Vaulx-en-Velin : Menace d’expulsion du Bidonville de Vaulx Sud, lettre à la maire et au préfet.

vendredi 7 novembre 2014
par  onvaulxmieuxqueca
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Collectif Rrom Solidarité Vaulx-en-Velin

Madame H.GEOFFROY
Maire
Hôtel de Ville
Place de la Nation
69120 VAULX-EN-VELIN

Madame La Maire,

Le 22 octobre nous vous avons interpelé par courrier au sujet du bidonville situé rue Jacquard à Vaulx Sud.

Nous vous disions alors que nous étions inquiets que : « nous ne pouvions rester encore à attendre les confrontations douloureuses avec le voisinage ».

Un appel à manifester ce samedi et « Actions renouvelées chaque samedi jusqu’au départ des roms » a été distribué, concernant ce bidonville de Vaulx sud. Appel signé « les riverains et associations ». Un tel anonymat questionne : qui sont ces riverains et associations ?

Le contenu de ce « tract » anonyme est très stigmatisant pour les habitants du bidonville, de la même teneur et du même anonymat que ceux distribués, il y a 1 an, contre la présence des Roms sur le site longeant le tram.

C’est pourquoi nous venons vous redire nos inquiétudes, au vu des précédents existants et renouveler nos demandes de mesures rapides afin d’apaiser concrètement, en gérant rapidement les problèmes de salubrité, vitaux pour tous,
voisins et habitants du bidonville.

Nous vous redemandons l’installation de bennes, l’installation de toilettes, l’accès à un point d’eau sur le terrain du bidonville. Un état des lieux de ce bidonville au niveau sanitaire permettant de réfléchir concrètement aux possibilités locales existantes serait nécessaire.

La gêne pour les voisins existe, c’est indéniable !

Le quotidien, des habitants immédiatement voisins est évidemment « modifiée » par la promiscuité de personnes, de familles, d’enfants qui sont dans un dénuement le plus total.

Lorsque il y a 150 à 200 personnes vivant dans des cahutes de fortune, sans eau, sans toilette, sans électricité, sans benne à ordures, cela ne peut qu’ ’engendrer un mouvement de personnes plus important qu’habituellement, plus de monde dans un bout de rue habituellement fréquentée par les habitants des trois petits immeubles attenants. Le bidonville étant au bout de l’impasse accessible par un chemin non carrossable.

Cette situation génère, bien évidemment, des allers et venues de nombreuses personnes pour aller chercher de l’eau à la borne à incendie située au début de l’impasse Jacquard. L’eau, c’est la vie, c’est se laver, boire, laver son linge.
Cela génère des allées et venues des familles, pour aller déposer les déchets dans les containers sur le bord de l’impasse. Bien sûr les poubelles débordent : comment peut-il en être autrement ? Il n’y a pas de poubelles supplémentaires alors qu’il y a plus d’habitants ! Souvent les poubelles sont renversées, mais ce n’est pas le fait de ces familles, qui connaissent bien le rejet dont ils sont objets et font le maximum, pour la grande majorité d’entre elles, à tenir propre le bidonville et ses abords, autant que faire se peut dans ce dénuement.

Personne n’a choisi cette situation : ni les habitants des immeubles de la rue Jacquard, voisins immédiats du bidonville, ni les familles de ce bidonville.

Vous avez mis en place un plan de lutte contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. La lutte contre le rejet de l’autre, contre le racisme, ne sont pas à géométrie variable. Il apparaît clairement dans cette situation l’importance à mener un travail d’information, de sensibilisation sur la situation qu’ont à vivre ces populations rejetées de toutes parts, de leur histoire et de discuter tous ensemble des solutions pouvant être envisagées, afin que chacun puisse vivre dans un climat apaisé et d’ouverture.

Ces populations n’ont pas choisi ce mode de vie : seuls le rejet et la misère les contraignent, les maintiennent dans ces situations déshumanisantes.

Nous savons que la mairie ne peut assumer seule l’aide au logement et l’insertion de ces familles. Nous vous demandons néanmoins de faire en sorte que ces habitants ne soient pas stigmatisés.

Nous vous demandons de les aider à vivre dans des conditions décentes, respectant les Droits de l’Homme, dont nous pensons que ce sont des valeurs que vous devez porter. Valeurs que votre mandat doit garantir, sur son territoire pour toute personne.

Nous vous demandons aussi d’intervenir en urgence, auprès du Préfet afin que soient mises en œuvre les préconisations de la circulaire d’août 2012, circulaire émise par Monsieur le Président de la République, dont vous représentez politiquement le projet sur Vaulx-en-Velin.

Dans l’attente de votre intervention, recevez, Madame la Maire, nos salutations militantes et citoyennes.


 Monsieur le Préfet
Préfecture
106 rue Pierre Corneille
69419 LYON CEDEX

Monsieur le Préfet,

Vous trouverez ci-joint le courrier que nous avons adressé au Maire de Vaulx-en-Velin concernant la situation du bidonville se situant au fond de la rue Jacquard à Vaulx-en-Velin Sud.

Nous venons en parallèle vous demander de mettre en œuvre rapidement les préconisations émises par Monsieur le Président de la République dans sa circulaire d’août 2012, dont les chargés d’applications sont les instances dont vous relevez.

Nous vous avions rencontré lors de l’installation du premier bidonville sur le site du Sytral, depuis évacué, sans que les préconisations de la circulaire n’aient été appliquées et mises en œuvre.

Nous ne pouvons que constater que nous sommes dans un scénario infernal de chasser des familles d’habitats précaires sans leur proposer aucune autre alternative que de reconstruire ailleurs un abri, pour y survivre, puisqu ’aucune aide d’aucune sorte ne leur ait proposée.

Des solutions existent puisque vous-même avez initié le plan ANDATU et nous saluons cette initiative.

Vous avez su mobiliser des équipes pour que cela se fasse : vous étiez précurseur, nous vous demandons de remettre en route cette dynamique qui était la vôtre : la circulaire d’août 2012 est dans cette dynamique.

Nous pensons que ce plan doit être mis en œuvre pour l’ensemble de ces populations qui vivent, qui dans des squats, qui dans des bidonvilles.

Nous vous demandons expressément de réunir tous les services de l’Etat pouvant travailler à réfléchir et mettre en œuvre l’aide et l’accompagnement de toutes ces familles.

Nous ne pouvons continuer ce scénario infernal de « démantèlement de campements illicites » et voir s’installer un nouveau « campement » identique, recréant les mêmes réalités que celui évacué.
Cela dure depuis plusieurs années sur l’agglomération lyonnaise, avec des situations dramatiques et des morts.

Nous savons que des aides européennes existent et que la France a été mise en cause pour sa gestion aberrante et contraire aux Droits de l’Homme, de l’accueil de ces familles européennes Ces personnes doivent vivre et bénéficier d’un accueil comme tout européen dans la communauté européenne.

Nous ne pouvons continuer ainsi à laisser sur le bas coté de notre société et dans un dénuement indigne, inacceptable, des hommes, femmes, des enfants et les " déplacer " au gré des jugements de tribunaux Notre histoire a déjà connu des déplacements, des désignations et des rejets de populations.

Nous devons réagir contre ce racisme larvé et de plus en plus souvent exprimé, des appels à la haine de l’autre et trouver des solutions pérennes, pour désamorcer ce climat et ces situations inacceptables. .

Nous en appelons à votre humanité, aux engagements de respect des Droits de l’Homme que sous-tend votre position dans l’Etat Républicain.

Nous vous demandons de mobiliser toutes les forces de l’Etat pour aider ces populations. Nous vous demandons de leur donner droit à vivre décemment, droits qu’ils ont comme chacun d’entre nous.

Nous vous demandons de ne pas laisser s’installer le rejet, la haine, la stigmatisation de toutes ces familles qui, nous en sommes convaincus, ont possibilité de s’intégrer, comme tant d’autres populations migrantes ont su le faire dans notre pays.

Des expériences d’acceptation, de cohabitation et de démarches positives existent aussi en France, pour le refus de ces bidonvilles.

La mise en œuvre de la circulaire est un moyen garant du respect du droit de toutes ces personnes ainsi qu’une nécessité pour ne pas faire porter aux voisins proches de ces bidonvilles l’insupportabilité de cette misère.

Dans l’attente de votre intervention, recevez, Monsieur le Préfet, nos salutations citoyennes.


L’expulsion du bidonville des Coquetiers à Bobigny en Seine Saint Denis a abouti à un désastre. Des 80 enfants scolarisés du terrain, seuls 8 vont encore à l’école aujourd’hui. Familles séparées, dispersées aux quatre coins de France, bébés et vieillards malades jetés à la rue, formations professionnelles interrompues brutalement, voilà le bilan de cette expulsion qui se voulait "exemplaire".

Il n’y a pas de culture de la misère, pas de culture de la saleté ni de la mendicité ; seulement les affres de la misère et de l’exclusion, seulement des choix qu’on fait quand on n’a pas le choix Ce ne sont pas les pauvres qu’il faut combattre mais bien la pauvreté. Comment peut-on avoir encore besoin d’énoncer cette évidence en 2014 ?

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