« BenallaGate », ce scandale d’État : Monsieur Macron, terrifiant chef de meute

mardi 7 août 2018
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Reporterre

Monsieur Macron, terrifiant chef de meute

27 juillet 2018 / Isabelle Attard

L’affaire Benalla, du nom de ce chargé de mission de l’Élysée qui a fait le coup de poing en costume de policier le 1er-Mai dernier, a fait réagir notre chroniqueuse. Selon elle, cette histoire « dévoile au grand public une face terrifiante d’Emmanuel Macron ».

Isabelle Attard a été députée écologiste du Calvados. Elle se présente comme « écoanarchiste

De nombreux Français ont cru élire un jeune banquier avec de bonnes manières et propre sur lui, un jeune ambitieux aux dents longues certes, mais qui allait dépoussiérer le vieux monde en mettant en place une « République exemplaire ».

La disruption au quotidien, le barrage contre la peste blonde. De cette image, 15 mois plus tard, je ne garderai que les dents longues, celles du Loup de Wall Street, pardon, de l’Élysée.

Depuis une semaine, le « BenallaGate », ce scandale d’État touchant directement le président de la République, a permis de dévoiler au grand public une face terrifiante d’Emmanuel Macron.

Car n’en déplaise à sa cour, tous les Français en parlent. Et pas uniquement les twittos parisiens.

Que montrait exactement l’article d’Ariane Chemin, dans le journal Le Monde, qui a mis le feu aux poudres ?

Un secrétaire adjoint du cabinet de l’Élysée, armes de policier en main, en train de tabasser un couple de jeunes manifestants place de la Contrescarpe à Paris le 1er mai 2018. Alexandre Benalla n’est ni CRS ni gendarme.

Vous me direz que, vu le nombre de violences policières, ce monsieur se fond entièrement dans le paysage habituel des représailles musclées (doux euphémisme) des manifestations.

Le 2 mai 2018, Emmanuel Macron est mis au courant que le tabassage a été filmé par des smartphones de citoyens anonymes et circule sur la toile. Il ne dit rien à la justice et Alexandre Benalla continue, comme avant, de le protéger, de l’entourer et de garder les clés de la maison privée du Touquet, entre autres tâches.

Le plus important dans cette affaire est que ce barbouze de 26 ans était chargé par Emmanuel Macron lui-même de constituer un « groupe de protection du président », alors que le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) existe déjà et se compose de 77 gendarmes et policiers professionnels.

Le scandale éclate donc au moment où allait se constituer cette milice privée présidentielle, cette garde prétorienne sortie de nulle part et qui comptait bien exister incognito, mais aux frais des contribuables.

Le Président voulait constituer une meute efficace et secrète

Et voilà que notre jeune président-banquier aux dents longues, après deux jours d’audition des commissions d’enquête du Sénat et de l’Assemblée pour démêler la chronologie et les responsabilités dans cette affaire, déclare devant sa cour de parlementaires en marche : « Je suis le seul responsable […] qu’ils viennent me chercher ! »

Alors celle-là, j’avoue, aucun président ne nous l’avait encore faite !

Ça doit être ça, la disruption jupitérienne.

On pourrait traduire par : « Arrêtez-moi si vous pouvez ! » ou bien encore « Je suis Dieu tout-puissant et je vous emmerde ». Oui, je sais, c’est vulgaire. Mais ce que vient de faire Emmanuel Macron aux Français l’est bien plus encore.

Ceux qui croyaient que nous étions en démocratie ont dû frôler l’arrêt cardiaque. Pour ma part, je pensais que le vernis allait tenir quelques années de plus. Hasard du calendrier, la « République exemplaire » a pris un énième coup dans l’aile grâce à Muriel Pénicaud. La ministre du Travail aurait selon toutes vraisemblances octroyé un juteux marché de 13 millions d’euros à l’agence Havas sans mise en concurrence.

Sympas les copains.

Le Président voulait constituer une meute efficace et secrète.

Mais pour faire quoi, exactement ? Infiltrer les manifestations et faire porter la responsabilité des dégradations à ses opposants politiques ? Dissuader la population d’aller manifester ? Ceux qui ont lu Matin brun, de Franck Pavloff, ou La Servante écarlate, de Margaret Atwood, ont probablement en tête le processus terrifiant qui consiste à faire naître l’autocensure, le détournement du regard face aux injustices flagrantes, l’acceptation du pire du moment que l’on n’est pas concerné…

En 1967, Albert Vidalie écrivait pour Serge Reggiani : Les Loups sont entrés dans Paris :
[…] C’était un loup gris des Carpates
qu’on appelait Carêm’-Prenant
Il fit faire gras à ses enfants
Et leur offrit six ministères
Et tous les gardiens des fourrières… alors […]

Le comportement du loup de l’Élysée peut prêter à sourire.

Il est en train de faire « liesse et bombance dans notre foutu pays de France ».

Il détruit en mode Blitzkrieg les protections sociales du Conseil national de la Résistance.

Il change les fondements de la Sécurité sociale.

Il transforme les citoyens tendant la main aux réfugiés en dangereux criminels et prélève dans la bourse des plus précaires les sommes qu’il redistribue aux privilégiés.

« Alors… »
Je ne m’arrêterai de dénoncer que lorsque, comme chantait Reggiani, « les hommes auront retrouvé l’amour et la fraternité ». Cela peut arriver vite, ou pas.


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