Visite surprise de Marine Le Pen en Autriche, à l’invitation de Martin Graf chef de file de l’aile la plus dure de l’extrême-droite autrichienne.

vendredi 27 janvier 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : RFI

Visite surprise de Marine Le Pen en Autriche

Par Blaise Gauquelin

En pleine campagne présidentielle, la présidente du Front National a répondu à une invitation du FPÖ, le parti autrichien d’extrême-droite. Créditée de 26% des intentions de vote aux élections législatives de 2013, cette formation en pleine expansion a opéré depuis 2005 une mue idéologique radicale.

En juin 2011, elle a modifié son programme pour inscrire l’Autriche dans une « communauté culturelle allemande ». Cette référence avait été gommée par Jörg Haider, en 1997.

Ce vendredi, Marine Le Pen rencontrait Martin Graf, la personnalité d’extrême-droite qui occupe actuellement les plus hautes fonctions au cœur d’un Etat européen.

Car ce député du FPÖ, le parti autrichien de la liberté, est depuis 2008 vice-président du Parlement.

Martin Graf est également un idéologue. Il est le chef de file de l’aile la plus dure de l’extrême-droite autrichienne. Il est membre d’une Burschenschaft appelée Olympia. Il s’agit d’une corporation secrète, interdite aux juifs et aux femmes, dont les membres ont pour mission de véhiculer dans la société par des biais détournés des idées néonazies, pangermanistes, antisémites et négationnistes.

Le duel au sabre est pratiqué dans des caves des beaux quartiers de Vienne. Les membres se reconnaissent entre eux à la balafre qu’ils se doivent d’exhiber sur une joue.

Polka endiablée des nostalgiques du IIIe Reich

Et ce vendredi soir, Martin Graf devait emmener Marine Le Pen valser sur les airs de Strauss dans le bal traditionnel de ces corporations, un bal fermé à la presse, où des négationnistes sont chaque années ovationnés. L’information a été confirmée à RFI par le FPÖ, qui a invité plusieurs élus européens d’extrême-droite, ainsi que par plusieurs diplomates.

Le FN se refuse à confirmer.

Mais cette internationalisation de la tradition viennoise ressemble bien à un baroud d’honneur.

Car dès l’année prochaine, la Hofburg n’abritera plus de polka endiablée des nostalgiques du IIIe Reich. Ainsi en a décidé la société qui gère cette salle d’apparats, actuel siège de la présidence de la République d’Autriche et de l’OSCE, un palais sans égal au cœur de Vienne, où régna des siècles durant la plus ancienne monarchie d’Europe, celle des Habsbourg.

« Être jeté dehors représente pour eux une relégation, doublée d’une humiliation », analyse pour La Tribune de Genève Heribert Schiedel, spécialiste autrichien du FPÖ. « Car ce bal rengorgeait l’extrême-droite dans toute l’Europe. Les extrémistes s’y rencontraient et retournaient chez eux en disant partout : ’ c’est génial que nous puissions être dans un tel lieu ! ’ ».

Interdit aux juifs et aux journalistes

Philipp Dewinter, pour le Vlaams Belang hollandais, Jean-Marie Le Pen et Bruno Gollnisch pour le Front National français : les invités d’honneur ont défilé sous les dorures baroques et sur des parquets au vernis impeccable, au son de la musique de Strauss et des cris des opposants, ceux restés, avec les caméras des télévisions, aux portes du palais, de fait interdit pour un soir aux juifs et aux journalistes.

A l’occasion du traditionnel cérémonial d’ouverture, des figures de proue du négationnisme, comme John Gudenus, un ancien membre du FPÖ dont le fils doit porter les couleurs du parti aux prochaines élections municipales à Vienne, étaient alors ostensiblement ovationnées.

Mais après 59 éditions, une maladresse grossière aura eu raison de la tradition.

Heinz-Christian Strache, l’actuel leader du FPÖ, a conduit ses frères d’arme à leur perte en se revendiquant, selon Herbert Schiedel, du patrimoine immatériel de l’Unesco. Depuis 2010, dix-sept bals traditionnels viennois, dont celui de l’extrême-droite, figuraient en effet sur une pré-liste parfaitement anonyme et non reconnue par le siège de l’organisme, basé à Paris.

Or début janvier, l’Unesco a exigé le retrait pur et simple du projet d’inscription des bals viennois, jusqu’à nouvel ordre. Le parti social-démocrate autrichien (SPÖ), ainsi que le gouvernement dans son ensemble, ont depuis rejoint les rangs des opposants à la soirée.

La société gérant la location de la salle, qui regroupe la crème de l’industrie touristique viennoise, longtemps complaisante, n’a alors pas su résister à la pression.

Et depuis qu’elle se sait mise à la porte de la haute société, l’extrême-droite autrichienne appelle très sérieusement à des représailles.

Les électeurs sont invités au boycottage des pâtisseries Sacher, enseigne phare du savoir-faire sucrier national et co-bailleur éminent de la Hofburg.

L’Autriche a déployé un dispositif policier très important autour de la Hofburg, le palais des Habsbourg au cœur de la Vienne impériale où a lieu la soirée mondaine. Ce palais donne sur la Heldenplatz, la place des Héros. C’est ici en 1939 qu’Adolph Hitler prononça l’Anschluss, l’annexion de l’Autriche à l’Allemagne.

tags : Autriche - France - Marine Le Pen - Présidentielle France 2012


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