A Budapest, les rocambolesques prises de fonction des nouveaux élus d’opposition. + des extraits d’une interview du nouveau maire de Budapest.

dimanche 27 octobre 2019
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : Le Courrier d’Europe Centrale
Extraits d’articles suite aux élections municipales de Budapest, gagnées par l’opposition gouvernementale.

A Budapest, les rocambolesques prises de fonction des nouveaux élus d’opposition

26 octobre 2019 par Ludovic Lepeltier-Kutasi | Pays : Hongrie | Source : 24.hu, Mérce

Recomptages dans les arrondissements pris par l’opposition, bureaux vidés, vagues de démission dans les administrations municipales. Le Fidesz a tout fait pour saboter les passations de pouvoir après les élections municipales du 13 octobre dernier »…

… « mardi 22 octobre la commission confirme les premiers comptages et autorise de facto l’investiture des nouveaux élus, sous réserve d’appel des décisions. »…

… « Dans un post mis en ligne le 17 octobre sur son profil Facebook, la « maire élue » du neuvième arrondissement Krisztina Baranyi, expliquait avoir reçu la demande de recomptage « dix minutes avant [son] entrée en fonction ». Avec le commentaire suivant : « Ils ont gagné trois jours. Il y a deux raisons possibles à cela : soit il s’agit d’une bande de médiocres mauvais joueurs, soit il faut du temps pour supprimer des éléments compromettants qui pourraient les conduire en prison ». »…

… « Une vidéo réalisée dans la nuit du 17 au 18, montrant le très matinal (1h) déménagement du maire sortant du premier arrondissement, renforce ces soupçons de dissimulation. On y voit un transporteur charger de nombreux cartons aux abords de l’hôtel de ville avant de les acheminer au domicile de Gábor Tamás Nagy. « J’ai fait déménager tous mes livres », s’est ensuite justifié le principal intéressé. »…
https://courrierdeuropecentrale.fr/a-budapest-les-rocambolesques-prises-de-fonction-des-nouveaux-elus-dopposition/
 

Gergely Karácsony : « En tant que maire, je veux que Budapest devienne plus solidaire et écologique »

19 octobre 2019 par Ludovic Lepeltier-Kutasi | Pays : Hongrie
… « Votre élection survient dans le sillage de fortes mobilisations, de mouvements comme Nolimpia, ou les manifestations de l’hiver dernier. Pensez-vous que c’est l’aboutissement d’un processus, le résultat d’un mouvement plus profond ?

Ces facteurs ont tous contribué de manière importante à cette victoire. La société hongroise fonctionne par à-coups, par de soudaines prises de conscience collectives. Les manifestations de l’hiver dernier contre la « loi esclavagiste » en font indéniablement partie, car l’opposition a réalisé qu’elle pouvait rassembler ses forces autour d’un objectif commun. Si cette prise de conscience a été une étape indispensable sur le chemin du changement, elle n’était pourtant pas suffisante. »…

… « Pour que l’opposition gagne, il a fallu que nous changions notre façon de faire de la politique, en étant plus proches des gens. »…

… « Le Fidesz, ainsi que certains articles de la presse internationale, pointent le fait que Budapest a été gagnée par l’opposition au prix d’une alliance entre la gauche et l’extrême-droite. Cela vise évidemment le Jobbik, avec qui il y a eu des accords de désistement dans certains arrondissements.
Je pense qu’on ne peut plus sérieusement qualifier le Jobbik de parti d’extrême droite. Ses racines sont évidemment celles d’une formation de la droite radicale, mais la condition sine qua non de la coordination des partis d’opposition, a été que le Jobbik rompe avec son discours extrémiste et qu’il y ait des gestes concrets envers les différents groupes qu’il a pu blesser par le passé, notamment les juifs et la communauté rom de Hongrie."...

… « L’intérêt du pays, comme celui de la capitale, c’est que le recentrage du Jobbik ne se réduise pas à une contingence stratégique, mais que ce soit un processus que nous puissions ancrer et renforcer. A l’heure actuelle, le Jobbik est un parti de centre-droit, avec un passé d’extrême-droite. Dans la perspective de la construction d’une alternance à Viktor Orbán, il s’agit d’une nouvelle donne à la fois positive sur le plan moral, mais aussi nécessaire. »…

… «  Revenons sur la campagne qui vient de se dérouler. Elle a été dure, violente, agressive. Est-ce que vous vous attendiez à une joute électorale d’une telle intensité ?
Nous savions que la campagne serait difficile. Il y a plusieurs choses sur lesquelles j’aimerais insister. En trente ans de démocratie, c’est la première fois que la police organise une descente dans un QG de l’opposition, avec un motif risible, et la reconnaissance a posteriori qu’aucune infraction n’avait pu être constatée. C’est la première fois que les réunions de la direction d’un parti d’opposition sont mises sur écoute au sein même de l’enceinte parlementaire. »…

… « On connaît vos relations tumultueuses avec les socialistes à l’échelle de votre arrondissement, Zugló. On a vu certains militants du MSzP y déchirer vos affiches. Est-ce qu’on ne peut s’attendre à une adversité venant de vos propres alliés ?

Non. La campagne, le scrutin et les résultats ont permis aux différents partis de se fondre dans une seule équipe. Les tractations et négociations qui ont suivi les élections de dimanche me rendent optimiste quant au fait que cette unité ne se fissure pas durant les cinq prochaines années. »…

… «  Parlons désormais de ce que vous allez faire, étant désormais officiellement maire de la ville. Quelles vont être vos premières décisions ?
Bien sûr, les premières décisions que je vais prendre ont soit une portée symbolique évidente, soit seront simples à mettre en œuvre.
Il y a d’abord l’adoption du « paquet anti-corruption » et une série de mesures portant sur la transparence de la politique municipale, la proclamation de l’état d’urgence climatique à Budapest, la mise à l’arrêt des grands projets urbains, l’élargissement des publics éligibles aux tarifs réduits sur les transports en commun, ou encore la non-application de la « loi esclavagiste » dans l’administration municipale ainsi que dans les régies et entreprises contrôlées par la ville.

Cette dernière mesure est une façon de rappeler l’importance des manifestations de l’hiver dernier dans la coordination et le succès de l’opposition.

Aujourd’hui, j’ai également suspendu toutes les procédures d’expulsion de locataires habitant dans des logements détenus par la ville. C’est une décision qui rompt avec la pratique qui voulait que les municipalités se débarrassent des locataires ayant des arriérés de loyers, une fois les élections passées et en anticipation de la trêve hivernale durant laquelle aucune expulsion n’est possible. Je pense même qu’il faut des moyens supplémentaires pour empêcher que ces gens, souvent endettés, se retrouvent à la rue. »…

« À quoi va ressembler Budapest dans cinq ans ? Comment voyez-vous les cinq prochaines années ?  »…

... « Ce que j’aimerais durant les temps à venir, c’est de réussir à réduire le sans-abrisme et la pauvreté, d’augmenter véritablement les espaces verts, d’améliorer et de rendre plus accessible le réseau de transports publics, de trouver des solutions pour déjouer la crise du logement en construisant des logements neufs et en rénovant, y compris énergétiquement, le parc municipal existant. Partant de là, j’espère que dans cinq ans, Budapest soit une ville un peu plus solidaire et écologique.  »…
https://courrierdeuropecentrale.fr/gergely-karacsony-en-tant-que-maire-je-veux-que-budapest-devienne-plus-solidaire-et-ecologique/


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