Des « Jours heureux » que le patronat et les libéraux ont toujours en travers de la gorge

lundi 5 janvier 2015
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : l’humanité

Des « Jours heureux » que le patronat et les libéraux ont toujours en travers de la gorge

Grégory Marin
Vendredi, 2 Janvier, 2015
L’Humanité

Le programme du Conseil national de la Résistance subit depuis des décennies les attaques incessantes de la classe dirigeante, depuis peu relayée, jusqu’à l’Elysée et Matignon, par des socialistes convertis au libéralisme.

Lorsque, en octobre 2007, l’ex-numéro deux du Medef, Denis Kessler, écrivait dans l’hebdomadaire Challenges qu’il fallait «  sortir de 1945 (et) défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance  », il provoquait un tollé dans la France sarkozyste.

Mais quand, en novembre 2012, Louis Gallois, estampillé patron de gauche, déclarait devant le Sénat (alors à majorité de gauche) que «  le pacte social de 1946 (était) à bout de souffle et (qu’il fallait) le renouveler  », la France hollandiste n’a pas relevé.
L’aboutissement d’un long processus de dénigrement du programme du CNR, les « Jours heureux », entamé par les patrons de combat des années 1960 et achevé avec les sociaux-libéraux installés aujourd’hui à Matignon et à l’Élysée ?
La lecture du discours de François Hollande, hier (lire en page 7), pouvait donner cette impression.

En 1967, les ordonnances Jeanneney entament la livraison progressive de la Sécurité sociale au privé.
Viendront le tour des retraites, censées «  débarrasser les travailleurs de l’incertitude du lendemain  » mais dont les conditions d’accès ne cessent de se durcir, tandis que le niveau baisse d’année en année.

Dans la foulée, le financement de la protection sociale, «  deuxième salaire  » socialisé, soustrait au capital parce que directement prélevé sur la richesse créée, est sans cesse réduit.

Sous pression du patronat et avec la bénédiction des gouvernements de droite et socialistes successifs, les allégements de «  charges  » patronales se multiplient, ce que consacre le pacte de responsabilité entré en vigueur hier.

Quant au service public, il se réduit comme peau de chagrin.

Le CNR avait instauré nationalisations, statuts des mineurs, des électriciens et des gaziers ?

Aujourd’hui règne le credo reaganien, «  l’État est le problème  ».

En cinquante ans, le programme du CNR a subi les attaques frontales du patronat dont les effets n’ont jamais été jugulés par les atermoiements d’une gauche atone. Lors de la dernière université d’été du Medef, Denis Kessler jubilait : «  C’est la première fois qu’un premier ministre socialiste (Manuel Valls, NDLR) nous dit qu’il aime les entreprises.  »

Avant même la mort du dernier représentant du CNR, pour cette gauche-là, les « Jours heureux »ne sont plus la «  référence des forces de progrès  » (1).


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