Urgence : Vers une grève de plus grande ampleur ?

vendredi 19 avril 2019
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Révolution Permanente

Vers une grève de plus grande ampleur ?

La grève des services d’urgences, un modèle pour tout le service public !

Des conditions de travail en dégringolade, des postes systématiquement supprimés et des files d’attente qui s’allongent. Les services d’urgences des hôpitaux concentrent et cristallisent les difficultés provoquées par les réformes austéritaires. Tandis que les gouvernements successifs organisent partout la pénurie de moyens, les urgentistes montrent la voie avec une grève qui pourrait atteindre une ampleur inédite.

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Le double objectif de l’austérité : rassurer les marchés et ménager un terrain de rentabilité pour le privé

A l’heure où les fonds affluent pour rebâtir Notre-Dame de Paris, il serait bon de rappeler que le patrimoine commun n’est pas seulement fait de pierre. Il est aussi constitué de nos écoles, nos universités, nos transports et nos hôpitaux qui tournent grâce à des hommes et des femmes, grâce à de la force et de l’intelligence humaines. Tous ces secteurs indispensables à la vie quotidienne fonctionnent depuis plusieurs décennies à flux tendu et partout la qualité se dégrade.

Entre tous, l’hôpital est peut être celui dans lequel ces politiques cyniques qui produisent sciemment la misère et la désorganisation ont l’effet le plus tragique. En sous-effectif chronique et confrontés en permanence à la souffrance croissante que vivent les populations les plus fragiles, les services d’urgences saturent. En décembre dernier une femme mourait sur son brancard au beau milieu de l’hôpital, faute de prise en charge. Les agressions des personnels se multiplient.

Pourtant l’austérité n’est la conséquence d’aucune véritable impossibilité de fournir les moyens nécessaires. Elle n’a pour but que de rassurer les marchés financiers privés sur lesquels les Etats font des emprunts et grâce auxquels ils engrangent de scandaleuses plus-values sur le dos des populations (ce fameux plafond des 3 % de déficit public).
D’un autre côté, elle permet, en détériorant le service public, de ménager une raison d’être au privé qui se charge de fournir des prestations de santé coûteuses et sans file d’attente. Mais une société qui ne sait partager que la misère est aussi honteuse qu’une société qui ne sait pas préserver ses cathédrales.

Les logiques austéritaires antisociales au service du grand capital sont la maladie qui ronge la charpente de toute la société, et il est grand temps d’y mettre fin !

Seuls les travailleurs de la santé et les usagers savent de quoi a besoin l’hôpital
Alors que s’installe une véritable dictature des gestionnaires, les urgentistes rappellent haut et fort que le malade n’est pas une marchandise et que l’hôpital n’est pas une entreprise.

Sur la base en effet de quel savant calcul un gestionnaire justifie-t-il les coupes budgétaires de l’hôpital ?

Il n’est pas rentable ?

Mais qui peut dire la richesse que produisent chaque jour les dizaines de millions de personnes qui recouvrent ou qui ont recouvré un jour la santé grâce à l’hôpital et peuvent ainsi retourner au travail ? Les richesses produites par un tel service sont inestimables mais l’esprit gestionnaire étroit entend s’en tenir aux seuls montants payés directement par les patients.

La prévention par exemple est une méthode essentielle et un rouage central de la santé publique. Or par définition la prévention ne peut pas être facturée puisqu’elle doit être effectuée en amont des prises en charge. C’est donc aux médecins et personnels de l’hôpital de définir ce dont l’hôpital a besoin pour fonctionner, et non aux politiciens d’En Marche qui imaginaient, à l’instar du député Olivier Véran en octobre 2018, rémunérer l’hôpital pour… chaque patient reconduit à la sortie avant toute prise en charge et en direction d’un autre service !

Le service public n’est pas un vestige des temps révolus comme voudrait le faire croire Macron. Il est au contraire la première pierre d’un système beaucoup plus performant encore que l’on pourrait bâtir si l’on reprenait la main sur le système productif et ses moyens. Les urgentistes montrent le chemin, à nous tous, ensemble, de l’emprunter à leur suite.
 


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