Le Guatemala et le Honduras sous pression internationale à la suite d’assassinats de syndicalistes

lundi 19 octobre 2015
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Labourstart
19 octobre 2015

Le Guatemala et le Honduras sous pression internationale à la suite d’assassinats de syndicalistes

par Tula Connell

Le 24 septembre 2015, Mynor Rolando Ramos Castillo, un agent municipal de Jalapa, une ville au sud-est du Guatemala, a été abattu devant chez lui. Sa famille est parvenue à interpeller le criminel et à le remettre à la police. Ce dernier a reconnu avoir accepté la mission pour 1500 quetzales guatémaltèques, soit environ 195 dollars US.

Des passants derrière des rubans que la police a tirés pour protéger une scène de crime à Guatemala City. Depuis 2007, plus de 70 syndicalistes ont été assassinés.
(AP/Rodrigo Abd)

Si Mynor Rolando Ramos Castillo est le premier militant syndical tué cette année au Guatemala, plus de 70 syndicalistes ont trouvé la mort depuis 2007 dans ce pays où les tensions entre autorités et organisations syndicales sont constantes.

Mynor Rolando Ramos Castillo était membre du Sindicato de Trabajadores de la Municipalidad de Jalapa (SITRAMJ), le syndicat des agents municipaux de la ville, et figurait parmi les 183 travailleurs qui avaient contesté leur licenciement illégal et obtenu un ordre de réintégration de la justice.

Au cours des deux dernières années, il avait été renvoyé, réintégré et à nouveau renvoyé, et attendait que le maire de la ville respecte la décision de réintégrer les travailleurs et de leur verser les arriérés de salaires.

Selon les dirigeants du syndicat, Mynor Rolando Ramos Castillo et d’autres agents licenciés étaient harcelés par des responsables de la ville pour leurs activités syndicales.

Il est le sixième membre du syndicat à être assassiné.

L’année passée, en mai, Luis Arnoldo Lόpez Esteban, un responsable syndical du secteur des transports, a été tué à Jutiapa. Marlon Dagoberto Vásquez Lόpez, 19 ans, membre du réseau des jeunes syndicalistes et du syndicat des ouvriers de la construction, a été assassiné en janvier 2014.

Cette année, les Guatémaltèques ont manifesté en nombre pendant des mois pour exiger la transparence, la démocratie, une responsabilisation et un accès à la justice.
Ces pressions ont abouti à la démission du président, Otto Perez Molina, et à son arrestation.

Par ailleurs, plus de 15 responsables gouvernementaux de haut rang ont été impliqués dans un vaste scandale de corruption.

Au niveau des autorités locales, les travailleurs municipaux expliquent que la corruption omniprésente est à l’origine de vols réguliers de salaires, du harcèlement que subissent les travailleurs qui s’organisent pour améliorer leurs lieux de travail, de licenciements illégaux et d’autres actes de représailles.

Violence persistante

Malgré une violence persistante à l’encontre des syndicalistes – assassinats, torture, enlèvements, cambriolages et menaces de mort – peu d’auteurs sont poursuivis en justice.

Fait inédit jusqu’à présent, l’année dernière, le gouvernement des États-Unis a accepté de lancer une procédure d’arbitrage international contre le Guatemala pour des infractions aux droits du travail en vertu du Traité de libre-échange entre les États-Unis et les pays d’Amérique centrale (CAFTA).

Il s’agissait de la première fois qu’un pays demandait un arbitrage international contre une autre nation pour des infractions des normes du travail et faisait suite à l’échec du Guatemala de mettre en œuvre un plan de 18 points visant à en finir avec les violations des droits des travailleurs.

Le contentieux remonte à 2008, lorsque six syndicats guatémaltèques et la centrale syndicale américaine, AFL-CIO, ont déposé plainte auprès du ministère du Commerce des États-Unis.

De la même façon, des syndicalistes honduriens estiment que leur gouvernement ne respecte pas les dispositions du CAFTA : cette année, un dirigeant syndical a en effet été assassiné, un autre a subitement disparu et est présumé mort, et de nombreux autres ont été menacés et harcelés.

En mars 2012, l’AFL-CIO et 26 syndicats et organisations de la société civile du Honduras ont déposé plainte en vertu du chapitre sur le travail du CAFTA que le ministère du Commerce et des Relations de travail des États-Unis a accepté en 2014.
Dans un rapport de février 2015, le ministère a précisé que le Honduras n’avait pratiquement fait aucun progrès depuis lors.

Alors qu’elle dénonçait l’assassinat de Mynor Rolando Ramos Castillo, la Confederaciόn de Unidad Sindical de Guatemala (CUSG) a annoncé qu’elle présenterait le cas au tribunal administratif de l’Organisation internationale du Travail (OIT).

Le tribunal siège en novembre pour discuter du Guatemala qui a ratifié des normes de l’OIT, mais ne les respecte pas. Il s’agit notamment de la convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical.

La CUSG a également répété l’appel de la Confédération syndicale internationale (CSI) en faveur de la création d’une commission d’enquête de l’OIT pour « aider à la mise en place d’un espace nécessaire pour la discussion et la consultation ».

L’OIT établit une telle commission lorsqu’un État Membre est accusé de violations graves et répétées et qu’il a refusé à plusieurs reprises d’y apporter une solution.

Pour la CSI, il est justifié de mettre en place cette commission puisque le gouvernement « ne dispose d’aucun mécanisme de prévention efficace pour protéger les travailleurs d’actes de violence ni n’investigue de façon crédible et effective en vue de poursuivre les responsables ».


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