus pauvres  : celles étant peu à même de résister ou de voter. Il y aura plus d’enfants affamés, plus d’adolescents « posant problème » qui seront évincés du système éducatif, plus de familles qui ne seront plus capables de payer leurs factures – malgré les nouvelles aides gouvernementales - ; d’aucuns seront exclus des travaux « communautaires » tandis que d’autres ne toucheront plus leur pension d’invalidité.

L’appel à la solidarité n’a cependant d’écho que lorsqu’il sort de la bouche d’une personne étant à même de proposer des solutions pragmatiques et applicables au quotidien.

Il serait intéressant de reprendre et d’élargir les concepts proposés par quelques groupes prônant de véritables « guérillas » d’entraide sociale. A titre d’exemple cette distribution de soupe populaire réunissant des volontaires prêts à distribuer de la nourriture pendant les week-ends.

Ces concepts devraient être élargis : des mouvements similaires pourraient voir le jour ; d’autres types d’assistance pourraient être fondées à partir de communautés nouvelles et/ou crées ex nihilo.

Une nouvelle armée du salut verrait le jour : elle compterait des bataillons hétéroclites de volontaires en tout genre : on s’attèlerait à la garde et à l’éducation des enfants, on s’attaquerait au problème des bidonvilles et des quartiers paupérisés, on mettrait un frein à la faim qui ronge les populations infantiles : somme toute, ces personnes deviendraient les avocats du peuple.

Ces mouvements ne serviraient nulle finalité politique en soi, bien qu’ils participeraient naturellement au renouveau de la scène politique par le biais de partenariats fructueux entre la société civile et politique. Enfin, et surtout, ces mouvements empêcheraient le régime d’Orbán d’annihiler la solidarité intra muros de notre pays.

La seconde étape est la suite logique de celle énoncée préalablement : les partis politiques devraient être capables d’organiser ce genre de mouvements sociaux. Il faut que cela se fasse d’une manière flexible, ouverte – « humble » si l’on préfère -, pour que, grâce à leur aide, ces mouvements bouillonnants puissent devenir, à terme et à leur tour, des partis politiques éligibles.

La troisième « leçon » concerne les partis actuels : le MSZP, tout comme les autres, devra discuter des questions qui le mettent mal à l’aise, des problématiques qu’il a, jusqu’à maintenant, évitées. Posons-nous la question suivante :
« Devrions-nous parler à tout prix de la démocratie lorsque l’on sait que ce n’est pas ce qui préoccupe vraiment les pauvres ? ». Évitons cependant de disséquer des problèmes qui divisent, tels ceux relatifs aux populations rom. La gauche s’effondre-t-elle à cause du manque de pain et de démocratie ?

Pour contrer l’hégémonie du Fidesz et la poussée du Jobbik, nous devrions en tout cas éviter d’adopter leurs stratagèmes : gardons-nous de proposer un régime centralisé et axé autour d’un chef autoritaire ; mais gardons-nous également, contrairement au Jobbik, de proposer un système liberticide au nom d’un ordre illusoire. Nous avons besoin d’un « plan B » mais il faut que ce « plan B » soit le nôtre. »


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