Vaulx-en-Velin : La coopérative d’habitants « Chamarel-Les Barges » fait la UNE du journal « Le Progrès » du Rhône.

mercredi 23 novembre 2016
par  onvaulxmieuxqueca
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Le Progrès - Le 20/11/2016

Rhône - logement L’habitat coopératif gagne du terrain

Après Villeurbanne, une seconde coopérative d’habitants va voir son projet de logements se concrétiser à Vaulx-en-Velin. Après avoir façonné leur immeuble, ils en assureront sa gestion, sans être propriétaires.

Treize seniors qui endossent la casquette de promoteurs immobiliers pour édifier la résidence de leur rêve. Ce n’est pas le scénario d’un film, mais l’histoire bien réelle de ces retraités, âgés de 60 à 72 ans, qui misent sur l’habitat coopératif pour passer leurs vieux jours ensemble. Le concept, popularisé au Quebec et en Norvège, prend de l’ampleur en France.

Il se décline à Vaulx-en-Velin, « avec notre bande de vieux », plaisante Chantal Nay. Elle ne lâche pas du regard cet immeuble en construction de quatre étages, au quartier Barges-Cachin, qui abritera 16 appartements. C’est leur « bébé », conçu en 2009, dont l’arrivée est programmée pour l’été 2017.

« Aucun d’entre nous ne voulait passer sa retraite dans un foyer-logement ou isolé en maison », insiste Michelle. Le groupe a poussé la démarche collective jusqu’à monter une coopérative d’habitants, leur permettant de financer eux-mêmes leur projet. « Et pouvoir en assurer l’intégralité de la gestion, à notre guise », ajoute Jean Sintès, mué lui aussi en maître d’œuvre d’un nouveau genre.

Les treize sociétaires de la coopérative Chamarel ne seront donc pas propriétaires de leur logement. « Ce sera la coopérative », rappellent ceux qui ont acheté des parts sociales, avant de verser une redevance mensuelle dès qu’ils prendront possession de leur logement.

« Chacun aura son appartement et profitera des pièces communes », se réjouissent-ils. Buanderie, chambre d’amis, local à vélo, atelier et vaste salle à manger composeront le rez-de-chaussée collectif.
« Il faut partager les mêmes valeurs pour que ça marche »
« Il y aura des ruches sur le toit et un jardin. Avoir les mêmes envies, ça crée des affinités », certifient-ils. La plupart de ces retraités vivent déjà dans l’Est lyonnais. Certains sont amis depuis le lycée, comme Jean et Helios. Michelle a convaincu son amie Anne de quitter la Bretagne pour intégrer le projet. « C’était un rêve de vivre collectivement, de cette façon », assure Chantal. De trois au départ, ils sont aujourd’hui 13, en attendant cinq nouvelles personnes, qui pourront occuper les appartements encore disponibles. Mais entrer dans cette bande demande du temps. « Il faut partager les mêmes valeurs. » L’écologie en est une, avec une isolation faite en paille. Le sol du parking sera constitué de noyaux de pêches et d’abricots. Le respect de la laïcité et l’ouverture des pièces de vie à d’autres groupes associatifs font aussi partie de leurs ambitions. Ces derniers mois, les réunions se multiplient. « C’est un travail énorme. Il faut bien s’entendre. On ne prend aucune décision sur Internet. » Tout se dit en face, selon le mode du consensus.
Si leur parcours a été parfois semé « d’obstacles financiers et juridiques », ils touchent enfin au but. « Ce sera le début d’une nouvelle vie », résume Helios, ému et fier d’avoir pris son destin immobilier en main avec cette « bande de vieux » unique.
Yoann Terrasse


Le Progrès - Le 20/11/2016

« Une envie forte de vivre plus collectivement »

Jean-Paul Sauzede et Valérie Morel, membres de l’association Habicoop

Votre association aide en ce moment plusieurs groupes à fonder leur coopérative d’habitants. Pourquoi ce concept séduit-il de plus en plus dans le Rhône ?

« Le fait de voir des projets se concrétiser et sortir de terre, comme le Village vertical de Villeurbanne puis Chamarel à Vaulx, a permis de lever certains doutes. Il y a une envie de franchir le pas. C’est une troisième voie entre la propriété individuelle et la location, sur laquelle la France a 30 ans de retard par rapport à des pays comme la Suisse ou le Québec. »

Quel est le profil des groupes qui vous sollicitent pour monter un projet ?

« Il peut y avoir toutes les générations, comme à Villeurbanne, ou des retraités soucieux de bien vieillir ensemble, comme à Vaulx. Ces coopératives sont accessibles à tous : elles s’inscrivent dans une dynamique d’innovation sociale et sociétale. »

Quels sont leurs inconvénients ?

« Il faut au moins cinq ans pour aboutir à un projet. C’est long et cela nécessite un très fort investissement de chaque habitant. L’autre problématique est de trouver du foncier. Mais nous avons le soutien des collectivités, qui sont à nos côtés pour nous proposer des terrains. »

Comment envisagez-vous l’avenir de ce mode d’habitat ?

« Il est voué à se développer. Tout en ayant l’intimité de leur appartement, les gens éprouvent une envie forte et le besoin de vivre plus collectivement. On constate aussi que les maisons de retraite ont des tarifs élevés.

Grâce à la loi Alur, les coopératives disposent désormais d’un statut juridique, en s’appuyant sur des montages financiers solides et reproductibles. C’est sécurisant de savoir que le montant des parts sociales est établi dès le départ et qu’il gardera toujours la même valeur. On perçoit un désir de plus en plus fort chez les gens de tourner la dos à la spéculation. »

Recueilli par Y. T.


Le Progrès - Le 20/11/2016

De Lyon à Joux, des projets prennent forme

Avec ses 14 logements, le Village vertical de Villeurbanne a été un précurseur sur ce type d’habitat dans le Rhône, dès 2013. Photo d’archives Joël PHILIPPON

L’habitat coopératif tisse doucement sa toile à travers le département. Actuellement, seuls deux projets sont sortis de terre. Le dernier en date est celui de la coopérative de retraités Chamarel, à Vaulx. Sa création repose sur le même modèle économique que le Village vertical de Villeurbanne , qui accueille 14 foyers et des pièces communes.

Trois ans plus tard, « la cohabitation est parfaite grâce à ce mode de vie collectif et on s’entraide chaque jour », assure Sofien Chaieb, un résident.

« Ce village fonctionne très bien », confirme à son tour Valérie Morel, coordinatrice de l’association Habicoop, qui soutient une dizaine de projets dans la région, dont un à Lyon. À La Guillotière, la Métropole a mis à disposition l’immeuble de la Gargousse, dans le cadre d’un bail emphytéotique de 70 ans après une réhabilitation à la charge de la coopérative, comprenant six foyers.

La livraison des logements, qui auront une grande salle et un atelier, est prévue pour 2018.

À la Croix-Rousse à Lyon , 13 foyers ont lancé, en 2009, le Groupe du 4-Mars. « Nous avons un terrain pour construire un immeuble d’une vingtaine de logements, avec une partie coopérative, une autre en logement social et des espaces communs. Le choix de la maîtrise d’œuvre est en cours », détaillent ses membres, qui aspirent à cet habitat alternatif pour « un autre vivre ensemble, plus solidaire ».

Rien d’aussi concret à Joux , mais une réflexion est en train de s’amorcer. Emeline Bossut vient de lancer l’association Habiter autrement autour de Tarare.

« On a une vingtaine de contacts, confie-t-elle. Lors de nos réunions, on va créer des groupes avec ceux qui veulent habiter en ville et ceux qui préfèrent la campagne. » À Bron , un projet immobilier, avenue Brossolette, devrait réunir quelques foyers sur un format coopératif. « On cherche des personnes qui ne veulent pas vivre seules leur retraite », explique Luc Gauthier, dont l’association Apps’Solu négocie directement avec les promoteurs pour obtenir des appartements adaptés aux seniors, avec des espaces communs. Le projet est en attente : son permis est en cours d’instruction.
Y. T.


Le Progrès - Le 20/11/2016
Point par point

Financement d’une coopérative : comment ça marche ?

Le projet Chamarel, à Vaulx-en-Velin , est estimé* à 1,4 million d’euros. Il se situe sur un terrain qui a été proposé par la Ville. Chaque sociétaire de la coopérative a acheté entre 20 000 et 40 000 euros de parts sociales.

Puis, ils verseront 600 euros de redevance mensuelle pour un T2 (800 euros le T3). Des emprunts ont été contractés sur 40 ans. Les sociétaires ne sont pas propriétaires, mais ils gèrent collectivement leur immeuble, qui appartient à la coopérative.
Chacun fait valoir une voix lors de décisions importantes à prendre. À Bron , le projet porté par l’association Apps’Solu se base sur le même mode : un achat de parts sociales de 20 000 à 60 000 euros, puis une redevance de 600 euros par mois.

Et en cas de départ ?

L’habitant qui quitte son logement récupère la valeur de ses parts sociales du départ, peu importe la plus-value prise par l’immeuble. C’est un procédé anti-spéculation. En cas de décès, ce sont ses héritiers.

À Vaulx, il sera remplacé par un autre retraité, partageant les mêmes valeurs écologiques, citoyennes et coopératives.

Distinguer l’habitat coopératif et participatif

On parle ici de coopérative d’habitants, avec un statut juridique spécial et un montage financier propre. Il faut le distinguer de l’habitat participatif, qui se développe lui aussi, mais sur des sites où chacun est propriétaire de son appartement, tout en bénéficiant de pièces collectives.

Zoom - Repère Comment la loi Alur a simplifié la donne

En 2014, la loi Alur a simplifié la création d’habitats coopératifs.

Désormais, il est possible de fonder une coopérative, dont les sociétaires sont les habitants.

Ces derniers achètent des parts sociales de cette coopérative et payent en plus, chaque mois, une redevance, qui comprend les charges communes, les remboursements des prêts, mais aussi une provision en vue de futurs travaux.

Cette loi facilite aussi l’entrée et la sortie des habitants, pour assurer la pérennité du logement coopératif. En 2015, il y avait environ 400 groupes constitués pour fonder une coopérative en France.

Un chiffre très inférieur à certains pays étrangers, où le concept est largement développé. En Suisse, cela représente 8 % du parc immobilier et jusqu’à 20 % dans des grandes villes, comme Zurich. En Norvège, c’est de l’ordre de 15 %, dont un pic à 40 % à Oslo !

Des chiffres impressionnants, comme au Québec, où 50 000 habitants font partie d’une coopérative.


On vaulx mieux que ça.
*Le chiffre d’estimation le plus proche de la réalité, se situe entre 2,4 à 2,5 millions. Ce chiffre comprend le prix du terrain, le prix du bâtiment, le payement des divers bureaux d’études, assurances, …, cuisines intégrées, TVA.


Source : Vaulxenvelinlejournal

Chamarel-Les barges, les bottes de paille sont posées

L’ISoLATIoN PAILLE, c’est l’une des spécificités de ce logement collectif imaginé de A à Z par ses futurs habitants selon une démarche non spéculative, démocratique et écologique. L’entreprise drômoise Bâti-Nature a commencé, mi-novembre, la mise en œuvre de l’isolation en bottes de paille.

Bien rôdée dans le domaine puisqu’en 2016, l’entreprise a réalisé son 100e bâtiment. Sur le chantier des Barges, les bottes ont été livrées il y a quelques semaines, telles que sorties de la botteleuse, et sont posées sur toute la hauteur des murs, à l’intérieur du bâtiment, pour être ensuite à peine compressées. Une fois la pose terminée, la paille sera recouverte d’un enduit terre. Cette pratique n’est pas nouvelle, mais à l’heure où les enjeux écologiques et environnementaux sont mis en avant, elle rencontre un engouement certain.

En 2014, le nombre de bâtiments en paille en France était estimé à 3000.

Grâce à cet excellent isolant, les pionniers de Chamarel seront au chaud l’hiver et au frais l’été. “Sur le plan thermique, le bâtiment offrira un meilleur niveau que la réglementation.

Le chauffage de l’immeuble de quatre étages sera comme un appoint, avec une chaudière à gaz relativement petite, valant deux chaudières individuelles”, explique Franck Janin, ingénieur conseil de l’entreprise Heliasol. Sans aller jusqu’à dire qu’il n’y a que paille qui vaille, l’exemplarité de la démarche des coopérateurs de Chamarel – des personnes vieillissantes aux idées fort novatrices – est reconnue dans l’Hexagone et au-delà. Le temps pour passer du rêve à la réalité n’est que fétu de paille puisque l’emménagement est prévu en juillet. F.M


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