Canada : Défense Nationale, coupe budgétaire, fonctionnaires remerciés…remplacés par une entreprise privée en sous-traitance, un contrat de 100 millions de dollars qui ne réduira en rien les dépenses.
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Canada : Défense Nationale, coupe budgétaire, fonctionnaires remerciés…remplacés par une entreprise privée en sous-traitance, un contrat de 100 millions de dollars qui ne réduira en rien les dépenses.
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Source : Le Devoir.com-Libre de penser
Ministère de la Défense - La sous-traitance après les mises à pied
100 millions au privé pour compenser les coupes fédérales
Ottawa – La Défense nationale n’a pas échappé aux rondes de coupes imposées à la fonction publique dans le dernier budget fédéral. Mais voilà que ce même ministère envisage de confier en sous-traitance à une entreprise privée le travail délaissé par ses fonctionnaires remerciés.
Un contrat de 100 millions de dollars qui ne réduira en rien les dépenses de l’État, estime le syndicat des employés de la Défense.
Le ministère de la Défense cherche à combler le vide qui sera créé par les mises à pied dans l’ouest du pays. Le gouvernement conservateur envisage de fermer les unités de soutien militaire de Chilliwack, en Colombie-Britannique, et de Calgary, en Alberta, selon une note d’information dont l’Ottawa Citizen a obtenu copie. Des fermetures qui ont « sévèrement limité la capacité à entretenir l’infrastructure qui est actuellement soutenue par ces unités », note le brigadier-général J.C.G. Juneau dans ces documents datés du 6 septembre.
« Le statu quo n’est pas une option viable quant au soutien de nos installations une fois que les USS [unités de soutien de secteur] seront fermées, en raison du manque de main-d’œuvre pour soutenir les opérations des installations », poursuit-on dans les notes écrites.
La Défense nationale prévoit donc accorder un contrat de 100 millions de dollars à une firme privée, pour un travail s’échelonnant de 2013 à 2018. Les réductions de personnel dans la fonction publique prévues dans le dernier budget d’Ottawa doivent être complétées en 2015.
L’Union des employés de la Défense nationale (UEDN) représente plus de 19 000 fonctionnaires. Environ 1100 d’entre eux ont reçu une lettre au printemps les avisant que leur poste était touché par les coupes budgétaires et pourrait être éliminé. Dans l’Ouest, ce sont environ 190 postes qui seraient abolis, selon les chiffres colligés par le Citizen.
Les emplois touchés par la nouvelle dont le Citizen a pris connaissance vont de l’entretien des édifices à l’administration, en passant par des postes de concierges, des employés de cuisine ou des techniciens en armement ou en munitions.
Le gouvernement fédéral n’a pas précisé mardi le nombre d’emplois qui seraient supprimés. La Défense nationale n’a pas non plus été en mesure de répondre aux questions du Devoir quant à cette sous-traitance confiée au privé.
Or, de l’avis du syndicat des fonctionnaires touchés, la Défense fait fausse route en ayant recours à des sous-traitants pour équilibrer son budget. Au contraire, il lui en coûtera plus cher, estime le président de l’UEDN, John MacLennan. « C’est une privatisation du secteur public sans aucune analyse de rentabilité qui prouve que cela permettra de sauver des sous aux contribuables. Et cela va interrompre le soutien aux troupes militaires », a-t-il déploré en entrevue avec Le Devoir.
M. MacLennan estime plutôt qu’il en coûtera de 80 000 $ à 90 000 $ de plus par année par base militaire visée. Il affirme avoir pourtant prévenu le ministre de la Défense, Peter MacKay, avant le dépôt de l’énoncé budgétaire des conservateurs, qu’à moins de fermer entièrement les bases militaires, le travail assuré par la fonction publique n’allait pas disparaître.
Néanmoins, Ottawa a décidé d’aller de l’avant. Et n’a pas prévenu le syndicat. C’est plutôt le quotidien d’Ottawa qui a annoncé la nouvelle à M. MacLennan.
Pas un premier recours au privé
En vertu du budget du printemps dernier, la Défense doit réduire ses dépenses de 1,1 milliard de dollars par année d’ici 2014-2015, année à laquelle son budget devrait atteindre 20 milliards. Impossible cependant de savoir combien de fonctionnaires perdront du coup leur emploi - le gouvernement refuse de le préciser.
Dans un rapport déposé à la Défense en 2011, le lieutenant-général Andrew Leslie - qui a dirigé l’armée canadienne pendant sa mission en Afghanistan - énumérait une série de recommandations pour réduire les dépenses du ministère.
Parmi celles-ci : éliminer 3500 membres des Forces régulières, de même que 3500 fonctionnaires. Mais le lieutenant-général Leslie suggérait en outre de réduire de 30 % les dépenses de 2,7 milliards engagées annuellement par le fédéral en sous-traitance et contrats octroyés au secteur privé.
Le « Rapport sur la transformation 2011 » avait été accueilli tièdement dans les rangs militaires, l’ancien chef d’état-major de la Défense, Walt Natynczyk, n’ayant pas annoté le document d’une recommandation lorsqu’il l’a remis au ministre Peter MacKay. Ce qui avait été perçu comme un signe que le général Natynczyk n’approuvait pas les conseils qui y étaient offerts par le lieutenant-général Leslie.
Ce n’est pas la première fois que la Défense nationale se tourne vers le privé. À la suite des dernières compressions dans la fonction publique fédérale, dans les années 1990 sous les libéraux de Jean Chrétien, le ministère avait là encore fait appel au privé pour pallier le manque de main-d’œuvre.
Et le fédéral avait reculé, notamment à la base militaire de Greenwood, en Nouvelle-Écosse, selon M. MacLennan. La preuve, croit-il, qu’il en sera de même cette fois-ci et qu’Ottawa sera forcé de reconnaître que ce n’est pas une solution viable.
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