Hongrie : Le mouvement social étudiant continue de plus belle.

mardi 18 décembre 2012
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Notre correspondant à Budapest

Hongrie : Le mouvement social étudiant continue de plus belle.

En dépit du fait que j’avais déjà quitté la manifestation quand le cortège est arrivé au parlement j’ai suivi les événements en direct, par une diffusion sur internet. Il est devenu normal depuis octobre qu’on puisse toujours trouver une transmission en direct sur internet des événements qui ne sont pas couverts par les média "royaux".

La manifestation du lundi, bien que prévue depuis deux semaines, peut être considérée comme une réponse directe à la nouvelle décision ubuesque de Viktor Orbán.

Quand tout le pays était déjà en tension contre les décisions du gouvernement concernant l’enseignement supérieur, Orbán a trouvé quelque minute pour rencontrer une dizaine d’étudiants, membres de la section jeunesse du Fidesz dans un pub.

En sortant, un journaliste lui a posé la question sur le nombre limité des places subventionnées à l’université, et Orbán-Ubu - un pied déjà dans la voiture a dit : "Quoi ? Un nombre limité ? Cela n’existera pas." Et la porte se ferme.

Plus tard, dans une interview par vidéo, il a précisé, que tous ceux qui ont de bons résultats pourront étudier en étant subventionnés, si - une fois diplômés- ils acceptent de travailler en Hongrie. La limite d’entrée sera fixée à 240 points à l’examen d’entrée.

Mais peu de temps après il a dû comprendre qu’il disait des bêtises puis il a ordonné au ministre des ressources humaines d’élaborer la nouvelle conception pour mercredi (sans parler des 240 points). Le ministre a donc trois jours pour refaire la réforme de l’enseignement supérieur.

On voit tout de suite que ce tournant, apparemment de 180 degrés laisse pourtant intact la priorité donnée aux couches supérieures, et son but n’est autre que de diviser les jeunes.

De plus, il n’accepte pas la revendication d’annuler les contrats de rester en Hongrie, cette revendication pourtant figure en haut sur la liste revendicative des étudiant(e)s.

La manifestation du lundi du 17 décembre était organisée par la nouvelle formation "Plateforme Humaine" qui rassemble les organisations et les employés des secteurs santé, éducation, culture, et social.

Fait curieux, les étudiants des écoles secondaires et - dans un moindre degré – les étudiants du supérieur étaient nettement plus nombreux que les employés du secteur (enseignants, infirmières, travailleurs sociaux etc.).

Les média ont estimé le nombre des participants à "plusieurs milliers". Les militants de la Plateforme Humaine ont fait la quête pour les frais de la manifestation. Un(e) représentant(e) de chaque profession se succédait à la tribune au nom des réseaux et des organisations de ces professions.
Cette fois, le slogan scandé le plus fort était : "Nous ne nous laisserons pas faire" (Nem hagyjuk !).

Voici une vidéo faite par un metteur en scène sans travail, militant du Mouvement Solidarité.
Les jeunes crient d’abord : "Adieu Viktor, adieu Rózsa ! Nous sommes la clef du futur !", ensuite "Nous sommes le futur !" et finalement pour la famille avec des petits qui apparaissent à la fenêtre : "Vous êtes le futur !" et "Nous sommes le futur" alternativement.

Une couleur nouvelle  : les acteurs ont composé et présenté un chœur contre le président incompétent de l’Académie des arts, M. György Fekete, du fait que les artistes, acteurs etc. quittent l’Académie en masse.

La nouvelle du jour était que le directeur actuel du Théâtre National avait échoué au nouveau concours pour le poste face á un autre acteur, non soutenu par la troupe, mais par le Fidesz.

Après les interventions, la partie "officielle" de la manif s’est terminée, mais les étudiants(es)s ont eu un autre plan. Ils/elles ont scandé : "Venez avec nous !" et ils se sont dirigés vers le parlement (il est très près de la rue Szalai, lieu du meeting).

Le cortège a fait halte au parlement pour "saluer" la dernière session de cette année qui - juste à ce moment - a annulé le droit d’avoir un travail payé quand on est retraité. En sachant qu’un tiers des postes de médecins est rempli par des médecins en retraite forcée par ce gouvernement, c’est un coup bas de la part du pouvoir.

Les jeunes ont continué en direction de la radio, parce qu’ils voulaient transmettre eux-mêmes au micro, les six points de leurs revendications sur Radio Kossuth.

Les policiers ont barré l’entrée du bâtiment, et la foule a scandé : "Entrons !" Finalement, les responsables de la radio leur ont promis qu’ils permettraient à un représentant des étudiants d’intervenir dans le journal de 21 heures.

Le temps était compté  : on était à une demi - heure du 21 heures, et les jeunes, créatifs, innovants formulaient une nouvelle revendication : que leurs six points soient placés à la tête des nouvelles.

L’idée est acceptée vers 20:45.

A 21:00 la nouvelle de la manifestation et les revendications des étudiant(e)s (HAHA, HÖOK) vint en tête en effet.

Victoire donc - sauf que les responsables de la radio n’ont pas laissé parler la représentante des étudiant(e)s, et les revendications n’étaient pas lues mot à mot.

Cela a déclenché une nouvelle vague de contestation, les jeunes criaient "Nous ne sommes pas des imbéciles" et "Entrons !". Certains ont proposé d’aller à l’université pour y tenir un forum, mais la majorité ne les a pas suivis.

La plupart des jeunes a compris qu’ils avaient remporté une victoire (bien qu’elle ne soit ni complète, ni finale, mais très importante) et rentrait chez eux.

La manifestation s’est terminée sans aucune bousculade ou conflit avec la police ou autre force de l’ordre.

Le représentant du groupe des Étudiants pour la Défense de l’Université (DEF - formé par des étudiants du secondaire) a appelé tout le monde à manifester mercredi 19 déc. d’abord debout devant leurs écoles en silence complet pendant une quart d’heure - c’est la manifestation "La voix du silence", une preuve du sérieux de leur comportement, puis de se rassembler devant l’Académie des Sciences avec une rose jaune chacun, qu’ils jetteront dans le Danube. A hallgatók sztrájkba hívnak mindenkit december 19. szerdára !

Cet acte symbolisera que "La rose jaune s’est fanée"(1)comme dit le vers d’une chanson composée par János Bródy encore contre le régime autoritaire de Kádár et dont le vers continue ainsi :

"et personne n’arrive pour la jeter [à la poubelle]".

Les jeunes d’aujourd’hui la jetteront pour toujours. En plus, la rose est une allusion au à la secrétaire d’état responsable de l’éducation nationale, Rózsa (Rose) Hoffmann, qui prend bien le rôle d’une poupée sans cerveau dans les mains du premier ministre.

Vendredi, le 21 décembre sera la journée des sans-toits : le groupe "La Ville Est à Tous" appelle tout le monde devant le parlement. Chaque organisation et réseau de l’opposition civique soutient cette manifestation.

Selon certaines rumeurs Orbán attend que Noël calme cette vague de résistance, mais il devrait se rappeler que l’année passée une grande manifestation s’est déroulée devant le parlement, la veille du jour de l’an, et le 2 janvier a vu la plus grande manifestation à Budapest depuis des décennies.

Notre correspondant à Budapest

Mardi 18 décembre au soir IMPORTANT Je peux encore rajouter que les manifestants qui sont restés, surtout des militants du HAHA, sont entrée dans l’École supérieure des Arts du Théâtre et du Film, et y ont élaboré un appel à une grève générale des étudiants pour le 19 décembre (mercredi) et ont appelé les travailleurs à se joindre à ceux-ci. Cet appel a une grande importance indépendamment du taux de participation à cette grève, depuis 56 ans aucune organisation n’a osé lancer un pareil appel en Hongrie. Notre correspondant à Budapest


Rappel :

Hongrie : Le monde universitaire bouge.

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2811

Hongrie : Mercredi 19 décembre à Budapest : importante manifestation, 4 étudiants arrêtés pour usage abusif du droit d’union.

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article2827


(1)

Hongrie : János Bródy, Zsuzsa Koncz, liberté et espoir un long chemin.

http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article1228

Tu crois que la rose jaune s’ouvrira encore,

Tu crois que nous accepterons les mensonges

Tu crois que nous pardonnerons tout toujours

Tu crois que nous nierons nos rêves

Qu’il serait beau d’être ensemble parmi les fleurs, ma chérie

Il n’y a plus de fleurs, ni toi même

Pourquoi avons-nous laissé les choses comme ça

Ne crois pas que cela est bon comme ça,

N’importe qui le dit

Ne crois pas que tout va bien,

N’importe qui veut t’attraper

Ne crois pas que nous sommes changés par un mot d’ordre


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