Hongrie : Le changement au bout de l’Unité !?

Le 23 octobre 2012 à Budapest, lors de la grande mobilisation des forces vives de l’opposition hongroise au régime de Viktor Orban et contre l’extrême droite, une sorte de front électoral anti Orban s’est créé en vue des élections de 2014.

Si tous les participants sont antifascistes, le Rassemblement 2014, en tant que mouvement électoral, n’a pas l’antifasciste comme un sujet de premier rang.

Trois organisations sont à l’origine de ce "Rassemblement 2014 » - Milla, Solidarité et l’Association Patrie et Progrès, fondée par M. Bajnai, ancien 1er ministre « socialiste »-, des personnalités situées à droite voulant rétablir la république sont membres de cette coalition ou s’en rapprochent, un phénomène similaire semble se dessiner au sein de structures de défense civique, des organisations écologiques et de gauche(1) ; pour ces derniers c’est plus complexe.

Cette alliance électorale est née d’un processus de réactions et de luttes contre le régime de Viktor Orban et contre l’extrême droite et d’une réflexion sur la situation politique et sociale du pays reposant sur au moins sur 2 constats :

1. Que sans une dynamique unitaire et un début de rassemblement des forces civiques et sociales actives qui s’expriment dans le pays, le régime de Viktor Orban gagnerait les élections générales de 2014, surtout avec le changement de la loi électorale donnant largement l’avantage à l’alliance autour du Fidesz du 1er ministre actuel, ayant pour conséquence une accélération de sa politique anti-démocratique et antisociale.

2. Que la gauche officielle, essentiellement les socialistes du (MSzP anciens communistes) ne peuvent gagner ces élections, pour au moins deux raisons :

a. leurs affairismes prononcés lorsqu’ils étaient au gouvernement, très loin des préoccupations sociales de la population, dont les positions politiques ont laissé de profondes traces négatives au sein de la population.

b. Leur aptitude sectaire face aux mouvements civiques et sociaux qui se sont créés voici plus de deux ans, ce sectarisme se traduisant électoralement par le message suivant : seuls nous gagnerons et seuls nous gouvernerons. si vous voulez barrer la route à Viktor Orban, votez pour nous. Une légère inflexion de ce parti, vient d’avoir lieu ces derniers jours, est-ce simplement tactique ou une évolution, il est trop pour être affimatif.

La constitution de ce « front » pose le problème de son contenu politique et de sa capacité à mobiliser un rassemblement démocratique et dynamique à la base.

(1) Des forces politiques comme 4k (4ème République) , du parti « Gauche verte » (Zöld baloldal) (féminisme, marxisme, écologie), proche du parti allemand Die Linke de Gáspár Miklós Tamás ancien membre de l’opposition démocratique contre Kadar, ancien député libéral de gauche, créateur d’ATTAC en Hongrie qui prône une alliance avec des communistes (plusieurs structures communistes ont refusé de suivre le MSzP)…et d’autres groupes de gauche, sans oublier de nombreuses structures regroupées pour se défendre et réfléchir comme sur l’école…
Le site On Vaulx mieux que ça.

De notre correspondant à Budapest.

Sondage

Fin octobre 2012
Le sondage électoral de la fin d’octobre (fait par Medián) trouve que le nombre des indécis parmi les électeurs surs seraient tombé á 37% au lieu de 70%.

Le MSZP perd 7% pour le nouveau mouvement unitaire "des civils" Együtt 2014 (Solidarité + Milla + Patrie et progrès) lequel devance MSZP et les autres partis de l’opposition parlementaire. ("Más párt" = autres partis).

Si d’un côté l’attente est grande , de l’autre coté les calomnies et les attaques mensongères vont bon train. Mais le paysage électoral a changé définitivement.

Péter Kónya, le président de Solidarité - interviewé à la télé atv (la seule qui garde encore son indépendance) le soir du 7 novembre - a souligné que le Rassemblement 2014 ne veut pas arracher les électeurs au Parti socialiste mais lui propose lutter ensemble pour des buts communs.

(Le titre du graphique : "L’intention de vote de la population ayant le droit de vote après que le mouvement Együtt 2014 (Rassemblement 2014) soit entré en scène.)

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Problèmes financiers des municipalités en Hongrie.

Cette fois, je vous donne un morceau des problèmes financiers de la Hongrie.

Les municipalités sont terriblement endettées : elles sont incapables de couvrir les frais quotidiens des services communaux, leur part de la santé et de l’éducation.

Elles ne peuvent plus engager de "travailleurs publics" (une sorte de travail forcé inventé par le régime d’Orbán pour les chômeurs).

Après le scandale de F. Gyurcsány en 2006 - quand il a reconnu "avoir menti jour et nuit" dans la campagne électorale- les municipalités sont tombées aux mains du Fidesz aux élections municipales
Depuis, les dettes des municipalités ont plus que doublé. (Voir le graphique rattaché.)

Bien qu’une solution administrative s’offre par la politique de centralisation d’Orbán. Même en centralisant les services publics le gouvernement ne peut prendre cette charge au budget national sans le surcharger encore plus. La promesse actuelle est que l’état se chargera de la moitié de la dette municipale.

Il faut voir tout cela à la lumière des négociations avec l’UE et la FMI sur "l’amaigrissement" des fonctions publiques comme pré-condition d’un crédit pour la Hongrie (dont le besoin est parallèlement nié par le gouvernement).
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Mercredi 28 novembre,

le Parti socialiste hongrois (MSZP) a proposé aux autres partis de l’opposition parlementaire et aux associations du Rassemblement 2014 - Patrie & Progrès, Solidarité et Milla - de travailler ensemble, avec le MSZP, pour élaborer des programmes politiques sur les grands domaines comme l’économie, la santé, l’éducation etc. Le travail commun proposé par le MSZP se diviserait en 10 chapitres selon ces domaines.

Les réponses sont plutôt réservées.

• La Coalition démocratique - parti de l’ancien premier ministre Ferenc Gyurcsány - dit qu’elle était la première à insister pour que les forces démocratiques joignent leurs efforts, et elle reste toujours ouverte à cela.

• Le Rassemblement 2014 est content de voir que le MSZP a aussi compris que seul un front unitaire pourra mettre fin au régime de Viktor Orbán, et c’est pourquoi les trois associations ont fondé le Rassemblement 2014.

Selon un sondage publié ce même jour, le Rassemblement 2014 occupe le 4ème rang après le Fidesz, le MSZP et le Jobbik.

• Selon le petit parti nouveau 4K (4ème république) les forces de l’opposition sont si fortement divisées que cela les empêchera d’arriver á établir un programme très détaillé, la 4R propose une entente minimale.

Dans des discussions privées, j’ai rencontré déjà cette opinion aussi dans la forme qu’il faudrait établir un gouvernement transitoire pour rétablir les bases d’un régime démocratique pendant deux ans et puis faire des nouvelles élections.

Mais cette opinion n’est encore soutenue ouvertement par aucun parti ou organisation.

On garde aussi encore le silence sur le fait que le MSZP, sévèrement affaibli, reste pourtant le parti le plus fort de l’opposition, et ce fait doit avoir des conséquences.

Une nouvelle positive : l’Agora - le forum des différents réseaux et organisations des enseignants - vient de publier les principes formulés pour la reconstruction du système de l’éducation en Hongrie. Le document explique brièvement six principes :

1) développer des compétences des élèves, en particulier les compétences sociales et démocratiques ;

2) mettre l’enfant au centre ;

3) équité sur tout niveau du système ;

4) autonomie et responsabilité ;

5) un système transparent et ouvert, sans "cul de sac" ;

6) fonctionnement démocratique.

Sur cette base, les groupes de travail continuent à élaborer une vision du système éducatif et un programme politique s’approchant des buts acceptables pour la majorité. Un travail bien délicat avec autant de vues pédagogiques biaisées par position politique, de religion, d’intérêts professionnels ou économiques et beaucoup d’autres.
Pourtant, le premier pas est déjà fait.
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26 novembre 2012

Les représentants des trois associations unies dans le "Rassemblement 2014" (Együtt 2014) - Patrie & Progrès, Solidarité et Milla - travaillent continuellement sur les principes de base du Rassemblement.

Plusieurs réseaux civils sont invités à se joindre au Rassemblement et/ou participer dans son travail.

Les réponses sont diverses :

o le Réseau pour la Liberté de l’Éducation est entièrement positif, les enseignants supérieurs hésitent à franchir les limites de la politique de la profession.

o Le congrès du LMP (Ecolo) a voté majoritairement contre le Rassemblement avec une marge de 7 voix. Une plateforme pour une ouverture vers le Rassemblement s’est formée au sein du parti.

26 novembre 2012
L’indépendance de la justice du gouvernement s’est clairement manifestée dans le refus de l’enregistrement du Mouvement Solidarité ainsi que la Patrie & Progrès en tant qu’associations par le tribunal.

Cela devait être une simple formalité, mais le tribunal compétent prouve son incompétence en ajournant la décision …et finalement en refusant l’enregistrement des deux organisations. (Solidarité porte officiellement la forme d’un syndicat associé à la Fédération Syndicale de la Chimie ; la Patrie & Progrès, à son tour, travaille comme une fondation.) Motifs : les associations ne sont pas encore exclues des élections parlementaires - on est sûr que le Fidesz en prendra soin.

Le 26 novembre,
la section Jeunesse du Mouvement Solidarité a organisé un "flash mob" pour ériger une statue de Viktor Orbán devant le Parlement.

La statue porte le titre "Viktor Orbán emprisonné"
"il exprime le souhait du peuple hongrois parce que Viktor Orbán et le Fidesz-KDNP ont trahi la République Démocratique de la Hongrie pour laquelle il a prétendument lutté sous le régime socialiste en tant que membre du parti unique.
« NOUS NE T’OUBLIERONS JAMAIS !"

1décembre 2012

La position du MSZP est devenue plus flexible cette semaine. En effet le MSZP a lancé un appel aux partis comme DK et LMP, et même au Parti social-démocrate (non représenté au parlement), mais aussi aux associations fondatrices du Rassemblement 2014. Le MSZP invite tous les autres à sa table pour élaborer les politiques par secteurs. Il a déjà nommé les personnages socialistes qui participeront à ceux-ci dans ces secteurs.

A travers cette liste les "civils" sont surpris par le degré important de sclérose du MSZP : en effet parmi celle-ci il se trouve peu de nouveaux visages.

Le MSZP ne semble pas comprendre que la politique antidémocratique de Orbán n’est point la seule source du mécontentement généralisé. Il n’y aura pas de victoire électorale possible en 2014 sans faire face sérieusement, aux fautes commises par les gouvernements socialistes.

Et dans cette situation le MSZP met ses anciens dirigeants en première ligne... de plus : en prétendant que c’est le MSZP qui a inventé la nécessité de l’unité ( ce qui est faux), mais, plus grave, il démontre son incompréhension de la nouvelle situation.

Dans ce contexte les partisans de l’unité et du rassemblement doivent garder un grand sang-froid, pour répondre poliment, sur un principe positif à cet appel des socialistes.