Aprés « la Mosquée de Paris, une résistance oubliée » de Derri Berkani...« Les Homme Libres » de Ismaël Ferroukhi, aidé de l’historien Benjamin Stora

mercredi 28 septembre 2011
par  onvaulxmieuxqueca
popularité : 28%

Le travail remarquable de Derri BERKANI réalisateur de « la Mosquée de Paris, une résistance oubliée » trouve sans doute dans ce film « Les Homme Libres » un prolongement dans la recherche de la vérité sur les Résistances en France et dans le monde.

Lire également
BRON : "la Mosquée de Paris, une Résistance oubliée"
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article200
Le site « On Vaulx mieux que ça »


Une BD à lire sur le sujet,

« La grande mosquée de Paris » de Karen Gray-Ruelle et Deborah DURLAND DESAIX ED Jeunesse - SALVATOR

, inspirée du documentaire « La mosquée de Paris une résistance oubliée » réalisé par Derri Berkani.
• Album jeunesse dès 6 ans (broché). Paru en 08/2010
commentaire sur le BD
Par Thomine
« Les Musulmans qui travaillaient à la Grande Mosquée et dans la Résistance ont sauvés de nombreuses vies - juives et non juives - par leurs actes de dévouement ; Ils ont risqué leur vie pour faire ce qui est bien et juste, en obéissant à la voix de leur conscience ; On ne doit jamais oublier que des Musulmans sont venus au secours de leurs frères et de leurs soeurs les Juifs. Ils ont refusés que ceux-ci soient envoyés à la mort. »
« Cet album jeunesse est magnifique ! Chaque page est illustrée de peintures dominées par la couleur bleue qui rappelle celle des mosaïques sur certaines mosquées. L’histoire racontée est particulièrement intéressante et méconnue. Qui se souvient que des musulmans ont sauvé des juifs durant la Seconde guerre mondiale en la cachant dans la Grande mosquée de Paris ? A lire »

Karen GRAY RUELLE est une ancienne bibliothécaire. Elle travaille aujourd’hui comme auteure et illustratrice de livres pour enfants. Karen Gray Ruelle vit à New York.
Deborah DURLAND DESAIX est un ancien professeur d’université. Elle travaille aujourd’hui la peinture, la céramique et illustre des livres pour enfants. Elle vit à Ashville en Caroline du Nord.


LITTÉRATURE ROMANS

NE MONTRE À PERSONNE

Derri Berkani

LITTÉRATURE ROMANS, NOUVELLES MAGHREB, MONDE ARABE, MOYEN ORIENT

Rani, six ans, blotti contre la poitrine d’une voisine, qui l’a de justesse recueilli, assiste, désemparé, à l’arrestation de sa mère et de sa petite soeur. " Ne montre à personne ! " lui ordonne, sibyllin, le curé qui organise son passage vers le Sud, en l’affublant dès le début du voyage d’un nouveau nom : Lucien Bernier. Une fuite, qui depuis Belleville jusqu’en Ligurie, en passant par Nice, va durer cinq ans. Rani-Lucien la raconte. Lui, qui a tout juste l’âge de " La guerre des boutons ", doit se forger, pour exprimer la violence qu’il découvre, une langue tout terrain qui passe, sans dommages, du fou rire à l’émotion, de la tendresse à la brutalité et du cocasse au pathétique. C’est le regard, pas si innocent que ça, d’un enfant qui a la guerre à ses trousses.


Source : le site Rue89

« Les Hommes libres », l’histoire oubliée des Algériens occupés
Par Aurélie Champagne | Rue89 | 27/09/2011 | 12H12
Le cinéaste Ismaël Ferroukhi, aidé de l’historien Benjamin Stora, raconte ces « invisibles » de Paris sous l’Occupation.

Nous sommes en 1942, à Paris. Younes (Tahar Rahim, « Un Prophète ») pousse la porte d’une bâtisse en ruines. Dans la cour, l’attend une bande de vieillards algériens creusés par la faim. Ils troquent leurs dernières richesses contre quelques cigarettes, une casserole, une boîte de sardines. « Prends, c’est tout ce qu’il me reste », dit un vieil homme, tendant son instrument, un « oud », au jeune homme.
Ferroukhi : « C’est un sujet historique tellement nouveau »
En découvrant le quotidien de la communauté algérienne à Paris pendant l’Occupation, Ismaël Ferroukhi avoue s’être « pris une claque ».

Après « Le Grand Voyage », le réalisateur marocain se lance dans une fiction historique exigeante avec « Les Hommes libres » – malgré un budget qui impose la sobriété à la reconstitution :

« L’idée était avant tout de recréer un univers qui avait existé et que personne ne connaissait. »

Pour montrer comment 100 000 Algériens de Paris ont traversé la Seconde Guerre mondiale, Ferroukhi joue la mesure :

« J’ai essayé de ne pas aller trop loin dans la fiction. C’est un sujet historique tellement nouveau qu’on allait me dire : “ Mais qu’est-ce que tu racontes ! ” »


"Les Hommes libres" : interview du réalisateur... par rue89

De fausses attestations de foi musulmane délivrées aux juifs
Les temps sont durs. Younes, le héros, vit du marché noir et nourrit sa famille, restée en Algérie. Quand il se fait arrêter, il est contraint de passer un marché avec la police vichyste : il doit espionner la communauté maghrébine qui fréquente la mosquée de Paris et son recteur, Si Kaddour Benghabrit (Michael Lonsdale).

Le jeune homme découvre rapidement que le recteur protège des syndicalistes et délivre de fausses attestations de foi musulmanes à des familles juives. Il rencontre aussi Salim Halali, étoile des cabarets arabes, qui animent la vie festive de l’époque.


Les Hommes Libres Bande-annonce par toutlecine

Stora, complice historique de Ferroukhi
Dans le cinéma parisien où a lieu la projection en avant-première des « Hommes libres », il y a du beau monde :

• un conseiller du roi du Maroc,

• le cinéaste Claude Lanzmann,

• l’ambassadeur d’Israël en France,

• des représentants du Conseil français du culte musulman,

• l’imam de la mosquée de Marne-la-Vallée…

Ferroukhi a la tremblote :

« Ce sera un des premiers retours sur le film. »

A ses côtés, Benjamin Stora, spécialiste de l’Algérie coloniale et de l’histoire du Maghreb contemporain, attend d’un air débonnaire. Dans la vie, les deux hommes sont complices. Très complices. Ils ont travaillé main dans la main sur le scénario pour raconter « la complexité d’une époque inconnue et jamais traitée au cinéma ».

Les Algériens sous l’Occupation, « des invisibles »

« Les 100 000 Algériens qui vivaient à Paris sous l’Occupation font partie d’une immigration ouvrière extrêmement pauvre, écrasée socialement », raconte Stora :

« Ils ne sont ni des Algériens – puisque l’Algérie, c’était la France – ni des Français. Ils n’ont pas le statut de citoyens français. A la relégation juridique s’ajoute l’écrasement social, qu’on voit très bien dans la scène d’ouverture du film. »

« Ce sont des hommes invisibles », résume Stora :

« Ils sont arrivés en France bien avant le début de la guerre. En 1926, quand la mosquée de Paris est inaugurée, il y a déjà une forte présence d’Algériens à Paris. Ces hommes connaissent Maurice Chevalier, le mouvement ouvrier, les grèves du Front populaire… »


"Les Hommes libres" : Ismaël Ferroukhi et... par rue89

Beaucoup sont syndiqués et suivent « Messali Hadj, grand leader syndical algérien, qui a refusé la Collaboration avec l’Allemagne ». Avec l’exode, les membres de la communauté se retrouvent « abandonnés, perdus dans le Paris déserté du début des années 40. »
« Quand les gens ressortent du film, ils se demandent : “ Mais est-ce que c’était vrai tout ça ? ” Bah oui, c’était vrai… Moi, c’est leur étonnement qui m’étonne. »

La mosquée de Paris, un enjeu pour les Nazis et Vichy
Ferroukhi et Stora mettent en lumière le rôle méconnu de la mosquée de Paris pendant l’Occupation. « On a d’ailleurs tourné toutes les scènes dans un palais à Rabat », explique le premier.

« A la mosquée de Paris, ça aurait été compliqué. Notamment avec les gens qui viennent prier. Là, on a eu toute la liberté qu’on voulait. On a donné au palais la couleur de Paris. »

Lorsque les Allemands entrent dans Paris en 1940, la mosquée est un enjeu politico-stratégique pour le régime de Vichy, comme pour les Nazis. A l’époque, c’est un endroit symbolique pour la gestion de l’islam de France.

En parlant du recteur Si Kaddour Benghabrit, Stora s’illumine :
« Ah ! Que dire de ce personnage… Il est très proche de la cour du sultan du Maroc. Il est recteur, c’est un homme de foi, mais c’est surtout un homme politique. Il est agréé par l’Etat français pour gérer la mosquée. Il doit naviguer entre sollicitations et pressions venant du pouvoir politique vichyssois et des Allemands qui veulent l’instrumentaliser. »

Des « Hommes libres » en zone grise

Dans « Les Hommes libres », Benghabrit ne protège pas seulement les membres de sa communauté – alors que « tout le monde de gauche et l’univers syndical n’existent plus, que plus rien n’existe ». Sur ce point, « il n’y a pas eu de décision centralisée de la mosquée », précise l’historien.

« La mosquée de Paris devient un territoire mixte, bizarre. Entre pression et acceptation légitime de collaboration d’Etat. Toutes les institutions officielles sont obligées d’accepter la collaboration, à l’époque.

A part le préfet Jean Moulin qui a refusé d’obéir, tous les préfets et toutes les institutions ont accepté de collaborer. Tous les fonctionnaires de l’appareil d’Etat ont continué leur travail. Les choses ont commencé à se décanter seulement à partir de l’année 1943. »
C’est cette zone grise qu’explore le film de Ferroukhi.

Et c’est le débarquement anglo-américain de 1942 au Maroc, qui change la donne et constitue l’un des rebondissements de la fiction.
« Le recteur Benghabrit, un homme qui ajuste ses pratiques »
« En Europe, on accorde beaucoup d’importance – à juste titre – à la bataille de Stalingrad, en 1943 », conclut Stora.

« Mais pour le Maghreb, le tournant de la guerre, c’est le débarquement américain en novembre 1942. Si Kaddour Benghabrit est proche du sultan du Maroc. Il ne peut pas rester insensible à ça. Il sent que le vent tourne.

L’intelligence du film est aussi de montrer un homme qui ajuste ses pratiques et son langage. »

► Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi - avec Tahar Rahim et Michael Lonsdale - 1h39 - sortie le 28 septembre 2011.


Source Allocine.com


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