Aux Glières, l’héritage des résistants est une arme moderne

mardi 3 juin 2014
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : L’Humanité

Aux Glières, l’héritage des résistants est une arme moderne

Aurélien Soucheyre
Lundi, 2 Juin, 2014

Le 8e rassemblement des Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui a eu lieu ce week-end sur le plateau des Glières, en Haute-Savoie. Contre la montée de l’extrême droite, c’est à des "jours heureux" 2.0 qu’ont travaillé les très nombreux participants.

C’était il y a 70 ans. En mars 1944, le Conseil national de la Résistance (CNR) adoptait son programme politique.

Onze jours plus tard, les maquisards affrontaient pour la première fois les forces nazies et vichystes sur le plateau des Glières (Haute-Savoie). Un site magnifique qui, non content d’évoquer la Résistance, l’incarne chaque année depuis 2007 avec le rassemblement des Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui (Crha).

Ce dimanche 1er juin, ils sont plus de 2 000 à écouter ceux qui luttent pour un monde plus juste. Entre montagnes et forêts, sous un ciel radieux, sept personnalités prennent la parole. «  Cette année plus encore, ce rassemblement est plus que nécessaire : il est indispensable. On constate dans notre belle France une montée du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie. De tout ce qui a fait la lie du nazisme  », regrette Julien Lauprêtre. Ancien résistant communiste, il raconte comment Missak Manouchian lui a lancé, avant d’être fusillé : «  Dehors, il faudra continuer à te battre. La société est trop injuste !  » Il n’a eu cesse de le faire depuis, au sein du Secours populaire dont il est président.

Dans les esprits, bien sûr, la victoire du FN aux européennes. «  C’est très grave ce qui s’est passé. Les gens savaient que le FN allait gagner et ils ne sont pas allés voter  », s’alarme Vincent Bordenave, de l’Unef. L’actualité de ce rassemblement est ainsi d’autant plus prégnante, une semaine après le scrutin, que son histoire est déjà longue. «  L’association a été fondée en 2008, en réaction à la venue de Nicolas Sarkozy. Il s’agissait de l’empêcher de récupérer ce lieu de mémoire.

Puis c’est devenu un rendez-vous régulier, que l’on étoffe d’année en année. C’est ici que Stéphane Hessel a prononcé pour la première fois son fameux discours, Indignez-vous !  » raconte Gilles Perret, l’un des fondateurs du mouvement.

La parole y est passée d’un combat et d’une génération à l’autre, avec la même détermination. Laurent Pinatel, de la Confédération paysanne, et le Malien Massa Koné, de Nox Vox, se battent contre l’industrialisation de l’agriculture et l’accaparement des terres.

Leurs témoignages forts ont ému la foule. Christian Garrette, poursuivi pour activités syndicales à La Poste, donne, lui, une leçon de persévérance et appelle au combat face au démantèlement des services publics. L’objectif, aussi, de Jean-Jacques Tanquerel, médecin, qui lutte contre la marchandisation des soins et la vente des dossiers médicaux à des sociétés privées. Engagement qu’il a lourdement payé en étant mis au placard et attaqué en justice par son directeur d’hôpital.

Germain Sarhy, d’Emmaüs, et Cécile Rol-Tanguy, malgré son absence pour raisons de santé, appellent à leur tour à se dresser face au libéralisme économique qui asservit les êtres humains. En cette année de solidarité avec le peuple palestinien décrétée par l’ONU, la tribune accueille naturellement Jamal Hweil, compagnon de prison de Marwan Barghouti, acclamé. Enfin, Walter Bassan, résistant déporté à Dachau, revient sur les valeurs républicaines et indispensables du programme du CNR.

Des mots qui étaient sur toutes les lèvres, la veille, lors du forum organisé dans la commune voisine de Thorens-Glières. Car Gilles Perret a aussi réalisé le documentaire les Jours heureux, qui remet à l’honneur l’héritage politique des résistants.

Au milieu des stands, des débats et des projections, les participants étaient invités à découvrir un CNR 2.0, pour aller vers de nouveaux jours heureux. Un gouvernement fictif y a pris ses fonctions le temps d’un débat. Au programme de cette union de la gauche progressiste : nationalisation des banques et contrôle de la finance, sortie du nucléaire, droit opposable à l’emploi, non-remboursement de la dette, refus du grand marché transatlantique, renforcement des services publics et de la Sécurité sociale, retraite à 60 ans, médias indépendants, etc.

«  Lutter contre le libéralisme, c’est aussi lutter contre le fascisme, conclut François Astolfi, de la CGT, car le désarroi social crée des monstres comme le nazisme. Fragiliser une société amène toujours à une confrontation et une dislocation.

En face, les puissances de l’argent préféreront toujours le Front national au Front de gauche.  »
Dans votre quotidien du 30 mai 2014
François Hollande, un président sans voix


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