Les Rroms célèbrent les 70 ans de l’insurrection de Birkenau, le 16 mai 1944.

lundi 19 mai 2014
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : L’Humanité

Les Rroms célèbrent les 70 ans de l’insurrection de Birkenau, le 16 mai 1944.


Eugénie Barbezat

Dimanche, 18 Mai, 2014

Pour le 70e anniversaire du soulèvement du camp des familles tziganes de Birkenau, la fête foraine de l’insurrection gitane, devant la Basilique de St-Denis (93) avait pour ambition de faire connaitre cet épisode ignoré de la seconde Guerre Mondiale.

Reportage.

Au programme de ce week end festif :

un stand de tir au fusil, des pommes d’amour à déguster, un spectacle de danse Tsigane tradionnelle d’Europe de l’Est, et de la musique bien sûr allant du Jazz Manouche avec la famille Rheinhart au rap Rom...

tous les amoureux de la culture Tzigane avait de quoi satisfaire leur passion samedi et dimanche sur le parvis de la basilique de Saint Denis (93), là où il est fait mention la première fois de la présence des « Tziganes » sur le territoire de France.

Mais, sous ses airs de kermesse, cette "fête de l’insurrection gitane" est très lourde de sens puisqu’elle est célèbre le 70ème anniversaire du soulèvement, le 16 mai 1944, du « camp des familles tziganes », d’Auschwitz II- Birkenau.

Une Histoire que nous rapelle Bil Bila, représentant de l’association La voix des Rroms au micro de l’humanite.fr :

Au même moment dans plusieurs villes d’Europe sous l’impulsion de La voix des Rroms, les organisations rroms européennes mèneront des actions pour ce qui s’appelle désormais le « Romani Resistance Day ».

En république Tchèque, les Rroms mènent un difficile combat pour qu’un des lieu du massacre de leur peuple soit enfin indentifié et reconnu comme un lieu de mémoire. Aujourd’hui, à cette endroit, il il a un élevage de porcs, nous explique Bil Bila.

Pour garder la mémoire de cet part de l’Histoire non enseignée dans les écoles, un fil intitulé "A people uncounted/Un peuple visé" a été réalisé par le réalisateur canadien de Aaron Yeger à partir de témoignage de rescapés.

Ce film a l’immense mérite de mettre en lumière la vraie histoire du peuple Rom, et notamment son chapitre le plus dramatique : l’Holocauste organisé par les Nazis dans lequel 500.000 Roms ont perdu la vie, dont un très grand nombre d’enfants.

Si l’on parle beaucoup moins de ce génocide qui a détruit jusqu’à 90% des communautés visées que de celui qui a frappé les Juifs, c’est parce que les Roms étaient déjà marginalisés, discriminés à l’époque, explique un témoin.

Ils n’avaient pas d’écrivains, de journalistes ou de cinéastes pour raconter l’horreur qui a été infligée à ce peuple. Il n’y avait pas de Roms au procès de Nuremberg...

Et, un demi-siècle plus tard, ce peuple fait toujours figure d’indésirable.

Ce très beau film, historique et didactique, mais aussi poétique et bouleversant ouvre nos yeux sur une réalité qu’on croit connaître, mais qu’en réalité on ne connaît guère, nous rappelle Bil Bila

De leur histoire, les jeunes générations de Rroms doivent être fières !

Avava-Ovava est aussi le titre d’un livre rassemblant des textes de Anina Ciuciu, Pierre Chopinaud, Lise Foisneau, Valentin Merlin, Saimir Mile et des photographies de Yann Merlin, qui raconte un voyage auquel ont participé des jeunes de toute l’Europe, pour "faire le voyage à l’envers" vers Binkenhau.

Un groupe de jeunes gens de France, Rroms, Manouches, et Gadjés, sont partis de Paris et sont retrouvent une foule de garçons et filles d’Europe rassemblés, autour de la nuit du 2 août : la liquidation du camp des familles tziganes de Birkenau.

Quatre jours durant, de la jeune foule éveillée, poussée ici au bord et autour de ce trou du temps, par le souci de faire front au nouveau surgissement de la violence politique dans l’Europe contemporaine (meurtres en Hongrie, pogroms en Slovaquie, déplacement de population d’Allemagne vers le Kosovo, fichage et expulsions de masse en France et Italie), montent depuis les cœurs le pressentiment joyeux, l’élan, et dans toutes les langues d’Europe, la rumeur, que l’avenir a déjà grossi le temps d’un soulèvement fatal.

C’est sur la route du retour, périlleuse et pressée, à travers l’espace et le temps éclatés de l’Europe, qu’a surgi, à l’esprit de ces voyageurs neufs l’idée de ces récits, réflexions, images, rassemblés ici comme pour indiquer la destination de leur voyage paradoxal.

L’une est Rrom et l’autre pas.

Elles ont participé au voyage à Birkenau et en sont revenues avec une volonté farouche de témoigner !

Ida Borie et Anina Ciucui au micro de l’humanite.fr :

Ce week end de fête et de mémoire avait aussi pour objectif de faire comprendre à tous que les Rroms sont des Européens...

et qu’ils ne peuvent être réduits à l’image véhiculée par les médias ou malheureusement une certaine partie des hommes et femmes politiques.



Fête de l’insurrection gitane, à Saint Denis par gerardw


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