Kazakhstan-Nazarbaeïev défend les grévistes, limoge son gendre

vendredi 23 décembre 2011
par  onvaulxmieuxqueca
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Des manifestants portant une banderole "Ne tirez pas sur les gens" le 18 décembre 2011 à Aktau, au Kazakhstan

Source : Les Echos

Kazakhstan-Nazarbaeïev défend les grévistes, limoge son gendre

23/12 | 05:41

Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a annoncé jeudi qu’il limogerait le directeur du fonds souverain national, qui est son gendre, pour n’avoir pas su empêcher une grève au sein de l’entreprise publique gazière de dégénérer en affrontements meurtriers.

Nazarbaïev a effectué une visite inopinée dans la région de Mangistau, où seize personnes ont été tuées et 110 blessées dans les violences des 16 et 17 décembre.

La télévision publique a diffusé des images du chef de l’Etat de 71 ans, l’air grave, dans la capitale régionale Aktau.

Il y a affirmé avoir remplacé les dirigeants du groupe gazier et pétrolier national, KazMunaiGas et de sa filiale cotée à Londres, KazMunaiGas Exploration Production.

La direction du groupe, a-t-il dit, n’a pas su exécuter son ordre de résoudre le conflit salarial ouvert depuis le débrayage de plusieurs milliers d’ouvriers au mois de mai.

"Les demandes des ouvriers étaient en général justifiées. L’employeur n’aurait pas dû oublier qu’ils étaient des citoyens.
Ils ne sont pas tombés de la Lune", s’est exclamé Nazarbaïev devant des responsables locaux à Aktau.

"Ils auraient dû les écouter et, dans la mesure du possible, les soutenir. Je regrette que cela n’ait pas été le cas."

INFLUENT GENDRE

Le prochain limogeage devrait être celui de Timour Koulibaïev, l’époux de l’une des filles de Nazarbaïev. Ce milliardaire, l’une des personnalités les plus influentes du pays, dirige le fonds souverain Samruk-Kazyna, propriétaire de KazMunaiGas.

"Je prendrai la décision de limoger le directeur de Samruk-Kazyna, Timour Koulibaïev", a annoncé Nazarbaïev.

Koulibaïev est, selon le magazine Forbes, le troisième homme le plus riche du Kazakhstan avec une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars. Il est également président du directoire de KazMunaiGas et fait partie de celui du groupe gazier russe Gazprom.

Les violences dans la région de Mangistau se sont concentrées dans la ville de Janaozen, à 150 km de la côte de la mer Caspienne.

Alors que les ouvriers, licenciés après leur débrayage, manifestaient à l’occasion de la fête de l’indépendance kazakhe, le 16 décembre, la police a ouvert le feu sur eux. Plusieurs bâtiments ont été incendiés.

"L’employeur a décidé illégalement de renvoyer des ouvriers, y compris ceux qui ne s’étaient pas rendu au travail pour des raisons légitimes", a ajouté Nazarbaïev.


Le Kazakhstan propose à l’Onu de participer à l’enquête sur les émeutes

De Dana RYSMOUKHAMEDOVA (AFP) – le 22 déc.11

ASTANA — Le Kazakhstan a invité jeudi l’Onu à participer à l’enquête sur les émeutes meurtrières survenues la semaine dernière dans l’Ouest de cette république d’Asie centrale riche en pétrole où les forces de l’ordre sont soupçonnées de torture sur les protestataires.

Le procureur du Kazakhstan, Achkat Daoulbaïev, "a invité des experts des Nations Unies à prendre part à l’enquête sur les événements", a indiqué le Parquet dans un communiqué cité par l’agence Interfax.
Au moins 16 personnes ont été tuées depuis vendredi, quand la police a ouvert le feu à Janaozen (ouest du Kazakhstan) lors de violents heurts avec des employés grévistes du secteur pétrolier.

Les autorités kazakhes ont affirmé que les troubles avaient été organisés par des "voyous" se cachant derrière les grévistes.

L’Onu s’est dite "très inquiète" de ces violences, alors qu’une vidéo circulant sur Internet montre des forces de sécurité passant à tabac et tirant sur certains protestataires.

De son côté, l’ONG de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch a appelé jeudi Astana à "ouvrir immédiatement une enquête" sur les soupçons de torture et de mauvais traitement de dizaines de personnes détenues après les émeutes.

"Le Kazakhstan a un piètre bilan en matière de torture et les restrictions imposées à Janaozen, limitant l’accès à la ville et même aux communications téléphoniques, font croître l’inquiétude concernant les mauvais traitements", écrit l’ONG dans un communiqué.
Un nouveau bilan des émeutes à Janaozen, publié par le Parquet, a fait état de 15 morts, une personne étant décédée de ses blessures. Une autre personne a été tuée dans des heurts samedi à Chetpe, à mi-chemin entre Janaozen et Aktaou, la principale ville de la région.
Les autorités ont répété ces derniers jours que la situation était désormais sous contrôle et le Parquet a affirmé qu’aucune infraction à l’ordre public n’a été enregistré à Janaozen au cours des quatre derniers jours.

Le Parquet a cependant reconnu que l’état d’urgence était maintenu à Janaozen.

Tous les employés des entreprises pétrolières Ouzenmounaïgas et Karajanbasmunaï ont repris le travail, a ajouté le Parquet dans un communiqué sans donner plus de détails.

Plusieurs grèves ont eu lieu ces derniers mois dans cette région qui regorge de pétrole, située sur la rive orientale de la mer Caspienne.
Les ouvriers réclament des hausses de salaires, un mouvement inhabituel dans cette ancienne république soviétique qui se targuait d’être l’Etat le plus stable de la région et d’attirer les investisseurs étrangers.

La compagnie pétrolière Kazmunaïgas, qui possède Ouzenmounaïgas et qui est cotée à la Bourse de Londres, avait indiqué jeudi qu’un incendie avait touché la semaine dernière son principal bureau à Janaozen mais que ses infrastructures de production n’avaient subi aucun dommage.

"Le nombre d’ouvriers des gisements pétroliers reprenant le travail revient à un niveau normal, à mesure que la police rétablit le contrôle et que la situation se stabilise", a assuré la compagnie dans un communiqué, ajoutant qu’elle était sûre de réaliser ses objectifs annuels de production en dépit des événements.


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