LICENCIEMENTS . Didier Bille, le sniper des RH

vendredi 18 décembre 2020
par  onvaulxmieuxqueca
popularité : 39%

Les licenciements sources de profit, pour les plus riches qui ne créaient pas richesses pour les biens communs.
France Culture vient de diffuser un excellent documentaire sur ce sujet.
Bien que nous ayons fortement envie de botter le cul au témoin, il nous faut le remercier chaleureusement pour son témoignage aussi précis et sans détour.

On Vaulx Mieux Que Ca.


Source : France Culture

Didier Bille, le sniper des RH

En vingt-cinq ans de carrière, Didier Bille a licencié plus de mille salariés au sein de grandes entreprises. Il raconte les pratiques des ressources humaines qui instaurent une "culture de la peur". Un récit sans honte ni tabou.

Procédures collectives, par volontariat, licenciements individuels : Didier Bille a utilisé toutes les ressources à sa disposition pour se séparer des employés.

• Crédits : FangXiaNuo - Getty

Didier a été le sniper des ressources humaines de grandes entreprises : il a licencié plus d’un millier de personnes au cours de ses vingt-cinq ans de carrière. Il raconte les pratiques des RH qui instaurent une "culture de la peur". Il parle de son travail avec le vocabulaire d’un tueur à gage. Il dit faire le travail comme ceux qui acceptent un contrat, tuent froidement, sans état d’âme mais dans les règles, propre, sans bavures.

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Il lui importe que ça se passe bien, une mise à mort sans souffrance, sans cri, ni débordement, sans faire de tâche, un coup sec, rapide, efficace. Il fait un sale boulot, il le sait, mais en le faisant comme ça, en le faisant au mieux qu’il peut, il pense qu’il limite les dégâts, la casse, qu’un autre ferait ça plus mal. Un récit sans honte ni tabou.

Après une première vie d’officier, Didier devient ingénieur et commence à travailler dans une usine d’environ mille personnes, dans l’électronique. Avec l’explosion de la bulle internet, l’activité de l’usine se met à décroître très soudainement.
Au début, on ne nous a pas demandé de faire partir les gens. On nous a demandé de les classer, et on m’a demandé que les moins bons représentent environ 15% des gens.

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Ce premier contact avec des méthodes un peu rudes, j’ai réussi à le faire passer de manière "soft". Mais ça ne s’est pas arrêté là : le groupe m’a demandé de tenir en permanence, cette liste de 5% d’individus classés comme mauvais, que l’on ferait partir et que l’on remplacerait régulièrement.

Finalement, Didier Bille fait partir 250 personnes, avec qui il négocie des compensations financières afin d’éviter les procès aux prud’hommes.

Le fait de pouvoir payer les gens me permet de ne pas avoir trop mauvaise conscience. L’argent est un anesthésiant, un lubrifiant, un cicatrisant.

Après cette première expérience, Didier Bille rejoint une autre société qui se porte mal financièrement. Il se trouve rapidement confronté à des budgets bloqués et une volonté claire du groupe de réduire les effectifs. Didier Bille est alors amené à conduire ce qu’il appelle des "licenciements au fil de l’eau". Avec un objectif : faire partir cinq personnes par mois.

Les managers devaient nous fournir les cibles et un argument. Même si celui-ci était bénin, ne tenait pas la route, la question n’était pas là. Nous avions l’obligation formelle, militaire, de les licencier.

Si une personne choisissait la voie conflictuelle, nous cherchions, avec son manager, une broutille, que j’allais ensuite pouvoir monter en épingle. Je demandais au manager : "Tu as, quelque chose dans ton dossier ?" et on exposait ensuite à la victime ce qu’on lui reprochait.

En 25 ans, Didier Bille estime avoir licencié environ un millier de personnes.
Le rapport de force entre l’entreprise et le salarié est tel que le salarié, face à elle, n’a aucune chance.

Ce que j’ai fait, j’ai pu le faire parce que la loi l’autorise, que les sanctions sont insignifiantes, parce que les syndicats ne s’opposent pas beaucoup et que les salariés eux-mêmes ne se mobilisent pas pour se défendre les uns les autres.
Pourtant, un beau jour, à la suite d’un licenciement un peu plus difficile que les autres, il a arrêté de faire le travail, il a décidé de partir, et apparemment rien de catastrophique ne s’en est suivi pour lui. Aujourd’hui, il décide de raconter tout ce qu’il a fait par le menu et à qui veut l’entendre.

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