Affaire Benalla : « Ce ne sont pas des barbouzes qui doivent assurer la sécurité de l’Elysée »

samedi 21 juillet 2018
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Le monde

Affaire Benalla : « Ce ne sont pas des barbouzes qui doivent assurer la sécurité de l’Elysée »

Jean-Paul Megret, secrétaire national du Syndicat indépendant des commissaires de police, reconnaît les responsabilités de la police, mais souligne toutefois celles de l’exécutif.
LE MONDE | 21.07.2018 à 06h42

Jean-Paul Megret est secrétaire national du Syndicat indépendant des commissaires de police (SICP). Il considère que les responsabilités de la police dans l’affaire Benalla ne doivent pas occulter celles de l’Elysée.

Nos révélations : « Le Monde » identifie, sur une vidéo, un collaborateur de Macron frappant un manifestant, le 1er mai, à Paris

Depuis la révélation de l’affaire Benalla, trois cadres de la préfecture de police ont été suspendus à titre conservatoire. Quel est votre sentiment face à cela ?

Jean-Paul Megret : Nous avons le sentiment que d’une affaire Benalla, on est en train de faire une affaire de police. Comme si l’on cherchait des boucs émissaires. C’est M. Benalla qui s’amuse à agresser des gens sous la protection d’un casque et d’un brassard de police qu’il n’a pas lieu d’avoir et nous en serions responsables ? On nous l’a mis dans les pattes, on nous a demandé de le prendre dans des manifestations. Dans une structure hiérarchisée comme la police, compte tenu de son titre d’adjoint au chef de cabinet de l’Elysée, tout le monde a cru qu’il devait lui obéir. Or, ce n’est pas un professionnel. C’est un amateur qui s’amuse à faire la police et, pour lui, la police, c’est vraisemblablement des gens qui tapent sur d’autres gens. Ce n’est pas ça la police. Il a ruiné notre image et c’est assez insupportable.
Des cadres de la préfecture de police auraient transmis des images de vidéosurveillance à M. Benalla. Ne doivent-ils pas aussi assumer leurs responsabilités ?
Des policiers ont certainement commis des fautes et, en tout cas, l’enquête le dira. Je remarque néanmoins qu’ils étaient suspendus alors que M. Benalla n’était toujours pas licencié. Leur plus grande faute a été d’obéir aveuglément à quelqu’un qu’ils ont pris pour un représentant de l’Elysée. Ils l’ont perçu, à tort, comme une autorité légitime. Il ne faudrait pas que l’on se focalise sur ces trois policiers en oubliant que le cœur du sujet, c’est qu’un individu déguisé en policier s’est amusé à agresser des manifestants. Des responsabilités doivent être assumées. Mais nous ne sommes pas en tête de liste.

Comprendre pourquoI trois responsables policiers ont été suspendus
A qui faites-vous allusion ?

L’Elysée a allumé un contre-feu pour essayer d’atténuer sa responsabilité d’avoir embauché cet homme et de l’avoir envoyé gérer des manifestations. Mais c’est bien l’Elysée qui emploie M. Benalla. Or, normalement, ce sont des professionnels qui assurent les prestations de sécurité à l’Elysée, qui font l’objet de sélections et de formations particulières, ce ne sont pas des barbouzes. On a le sentiment que le plus haut niveau de l’Etat considère avec méfiance les policiers et les gendarmes et n’a confiance qu’en des gens du premier cercle à qui il préfère accorder un port d’arme et une voiture équipée comme une voiture de police.

Il y a quelques mois, on nous a prévenus que le GSPR [le groupe de sécurité du président de la République] allait quitter le giron de la police nationale pour devenir une entité à part, sous l’autorité unique de l’Elysée, et qui pourrait recruter en dehors de la police et de la gendarmerie. Cette logique est dangereuse. Et on l’a vu. On est peut-être les représentants de l’ancien monde mais on pense que pour faire de la sécurité, il faut rester dans un cadre.


Comment M. Benalla était-il connu dans la maison police ?

Il était connu depuis la campagne électorale. A de multiples reprises, lors de services d’ordre ou de voyages officiels, il a créé des incidents, en exigeant que tout le monde se mette à son service. Plusieurs fois, on est passé tout près d’affrontements physiques avec des fonctionnaires. Il considérait qu’il avait portes ouvertes partout.
Pensez-vous que certains ont été séduits ou impressionnés par sa personne, au point de lui accorder des passe-droits ?

Ce n’est pas lui qui a obtenu ces passe-droits, c’est l’Elysée. Et quand l’Elysée demande, on exécute. Ce qui a pu impressionner ou séduire, c’est son positionnement hiérarchique, sa qualité d’adjoint au chef de cabinet du président de la République. C’est ça qui fait toute la différence. Tout s’est joué sur l’apparence. Et c’est là où j’en veux à ceux qui ont permis de créer cette apparence.
Quel a été le rôle du ministère de l’intérieur et de l’Elysée dans la gestion de cette affaire ?

Dans l’institution policière, nous connaissons tous l’article 40 [du code de procédure pénale, qui prévoit que « toute autorité constituée, tout officier public ou fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou d’un délit est tenu d’en donner avis sans délai au procureur de la République »]. En l’espèce, des gens ont considéré que quinze jours de mise à pied suffisaient. Si on compare cette sanction à la suspension et la décision de non-titularisation du policier stagiaire qui a commis des violences au dépôt contre un détenu [les faits ont été révélés par une vidéo mise en ligne le 12 juillet], on a le sentiment qu’il y a deux poids, deux mesures.


Source : L’humanité

Anthony Caillé :« L’affaire Benalla porte atteinte aux valeurs de la République »

Jeudi, 19 Juillet, 2018
Julia Hamlaoui
L’un des collaborateurs de l’Élysée, Alexandre Benalla, a été identifié sur une vidéo tournée lors des manifestations du 1er mai dans laquelle il frappe l’un des participants, équipé d’un casque des forces de l’ordre et entouré de CRS. Avant qu’une enquête soit ouverte après la sortie de l’affaire dans la presse, ce membre de l’équipe présidentielle n’avait écopé que de quinze jours de suspensions. Entretien avec Anthony Caillé, le secrétaire général de la CGT-Police Île-de-France.
Comment réagissez-vous à cette affaire Benalla ?

Anthony Caillé : Nous sommes outrés que l’on puisse faire intervenir de cette façon particulièrement illégitime un conseiller de la présidence de la République sans aucun titre particulier, ni aucun rôle officiel dans des opérations de maintien de l’ordre, qui plus est équipé avec du matériel de police. La grande question, c’est : pourquoi le pouvoir politique envoie un émissaire en plein milieu d’une opération de maintien de l’ordre ? C’est du délire. Nous avons adressé un courrier au ministre pour lui demander comment une telle situation a pu être possible. C’est l’exécutif tout entier qui engage sa responsabilité dans cette affaire si une enquête sérieuse et des sanctions proportionnées à la gravité des faits devaient ne pas être mises en œuvre.

Pourquoi estimez-vous que les valeurs de la République sont en cause ?

Anthony Caillé : L’implication d’Alexandre Benalla dans cette opération de maintien de l’ordre et avec un tel usage de la violence porte atteinte aux valeurs de notre République et nui gravement à l’image de la Police nationale. Ces actes, même du fait d’un policier, ne sont pas tolérables et sont condamnables. Aucune violence ne saurait être légitime ou légale. Ce n’est pas comme cela que l’on procède sur une manifestation sociale. Laisser faire ce genre d’exaction alors que l’image de la police est déjà ternie et que nombre de policiers essaient de faire leur boulot le mieux possible, c’est catastrophique et cela met en péril l’équilibre de nos institutions. En outre, cela traduit une collusion très forte entre ces personnages, conseillers de Macron, et la Police nationale. La révélation des conditions dans lesquelles ce grave débordement a pu se produire est indispensable.

Le fait qu’Alexandre Benalla n’ait été que peu sanctionné, sans enquête ouverte avant les révélations dans la presse, témoigne-t-il d’une certaine impunité ?

Anthony Caillé : On est tristement habitué à ce genre de réaction. Plus les hiérarques font de conneries et moins ils sont punis. En règle générale, j’appelle cela la purge vers le haut : quand un haut gradé de la Police nationale ou un hiérarque commet ce genre de chose, on l’envoie dans un service ailleurs et on lui donne le galon supérieur. Je ne suis pas étonné, c’est ce qui se passe régulièrement.

Un militant agressé en 2016 à un meeting de Macron

Ce n’est pas la première fois que le collaborateur d’Emmanuel Macron s’en prend physiquement à des personnes. En novembre 2016, alors qu’il était chargé de la sécurité du tout nouveau candidat à l’élection présidentielle, un jeune communiste a été frappé et évacué violemment d’un meeting. L’Humanité, qui avait recueilli son témoignage, en avait fait état à l’époque : « Un jeune militant communiste de la ville a été violemment poussé vers la sortie par deux membres du service d’ordre, alors qu’il souhaitait écouter et ‘‘interpeller’’ l’ancien ministre de l’Économie. » Le jeune militant communiste a reconnu Alexandre Benalla comme étant l’homme qui l’avait frappé, comme il l’explique au site Buzzfeed.

Une vidéo sur Youtube de cet épisode montre l’homme identifié comme Alexandre Benalla le sortir sans ménagement. Sur Buzzfeed, la journaliste de l’Humanité auteure de l’article de 2016, Lola Ruscio, témoigne : le militant « a bien été sorti violemment. Il m’avait aussi dit avoir été frappé par un membre du service d’ordre, mais je n’avais pas assisté directement à la scène ».

Entretien réalisé par Julia Hamlaoui


Source : Médiapart
La présidence Macron face à sa part d’ombre
20 juillet 2018 Par Edwy Plenel

L’affaire Benalla évoque un climat nauséabond de basse police et de cabinet privé au cœur de l’Élysée. Cette privatisation de la sécurité présidentielle dévoile la part d’ombre du monarchisme macronien.

Voici donc deux collaborateurs de la présidence de la République, Alexandre Benalla et son acolyte Vincent Crase, surpris dans leurs méfaits : faux policiers mais vrais cogneurs de manifestants. Il n’est pas exclu que ces irréguliers abrités par l’Élysée soient plus nombreux, comme le suggère l’énigme d’un troisième homme, Philippe Mizerski, également présent le 1er mai. Il n’est pas exclu non plus que leurs méfaits soient eux aussi plus nombreux, comme le montrent leur aisance à s’imposer aux forces de police sur le terrain, leur capacité de faire interpeller les manifestants victimes de leurs coups (lire là nos révélations) et leurs relais au sein de la préfecture de police pour obtenir des informations.


Source : L’Humanité

De nouvelles images de Benalla et Crase place de la Contrescarpe

Vendredi, 20 Juillet, 2018
La polémique prend de l’ampleur, après les révélations des violences commises par des proches de l’Elysée lors de la manifestation du premier mai. Wilson, 26 ans, étudiant américain en histoire de l’art, présent place de la Contrescarpe ce jour là, a observé et filmé messieurs Benalla et Crase dans leurs œuvres. Il témoigne.

Le témoignage de Wilson, 26 ans, étudiant américain en histoire de l’art :
https://www.humanite.fr/de-nouvelles-images-de-benalla-et-crase-place-de-la-contrescarpe-658315

Le point sur l’affaire
L’Elysée a annoncé vendredi qu’il licenciait Alexandre Benalla, placé en garde à vue après une vidéo le montrant frapper un manifestant. Ni policier, ni gendarme, le comportement de ce proche collaborateur d’Emmanuel Macron a suscité l’indignation et paralysé les travaux du Parlement. M. Benalla a été placé en garde à vue vendredi matin à Paris pour des faits de violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public, d’usurpation de fonctions, de port illégal d’insignes réservés à l’autorité publique, ainsi que de complicité de détournement d’images issues d’un système de vidéo-protection.

Vincent Crase, réserviste de la gendarmerie et agent d’accueil pour LREM qui accompagnait Alexandre Benalla le 1er mai, a aussi été placé en garde à vue pour violences en réunion par personne chargée d’une mission de service public et usurpation de fonction.

Le directeur de cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, a été entendu jeudi comme témoin dans cette enquête.

Des députés des oppositions ont accusé Gérard Collomb de "mensonges", après de nouvelles informations de presse selon lesquelles le ministre était au courant de l’agression dès le 2 mai - informations non confirmées à l’AFP.
La commission des lois du Sénat procédera à l’audition de M. Gérard Collomb, ministre d’État, ministre de l’intérieur, le mardi 24 juillet 2018 à 17 h 45, afin d’entendre ses explications sur les conditions de la participation de M. Alexandre Benalla, alors chef adjoint du cabinet du Président de la République, aux opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 1er mai à Paris ainsi que sur la nature et le cadre institutionnel de la mission qu’il y assumait au nom de l’État en collaboration avec les forces de sécurité.

À l’occasion de cette audition, le ministre sera également invité à s’exprimer sur les actes de violence et de vandalisme commis dimanche et lundi derniers en marge des rassemblements de liesse populaire qui ont accompagné la victoire de la France lors de la coupe du monde de football.


Source : Le Figaro

Pour Jean-Luc Mélenchon, l’affaire Benalla est « du niveau du Watergate »

Dans un entretien au journal Le Monde, le patron de la France insoumise dresse un parallèle avec le système d’écoutes illégales mis en place aux États-Unis par le président Nixon, destitué en 1974. Le député des Bouches-du-Rhône dénonce l’existence à l’Élysée d’une « milice personnelle » formée autour d’Alexandre Benalla.
Le parallèle est historiquement lourd de sens. Dans un entretien au journal Le Monde , le chef de file de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, réagit avec virulence à l’affaire Benalla qui secoue la sphère politico-médiatique depuis mercredi en la comparant au Watergate. En 1974, la presse américaine avait mis au jour un vaste réseau d’écoutes illégales orchestré par la Maison-Blanche. Mis en cause, le président Richard Nixon avait finalement été destitué la même année.

Jean-Luc Mélenchon joue-t-il les oiseaux de mauvais augure pour Emmanuel Macron ?
« Nous allons voir », répond-il seulement à la journaliste du Monde qui lui demande s’il pense que le président de la République va « tenir ». Mais de préciser, quelques lignes avant : « Cette crise va durer ».

Et pour cause, selon Jean-Luc Mélenchon, l’affaire Benalla n’a pas seulement à voir avec les violences que l’ancien chargé de la sécurité de l’Élysée aurait commises contre des manifestants, le 1er mai dernier, selon une vidéo révélée mercredi par Le Monde. Le patron de la France insoumise dénonce plus largement l’existence d’une « milice privée » à l’Élysée. « Il faut le démasquer », déclare-t-il quand la journaliste du Monde lui demande s’il existe un « cabinet de sécurité officieux au plus haut sommet de l’État ».

Jean-Luc Mélenchon croit reconnaître une autre personne présente aux côtés d’Alexandre Benalla et Vincent Crase, tous les deux placés en garde à vue, dans la vidéo du 1er mai. « Qui est-il ? Qui le commandait ?, lâche-t-il, affirmant que ce « troisième homme » avait « fait partir les parlementaires en écharpes [de la France insoumise] de la marche en hommage à Mireille Knoll », cette octogénaire assassinée en mars 2018 pour des motifs possiblement antisémites. Hués par la foule, les responsables de la France insoumise et du Front national avaient dû être exfiltrés.

Pour le député des Bouches-du-Rhône, dans l’affaire Benalla, aucun « fusible » ne saurait suffire à refermer « la crise politique ouverte », c’est « Emmanuel Macron, évidemment » qui est responsable, sous-entendant qu’une possible démission du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, ne suffirait pas à calmer les esprits. « Nous n’avons pas à offrir le nom du fusible à M. Macron.

Le ministre de l’intérieur est déjà disqualifié. Il a menti et beaucoup ! Plus aucun policier ne peut croire en sa parole. Bien sûr qu’il va démissionner et il ne sera pas le seul », lâche le président du groupe LFI à l’Assemblée nationale qui appelle le président de la République à « s’exprimer » et à « assumer en respectant la Parlement ». « Le comportement de la majorité est celui d’un avion sans pilote. On dirait que personne ne veut porter le chapeau.

Ils sont tétanisés », poursuit Jean-Luc Mélenchon, qui aurait souhaité que le chef de l’État demande au premier ministre ou au ministre de l’Intérieur de s’exprimer devant l’Assemblée nationale. À la demande de la commission des Lois de l’Assemblée nationale, constituée en commission d’enquête, le chef de la place Beauvau, Gérard Collomb, sera auditionné lundi au Palais Bourbon. « Le Parlement ne peut pas interpeller le chef de l’État, alors il nous reste la motion de censure », met en garde l’ex-candidat à l’élection présidentielle, évoquant la procédure par laquelle le parlement peut entraîner, après un vote, la démission du gouvernement.


Lire également

Alexandre Benalla, collaborateur de l’Élysée, a fait le coup de poing dans la manif du 1er Mai sans être sérieusement sanctionné. Une illustration du clanisme qui règne au cœur du pouvoir. (l’Humanité)

Et plus
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article4907


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