Le Nobel de la paix : une chaise vide…2011 et 1935, CARL VON OSSIETZKY, un pacifique allemand anti-nazi arrêté en février 1933, et enfermé dans un camp de concentration.
par
popularité : 45%
Le Nobel de la paix 2011 : une chaise vide…
Liu Xiaobo, actuellement incarcéré en Chine, ne peut-être présent à la remise de son prix ce vendredi 10 décembre à Oslo. L’actualité permet de rappel qu’un autre prix Nobel de la paix, CARL VON OSSIETZKY, un pacifique allemand anti-nazi arrêté en février 1933, et enfermé dans un camp de concentration n’avait pas pu venir chercher son prix…
ANNE SIZAIRE extrait de son livre « LES ROSES DU MAL . Résistants allemands au nazisme. ». édition Aléas A lire absolument.
Automne 1935. Dachau.
CARL VON OSSIETZKY sourit. Le sourire de la force intérieure. Celle qui ne se laissera jamais briser ni par la peur ni par la mort.
Carl, un des premiers prisonniers de Dachau, le vétéran des camps, prêt pour accueillir ses hôtes dès février 1933, vient de gagner son plus grand combat contre lui-même, sa plus haute victoire morale contre le régime : il n ’a pas cédé,
Le matin même, le maréchal Goering en personne s ’est déplacé pour le voir lui Carl Von Ossietzky. L ’entrevue fut courte et le dignitaire nazi repartit rapidement, l ’air encore un peu plus congestionné que d ’ordinaire.
Carl a regagné sa baraque, convaincu d’y subir encore d’insipides et terribles jours de souffrance et pourtant libre, douloureusement et totalement libre, Indomptable.
Goering est venu le voir pour lui annoncer que le prix Nobel de la paix venait de lui être décerné Il lui a ensuite demandé de s’engager à renoncer à ce prix et à ne plus formuler aucune critique contre le national- socialisme, en échange de quoi il serait libéré et même largement payé…
Carl a réfléchi un moment, il a pris son temps, et puis, tout simplement, il a dit
NON….
NON à cette unique Chance de quitter le monde concentrationnaire.
Non parce qu’il est impossible de s ’engager à ne pas tout faire pour enrayer la machine à tuer du nazisme.
Donc, il restera à Dachau…..
En 1935 il a 46 ans et des années de lutte non-violente derrière lui.
Avant même la première guerre mondiale, il se fait remarquer par ses positions pacifistes, plaidant pour un désarmement international. Il correspond avec Romain Rolland et les deux hommes sont aussi mal vus l ’un que l ’autre, de chaque côté du Rhin….
Mobilisé et envoyé sur le front en 1916, il en revient plus que jamais révolté par l ’inutile et vaine souffrance de la guerre et conforté dans ses convictions anti-militaristes.
En 1927, il devient le rédacteur en chef de la « Tribune du Monde » hebdomadaire républicain intransigeant sur les valeurs démocratiques et, surtout, journal antimilitariste le plus célèbre et le plus détesté d ’Allemagne.L ’enquête de l ’un de ses journalistes sur le réarmement de la Reichwehr lui vaudra, 18 mois de prison, en 1931.
Relâché en décembre 1932, sous la République de Weimar,il est à nouveau arrêté, trois mois plus tard, par le régime nazi… ce jour-là, la gestapo ramène dans sa nasse Ernst Thälmann, le communiste, Erich Mühsam, l ’anarchiste et Carl, le pacifiste……..
En 1938 Carl Von Ossietsky est transféré directement du camp à l ’hôpital où il va mourir, le 5 mai, le corps ravagé par la tuberculose mais l ’esprit toujours aussi libre.
Résistant magnifique, il laisse le témoignage d ’un courage immense et scandaleusement méconnu.
ANNE SIZAIRE extrait de son livre « LES ROSES DU MAL . Résistants allemands au nazisme. ». édition Aléas A lire absolument.
« Nous ne pouvons en appeler à la conscience du monde quand notre propre conscience est endormie. » |
Commentaires