Belgique. Le 6 novembre : une « mobilisation ouvrière historique »

dimanche 9 novembre 2014
par  onvaulxmieuxqueca
popularité : 34%

Source : Alencontre

Extrait du dossier

Belgique. Le 6 novembre : une « mobilisation ouvrière historique »

Publié par Alencontre1 le 6 - novembre - 2014
Dossier

Le quotidien de droite La Libre Belgique, en date du 6 novembre, à 15 heures, écrit : « C’est la mobilisation la plus importante depuis des années », se félicite Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC (Confédération des syndicats chrétien). « Ce qui me frappe, c’est la présence de personnes qui ne manifestent jamais d’ordinaire. » Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB (Fédération générale du travail de Belgique), a tenu à rappeler que cette manifestation constituait « un signal fort pour le gouvernement ».

« Les mesures prévues touchent tout le monde. Le pouvoir d’achat sera mis à mal, tant pour les travailleurs que pour les allocataires sociaux et les petits indépendants. » Jan Vercamst, le président (depuis 2006) de la CGSLB (Centrale syndicale des syndicats libéraux de Belgique), a pour sa part indiqué « qu’il était ravi de répondre à l’invitation du Premier ministre, ajoutant que son organisation conservait des contacts avec les partis libéraux et le CD&V (Libéraux flamands). Il a par ailleurs balayé la question communautaire quant à la participation à la manifestation, précisant que 60% des militants CGSLB présents sont néerlandophones. »

Cette mobilisation est effectivement d’une ampleur réelle à l’aune des luttes historiques en Belgique.

Ce n’est pas un hasard si les médias belges indiquaient qu’ils allaient suivre ses développements d’heure en heure. Les directions des deux syndicats qui organisent plus de 2 millions d’inscrit•e•s – soit la CSC et la FGTB – ont appelé à cette mobilisation nationale dans la perspective d’obtenir une « vraie concertation ».

Le premier ministre Charles Michel a, de suite, le 6 novembre, devant le parlement, appelé à « la concertation ». La portée de la mobilisation traduit une radicalité d’un secteur des salarié•e•s, sous les coups d’une attaque sans précédent. Une radicalité qui va au-delà des projets des appareils syndicaux.

Dans ce sens, ce 6 novembre valide le contenu politique de la lettre ouverte adressée, le 16 octobre 2014, par les militants de la LCR de Belgique aux directions syndicales.

Nous la reproduisons à la fin de ce dossier.

Nous portons d’abord à la connaissance de nos lectrices et lecteurs deux articles de la presse belge francophone. Le premier du quotidien Le Soir qui, à sa façon, décrit les traits forts du 6 novembre. Le second, du magazine Le Vif qui prend acte de la force de la manifestation, mais exprime des réserves que l’on retrouve dans le camp des « sociaux-libéraux ».

Les grands médias internationaux vont mettre d’abord l’accent sur quelques incidents qui, pour l’essentiel, reflètent la riposte rageuse de travailleurs qui ressentent, sur leur peau, la haine de classe des choix patronaux et d’un gouvernement au sein duquel la droite extrême occupe une place de choix, entre autres avec son ministre de l’Intérieur : Jan Jambon. (Rédaction A l’Encontre)


Le quotidien belge, Le Soir, écrit ce 6 novembre : « Les syndicats ont mobilisé, jeudi, plus de 100’000 personnes dans les rues de Bruxelles.

C’est l’une des plus grandes manifestations depuis la Seconde guerre mondiale. Voici les premiers enseignements à chaud. » Le journaliste Bernard Demonty en tire les leçons suivantes :

  1. « 1. La manifestation est un succès. En début de semaine, les autorités bruxelloises parlaient de 80’000 personnes. Plus tard, les syndicats, sur base des ventes de billets de train et de réservations de bus, espéraient plus. Finalement, la police estime le nombre de manifestants à 100’000. Les organisations syndicales parlent de 120.000, estimant que de nombreux manifestants sont restés dans les gares, faute de train. Cette manifestation est donc la plus importante depuis le Pacte des Générations en 2005, où il était déjà question de réformer les prépensions. Ce mouvement est donc aussi l’un des plus importants de l’après-guerre.
  1. 2. Le sentiment d’injustice domine. Parmi les manifestants, trois mesures provoquent au mieux l’incompréhension, au pire la colère voire la violence. La première, c’est l’allongement des carrières avec la fin concomitante de la possibilité d’alléger son horaire dès 55 ans. La deuxième, c’est le saut d’index [qui implique une perte moyenne pour chaque salarié de 500 euros par année], et le sentiment que, contrairement à ce que dit le gouvernement, la compensation sociale promise n’est pas arrivée. Et la troisième, c’est l’absence de taxation du capital ou de toute forme d’imposition de la fortune, estiment les manifestants, qui rend l’accord de gouvernement difficile à accepter. Le président de la CSC [Confédération des syndicats chrétiens], Marc Leemans, a résumé la situation par une métaphore : « Le gouvernement épargne les Bentley, les BMW et les Porsche Cayenne. Et il s’en prend aux Skoda, aux Opel et aux Citröen C4. »
  2. 3. La « vraie concertation sociale » sera difficile. Le gouvernement a décidé de jouer l’apaisement. A peine le cortège lancé, le conseil des ministres restreint a invité les syndicats à une entrevue, à 17 heures. Les syndicats ont accepté, tout en émettant des regrets. « Il a fallu la plus grande manifestation depuis la seconde Guerre Mondiale pour que le gouvernement daigne nous contacter », a dit Rudy De Leeuw, le président de la FGTB [Fédération générale du travail de Belgique]. Pour autant, il est loin d’être acquis que cette concertation verra le jour. Les syndicats exigent, avant de discuter que les rencontres n’aient pas pour but de « discuter des points et des virgules de l’accord. »

Ils veulent une « vraie concertation. » De son côté, Charles Michel [Premier ministre depuis le 10 octobre, libéral, Parti réformateur, fils d’une famille libérale] défend ses réformes. Il l’a assuré à la Chambre ce jeudi 6 novembre. « Ces mesures sont nécessaires pour assurer l’avenir.

Il est de notre devoir de prendre des décisions. » Il n’a toutefois pas fermé la porte à la discussion. « Chacun doit écouter et respecter l’autre. J’espère que les partenaires sociaux pourront s’engager avec nous. » Bart De Wever [ Bourgmestre d’Anvers, dirigeant du parti d’extrême droite, le N-VA, le Nieuw-Vlaamse Alliantie, Alliance néo-flamande] n’a pas davantage laissé de porte ouverte.« Merci à ceux qui s’engagent pour les bien-être et la prospérité, prennent leurs responsabilités et ont confiance dans les mesures difficiles que nous prenons. »

  1. 4. La contestation va s’amplifier. Les syndicats, de leur côté, n’ont nullement laissé entendre qu’ils allaient lever le pied sur la contestation sociale. Toutes les actions de ces prochaines semaines sont maintenues, des grèves tournantes à la grève générale du 15 décembre. « Et si le gouvernement continuer à rester sourd, nous reprendrons les actions dès le 5 janvier. », annonce Marc Goblet, le secrétaire général de la FGTB.
     

Commentaires

Agenda

Array

<<

2024

 

<<

Avril

 

Aujourd’hui

LuMaMeJeVeSaDi
1234567
891011121314
15161718192021
22232425262728
293012345
Aucun évènement à venir les 6 prochains mois