Scène politique hongroise révélatrice d’un poison ambiant.

jeudi 7 juillet 2011
par  onvaulxmieuxqueca
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Brèves Hongroise : Scène politique hongroise révélatrice d’un poison ambiant.

Au moment où le premier ministre de Hongrie Viktor Orbán donne le drapeau de l’UE à Kaczynski (Pologne), la loi sur les médias entre en vigneur. Le secrétaire d’Etat de la communication a tout de suite lancé une procédure contre le journal Népszava Online(8 juin 2011) pour avoir publier un commentaire d’un lecteur à l’occasion de l’enterrement de l’ex-Président Ferenc Mádl qui aurait préferé aller à celui de Orbán.

Nous attendons la décision du commissaire des médias.

Trois hauts fonctionnaires de l’Office de la Défense Nationale (niveau de ministres) ont été mis en examen un par un, d’abord pour corruption et délits financiers. Pendant les enquêtes un cas a été transformé en accusation pour espionnage.

Jusqu’à maintenant aucun détail n’a été publié dans la presse.
Il est pourtant clair que ce sont des procès politiques : un coup pour neutraliser l’opposition socialiste.

Il semble que le véritable but de ces arrestations soit de voiler les graves problèmes de l’économie et de la scène sociale (santé, éducation, retraite).

Scène politique hongroise révélatrice d’un poison ambiant

Le sport et la politique hongrois

Au parlement, un député de Jobbik, le dr. Lenhardt a exprimé sa joie de voir le club de foot MTK éliminé de la première division. Le député d’extrême-droite s’est permis de dire que ce club « fierté de Lipótváros [Quartier traditionnellement des juifs riches de Budapest – M.Cs.] est un corps étranger dans le sport du pays ».

Pour mieux comprendre le sport hongrois il faut prendre en compte que le grand rival du MTK est le FTC soutenu bruyamment par les éléments d’extrême-droite et qui a regagné la première division il y a un an seulement. (Récemment une thèse de master a analysé quatre formations de ces supporteurs extrémistes.)

Ni le président du parlement, ni le Président de l’État – ancien escrimeur dans les couleurs du MTK (!) – ne sont intervenus pour redresser les propos antisémites du dr Lenhardt.

Autre scène politique.

SzDSz L’Alliance des démocrates libres –libérale-est classée comme centre gauche. Le mot libéral n’a pas tout a fait le même sens qu’en France.

Le SzDSz vient de publier dans son journal électronique SZabaDSZáj (Parole libre) que le Comité national des élections (OVB) avait rejeté quatre demandes de référendum déposées par le SzDSz et une autre formation libérale, SZEMA

Les questions à ces référendums sont les suivantes :

1) Etes-vous d’accord que chaque citoyen continue à avoir le droit de demander à la Cour constitutionnelle de s’exprimer au cas où une règle juridique n’est pas conforme à la Constitution ?

2) Etes-vous d’accord que le Conseil du budget soit au dessus du parlement ?

3) Etes-vous d’accord qu’un ombudsman (médiateur) spécialisé pour la défense des données personnelles soit maintenu, et que les données d’intérêt public ne soient pas tenues au secret ?

4) Etes-vous d’accord que les femmes enceintes aient le droit d’avorter, jusqu’à la 12ième semaine de la grossesse ?

Ces quatre demandes de référendum correspondent de fait aux changements de la constitution par le parlement dans la nouvelle « Loi de base ». Cette « loi de base » doit rentrer en vigueur le 1er janvier 2012.

Comité national des élections (OVB) justifie son refus sur le fait que les anciennes lois sont encore en vigueur, qu’elles changeront dans six mois, et que donc la population n’est pas capable de juger.

Les partis libéraux considèrent que le OVB est déjà entré au service du Fidesz (Selon les analystes hongrois le régime de Orban bascule vers un modèle Mussolinien.)

Mardi 5 juillet, l’événement du jour est sans aucun doute la résolution du Parlement européen contre la nouvelle Constitution hongroise.
Demain nous apprendrons la réponse d’Orbán qui va sans doute „revisiter” le texte de la Constitution pour trouver des petits riens á changer.

Mercredi 6 juillet, voilà la réponse attendue : Victor Orbán a déclaré que la résolution du Parlement européen n’avait aucune importance pour le parlement hongrois. (Source : la radio officielle de Hongrie - laquelle n’est plus autorisée á diffuser aucune autre nouvelle sauf celles de l’agence officielle d’État).

Rappel :

Les manifestations de cette année ont été organisées sur les pages de Facebook. Un groupe s’est formé pour aider les différentes initiatives civiles à se rencontrer sur Facebook. En janvier, il a invité un million de Hongrois pour la liberté de la presse - d’où le nom du mouvement et son abbréviation sur internet : "Milla" (= million dans la langue quotidienne).

Il est une sorte de service de communication qui était offert à la plupart de ces groupes. Facebook a décidé de se limiter á cette tache.

Certains d’entre eux ne trouvent pas satisfaisant ce rôle limité et veulent activement participer aux décisions et aux contenus de la contestation, dans la critique du régime organisée autour de la défense de la démocratie. Ils ont donc fondé une association sous le nom "Un Million pour la Démocratie hongroise" (abbr. EMD).

L’EMD a déjá participé á la révolution des clowns le 16 juin, et donné plusieurs déclarations concernant les perspectives de la démocratie en Hongrie. L’association se situe en dehors des partis politiques, elle vise à contre-balancer la peur qui s’étend en Hongrie au vu des mesures gouvernementales menaçant la simple survie de certaines couches de la population.

Les activistes de l’EMD constatent le bas niveau de la solidarité dans la population qu’il faut élever prioritairement parce que le pouvoir utilise la politique de la division en premier lieu. On voit déjá malheureusement quelques signes inquiétants, la première confédération syndicale libre - Liga - peut devenir dans peu de temps la première confédération "jaune” et se retrouver dans la poche d’Orbán.

L’EMD a aussi commencé á chercher le contact et le lien avec les centrales syndicales, car pour elle les changements du Code du Travail préconisés par le gouvernement seront désastreux pour les syndicats et laisseront les salariés sans défense face aux patrons.

Les blagues circulant sont souvent révélatrices de la situation politique du moment.

1. Un prof d’une université hongroise entièrement autonome a longuement traité dans une conférence publique que Victor Orbán est mentalement gravement atteint, et qu’il devrait avoir un traitement psychiatrique urgent, sans quoi il mènera le pays à la catastrophe.
Le procureur entièrement autonome a tout de suite porté une accusation contre le prof ; et le tribunal similairement entièrement autonome l’a condamné, dans une procédure sommaire, à 4 ans et 2 semaines de prison en cumul.
L’avocat du prof, en délibérant l’appel, demande au juge : Pourquoi avez-vous décidé justement 4 ans et 2 semaines ?
 Il a reçu les 2 semaines pour diffamation, et les 4 ans pour divulgation d’un secret d’Etat – répond le juge.

Quel est le pays le mieux fourni en électricité ?
La Hongrie : la tension y est grande, la résistance y est petite, tout n’est que "volt", et toucher le conducteur c’est danger de mort.
La deuxiene partie de cette blague est difficile à traduire en français car ce sont divers jeux de mots.

• "volt" veut dire également en hongrois "était".

• Le conducteur d’électricité signifie aussi et surtout dirigeant. Ce n’est pas par un hasard non plus que Nicolas Ceaucescu se faisait appeler le Conducator

Notre correspondant à Budapest


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