Hongrie : Viktor Orbán, à droite toute !

mardi 12 mai 2015
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : La Libre (Belgique)

Hongrie : Viktor Orbán, à droite toute !

Corentin Léotard>Correspondant en Hongrie Publié le dimanche 03 mai 2015

Immigration zéro et peine de mort : le parti conservateur Fidesz, en grande difficulté, s’approprie les thèmes de l’extrême droite hongroise.}

"Orbán le populiste prend un chemin très dangereux. Il essaie de manipuler l’opinion publique pour retrouver sa popularité, mais ça ne va faire que renforcer la xénophobie." Sur le plateau de la chaîne de télévision de l’opposition de gauche ATV, Gàbor Kuncze, ancien ministre de l’Intérieur et figure du défunt parti libéral SZDSZ, fustige l’exploitation par le Premier ministre du thème de l’immigration. "Sa prochaine idée, ce sera quoi ? Sûrement la peine de mort, la castration chimique ? !"

Justement. S’exprimant mardi sur un fait divers sordide,
le Premier ministre a considéré que "la question de la peine de mort doit être mise à l’ordre du jour en Hongrie, la dissuasion est nécessaire", alors que le Code pénal prévoit déjà la réclusion à perpétuité incompressible et que l’abolition de la peine capitale est une condition préalable à l’entrée dans l’Union européenne.

Migrants ou nationaux ?

Quelques jours plus tôt, le gouvernement avait annoncé une consultation nationale sur la question de l’immigration clandestine.

Il est vrai que le nombre de demandes d’asile a été multiplié par dix en 2014 (43 000), faisant de la Hongrie le 2e pays européen pour le nombre de demandes d’asile par habitant ;

la Hongrie est essentiellement un pays de transit vers l’Europe de l’Ouest pour les migrants en provenance du Kosovo, de Syrie et d’Asie centrale.

En douze questions aussi directes que biaisées, adressées aux Hongrois, il interroge en substance :

voulez-vous que la Hongrie accueille des immigrants et soit victime d’un attentat comme cela s’est produit en France, ou que le gouvernement privilégie les familles hongroises et la natalité ?

Après sa lourde défaite face au parti d’extrême droite Jobbik lors d’une élection partielle, le 12 avril, le Fidesz a connu un moment de flottement :

quelle stratégie employer pour reconquérir les nombreux électeurs déçus par le gouvernement, qui vont grossir les rangs de l’abstention ou rejoignent le Jobbik ?

Par calcul politique, Viktor Orbán choisit donc la tolérance zéro sur l’immigration clandestine, comme cela avait été réclamé par l’extrême droite en réaction aux attentats à Paris en janvier, et d’accorder le débat sur le rétablissement de la peine de mort, qu’il lui avait refusé en 2012.

Orbán s’inspire de Sarkozy

Cela n’échappe pas aux observateurs hongrois : la relation entre le Fidesz et le Jobbik est très analogue à celle entre l’UMP et le FN en France.

Le Jobbik s’inspire de la stratégie de dédiabolisation du Front national menée par Marine Le Pen, tandis que le Fidesz a étudié de très près la campagne qui a porté Nicolas Sarkozy au pouvoir en 2007, selon le quotidien de centre-gauche Népszabadság.

Ce journal a mis en lumière, cette semaine, des liens entre la droite française et Arpád Habony, le conseiller de l’ombre du Premier ministre, qui serait à l’origine de la stratégie de droitisation actuelle.

Cette stratégie peut-elle circonscrire la menace Jobbik ?

Ou va-t-elle la renforcer ?

Pour un journaliste hongrois souhaitant rester anonyme, "la réponse du gouvernement est complètement à côté de la plaque car ce n’est pas en raison d’une supposée ‘mollesse idéologique’ que les électeurs se détournent du Fidesz, mais à cause des affaires, de l’arrogance…"

Le Fidesz aime se concevoir comme une force centrale prise entre deux extrêmes, à gauche et à droite, s’affaiblissant mutuellement.

"Cela a assez bien marché jusqu’à l’an dernier", estime l’analyste politique Robert László, "mais les choses ont changé et aujourd’hui il n’y a plus de limites à l’expansion du Jobbik." A l’heure actuelle, la gauche restant invisible et inaudible,

voter contre Viktor Orbán, c’est voter pour le Jobbik. Le Fidesz centriste-conservateur, accaparé par ses éléments les plus à droite, a laissé place à un parti national-populiste qui court après l’extrême droite et lui fait, finalement, la courte échelle.

Ces trois années avant les prochaines législatives vont être périlleuses.


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