Canada : Le risque d’être victime de violence est trois fois et demie plus élevé chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones.

lundi 12 mai 2014
par  onvaulxmieuxqueca
popularité : 20%

Source : Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (Canada )

« Levez-vous, maintenant, femmes de ce jour ! » Le STTP souligne la fête des Mères en appuyant la lutte nationale visant à contrer les assassinats et disparitions de femmes autochtones

Le 29 avril 2014 -

La fête des Mères, qui aura lieu le 11 mai prochain, est une journée où les gens offrent des fleurs et des cadeaux à leur mère.

Cependant, l’origine de cette fête prend racine dans la lutte pour mettre fin à la violence.
En 1870, Julia Ward Howe a écrit la proclamation de la fête des Mères pour faire appel aux femmes de partout afin qu’ensemble elles trouvent le moyen de rétablir la paix. Voici les premières strophes de la proclamation :

Levez-vous, maintenant, femmes de ce jour !

Levez-vous, toutes celles qui ont des cœurs, que votre baptême soit celui de l’eau ou des larmes !
Dites fermement :

« Nous ne voulons pas que les questions importantes soient tranchées par des organisations inadéquates.

Nos maris ne devraient pas venir à nous, puant le carnage, pour solliciter des caresses et des applaudissements.

Nos fils ne devraient pas nous être enlevés pour qu’on leur désapprenne tout ce que nous leur avons enseigné sur la charité, la clémence et la patience.

Lutte nationale visant à contrer les assassinats et disparitions de femmes autochtones

Le 11 mai prochain, jour de la fête des Mères, le STTP joindra sa voix à celle de l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC)* pour demander que des mesures positives soient prises à l’échelle nationale pour contrer la violence à l’endroit des femmes et des jeunes filles autochtones. Le 14 février dernier, l’AFAC a remis au gouvernement fédéral une pétition signée par plus de 23 000 Canadiens et Canadiennes qui appuient les démarches de l’AFAC visant la tenue d’une enquête publique nationale et la mise en place d’un plan d’action national.

Grâce à l’initiative de l’organisme les « Sœurs par l’esprit », qui s’est déroulée de 2005 à 2010, l’AFAC a réussi à identifier 582 femmes et jeunes filles autochtones assassinées ou portées disparues. De récents rapports font état de plus de 800 cas de disparition ou d’assassinat de femmes et de jeunes filles autochtones : des mères, des tantes, des grand-mères, des filles et des sœurs.

Le risque d’être victime de violence est trois fois et demie plus élevé chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones. De plus, le risque d’être assassinée par leur conjoint est huit fois plus élevé chez les femmes autochtones que chez les femmes non autochtones. Les femmes autochtones demeurent le groupe dont le risque d’être victimes de violence est le plus élevé au pays.

Mesures gouvernementales insuffisantes

Le gouvernement Harper ne cesse de répéter qu’il agit dans le but de contrer la violence qui s’exerce contre les femmes et les jeunes filles autochtones. Cependant, le Comité spécial formé pour se pencher sur ce dossier ne comptait aucun membre provenant d’organismes autochtones comme l’AFAC, et le rapport qu’il a déposé le 6 mars dernier ne traite pas des besoins propres aux femmes et aux jeunes filles autochtones, groupe qui court le plus grand risque d’être victime de violence.

Seules cinq des 16 recommandations formulées par le Comité spécial se rapportent précisément aux femmes et aux jeunes filles autochtones. De plus, ces recommandations renforcent les priorités actuelles du gouvernement fédéral. Ce dernier a réduit le financement et le soutien destinés aux initiatives visant à contrer la violence à l’endroit des femmes et des jeunes filles autochtones.

Après sa récente visite au Canada, James Anaya, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, a déclaré, à propos des mesures du gouvernement Harper :

« [elles] sont insuffisantes, ne répondent pas pleinement aux besoins urgents des peuples autochtones et ne protègent pas non plus comme il se doit leurs droits en tant qu’Autochtones ni leurs droits prévus dans les traités. Les mesures gouvernementales ne permettent pas d’établir des relations fondées sur la confiance mutuelle et les aspirations communes. Les préoccupations et le bien-être des peuples autochtones méritent de figurer au haut de la liste des priorités de tous les paliers de gouvernement et au sein de tous les ministères. »

Voilà pourquoi le 11 mai prochain, jour de la fête des Mères, et tous les jours, il faut dénoncer cette situation et exiger du gouvernement qu’il prenne de véritables mesures pour que cessent les assassinats et les disparitions de femmes et de jeunes filles autochtones.
Solidarité,

Denis Lemelin
Président national

Gayle Bossenberry
1re vice-présidente nationale


l’Association des femmes autochtones du Canada (AFAC)
* http://www.nwac.ca/fr


Source : Radio Canada

Femmes autochtones disparues ou assassinées

Mise à jour le mardi 27 novembre 2012

Des centaines de femmes autochtones ont été portées disparues ou assassinées au cours des dernières décennies, tant dans des régions éloignées, qu’au coeur des grandes villes du pays.

Un rapport de 2009 de Statistique Canada révèle que les femmes autochtones sont trois fois plus susceptibles que les femmes non autochtones à déclarer être victimes de violence. Elles sont aussi surreprésentées à titre de victimes d’homicides.

Depuis l’été 2012, l’Assemblée des Premières Nations et d’autres groupes revendiquent une commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones portées disparues ou assassinées. L’Assemblée estime que 600 d’entre elles ont connu ce sort au pays, au cours des deux dernières décennies.

En juin 2012, les chefs autochtones ont lancé un ultimatum au gouvernement fédéral, exigeant la mise en place d’une telle commission d’enquête, sans quoi un mouvement national serait déclenché.

Ils ont par la suite répété la requête à plusieurs reprises, notamment lors du Conseil de la fédération, à l’occasion d’une marche à Ottawa et lors d’une manifestation au Manitoba. Plus tard, des chefs de Premières Nations et des ministres provinciaux ont également participé à un sommet de deux jours sur le sujet.

Ottawa estime travailler à régler le problème en finançant une base de données qui permet aux autorités policières de partager des informations sur ces cas de femmes disparues ou assassinées.

Les provinces de l’Ouest ont quant à elles manifesté le désir de s’attaquer à la violence faite aux femmes autochtones lors d’une rencontre en 2011. Elles font toutefois valoir que des ressources y sont déjà allouées et que des initiatives ont cours au pays, comme des commissions d’enquête provinciales ou policières.

Enquête publique et policière en Colombie-Britannique

En Colombie-Britannique, la commission Oppal tente de comprendre pour quelles raisons les policiers de Vancouver n’ont pas réussi à arrêter plus tôt le tueur en série Robert Pickton, qui a sévi dans le quartier Downtown Eastside et dont bon nombre des victimes étaient Autochtones.

Elle s’intéresse également aux 18 femmes disparues ou assassinées le long de la route 16, surnommée la « route des larmes », dans le nord de la province, entre Prince George et Prince Rupert.

Une enquête critiquée

Avant le début des audiences, la commission a essuyé plusieurs critiques, notamment en raison du refus du gouvernement de financer les frais juridiques d’organismes représentant les prostituées et les Autochtones. De nombreux organismes ont finalement boycotté les travaux qui ont dû être ajournés en raison de la démission de l’avocate représentant les intérêts des Autochtones.

Cette dernière n’appréciait pas la tournure de l’enquête qui a, selon elle, fait trop de place aux témoignages de policiers et pas suffisamment à ceux des proches des victimes.

Des Autochtones du même avis ont marqué le dernier jour de l’enquête publique en juin 2012 par une manifestation et une cérémonie autochtone.
Le commissaire Wally Oppal doit rendre son rapport au gouvernement quelques mois plus tard, à l’automne.

Parallèlement, le projet E-PANA enquête sur le meurtre de 15 femmes et la disparition de trois autres sur « l’autoroute des larmes », dans le nord de la Colombie-Britannique.

Enquêtes policières en Alberta et au Manitoba

L’Alberta compte aussi son lot de femmes autochtones victimes de violence. Le projet Kare, une unité policière, y enquête sur les personnes disparues qui mènent une vie jugée à haut risque. La brigade a notamment identifié les restes de Rene Lynn Gunning et Krystle Knott, retrouvées à Grande Prairie en 2011. Les jeunes Autochtones, originaires de Fort St-John en Colombie-Britannique, étaient disparues depuis 2005.

Au Manitoba, l’unité Project Devote avait d’abord pour mandat d’étudier 84 dossiers de femmes assassinées ou disparues dans la province, mais à partir de mai 2011, elle a concentré son travail sur 28 cas plus particuliers, dont un qui porte sur un homme.

Les travaux de l’équipe ont mené en juin 2012 à l’arrestation d’un homme pour les meurtres de Carolyn Sinclair, Lorna Blacksmith et Tanya Nepinak, trois jeunes femmes autochtones.

Un fléau qui mérite une enquête particulière

Shawn Atleo, le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, souhaite qu’une enquête se penche sur les femmes autochtones seulement et qu’elle permette de faire la lumière sur la façon dont les corps policiers du pays ont mené leurs investigations sur les cas impliquant ces femmes.
Il souhaiterait aussi une analyse plus en profondeur des facteurs économiques et sociaux qui rendent les femmes autochtones plus susceptibles d’être victimes de violence.


Portfolio

JPEG - 23 kio

Commentaires