Turquie : les affrontements deviennent meurtriers. La confédération syndicale turque KESK, appelle à cesser le travail à partir de ce midi, pour dénoncer la « terreur de l’Etat ».

mardi 4 juin 2013
par  onvaulxmieuxqueca
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Source : RFI
Turquie -
Article publié le : mardi 04 juin 2013

Turquie : les affrontements deviennent meurtriers

Par RFI

Cinquième jour de violence en Turquie. Les opposants à la politique du gouvernement Erdogan multiplient les rassemblements, souvent durement réprimés par les forces de l’ordre. Après la mort confirmée d’un manifestant, hier lundi 3 juin, renversé par une voiture à Istanbul, les médias locaux ont rapporté celle d’un second individu, dans le sud du pays. Il serait décédé après avoir été blessé par balles cette nuit. Alors que les affrontements se durcissent, l’une des plus importantes confédérations syndicales turques a appelé à une grève de deux jours.

Avec notre envoyée spéciale à Istanbul, Stéfanie Schüler

La nuit du 3 au 4 juin a encore donné lieu à de nombreux affrontements d’une grande violence à Istanbul, entre les forces de l’ordre et les manifestants, après la répression du grand rassemblement pacifique hier sur la place de Taksim, par hélicoptères.

« Nous étions au parc Gezy qui donne sur la place de Taksim, raconte un manifestant. On avait le vent dans le dos, donc il est certain que c’est bien l’hélicoptère qui lançait le gaz. Avec le vent, le gaz est venu jusqu’à nous. Les gens ont pris la fuite. Il y a eu un mouvement de panique. Les gens ont couru dans tous les sens. Ils ont perdu de vue leurs amis. Un enfant a perdu sa mère. »

Les heurts de cette nuit ont surtout éclaté dans les quartiers d’Istanbul qui entourent cette place principale, notamment - et encore une fois - à Besiktas, où selon plusieurs témoignages concordants la police a tendu un véritable guet-apens aux manifestants.

Les manifestants revendiquent le caractère pacifique de leur mouvement. Hier soir, des lanternes volantes ont été envoyées depuis la place de Taksim dans le ciel, en signe de paix et d’espoir.

Ce matin encore, une armée de volontaires civils nettoie les rues d’Istanbul. Une manière pour eux de montrer qu’ils ne souhaitent pas semer le chaos, contrairement à ce que prétend le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan.

Au moins deux morts

Par ailleurs, à Antakya, dans le sud de la Turquie, près de la frontière syrienne, un manifestant est mort dans la nuit de lundi à mardi. Selon la chaîne de télévision NTV, il était âgé de 22 ans et appartenait au mouvement de jeunesse du Parti républicain du peuple (CHP).

Il a été tué par balles lors d’un rassemblement antigouvernemental sans que l’on ne connaisse pour le moment l’origine du tir, a précisé le bureau du gouverneur de la province. Il s’agit du deuxième décès depuis le début de la contestation en Turquie, un autre manifestant a été renversé hier par un taxi à Istanbul.

Dimanche déjà, Amnesty International évoquait deux morts dans les manifestations en Turquie.

Les syndicats à la rescousse

Hier soir déjà, les participants au rassemblement sur la place de Taksim disaient qu’ils souhaitaient une mobilisation syndicale.

Ils ont été entendus.

La principale confédération syndicale turque KESK, appelle donc l’ensemble du pays à cesser le travail à partir de ce midi, pour dénoncer ce que les syndicats qualifient de « terreur de l’Etat ».

Les grévistes pourraient, par la suite, gonfler les rangs des lycéens et des étudiants, qui vont eux, se mobiliser dans les rues dès ce matin.
Erdogan inflexible, son vice-Premier ministre s’excuse

L’attitude du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan n’aide en rien à l’apaisement. « Nous restons fermes », a-t-il martelé avant son départ, lundi 3 juin, pour une tournée au Maghreb. Les élections locales de 2014 seront le seul mode d’expression du peuple valable à ses yeux. « Si vraiment nous avons des pratiques antidémocratiques, notre nation nous renversera », a ajouté le chef du gouvernement.

M. Erdogan laisse visiblement les réponses plus consensuelles au reste de son gouvernement. Ainsi lors d’une conférence de presse ce mardi 4 juin, le vice-Premier ministre turc et porte-parole du gouvernement, Bülent Arinç, a présenté ses excuses aux manifestants blessés lors des manifestations.

Il a estimé que les premières contestations étaient « justes et légitimes » car fondées sur des inquiétudes écologistes. Il a cependant demandé l’arrêt des manifestations aujourd’hui.


Appel à la grève générale pour dénoncer le climat de "terreur" en Turquie


Turquie : les affrontements deviennent meurtriers.

Source : La Presse ca
Publié le 04 juin 2013

Manifestations en Turquie : Ankara tente d’éteindre l’incendie

Philippe ALFROY
Agence France-Presse

Istanbul
Le gouvernement turc a tenté mardi d’enrayer le mouvement de contestation politique sans précédent auquel il est confronté depuis cinq jours en appelant les manifestants, désormais appuyés par un important syndicat, à rentrer chez eux.

Au terme d’une nouvelle nuit de mobilisation et de violences marquée par la mort d’un deuxième manifestant dans le sud du pays, le vice-premier ministre Bülent Arinç a reconnu les « légitimes » revendications des écologistes à l’origine de la fronde et invité les protestataires à mettre un terme à leur action.

« Je demande tous les syndicats, tous les partis politiques et à tous ceux qui aiment et pensent à la Turquie de le faire aujourd’hui », a lancé le porte-parole du gouvernement, alors qu’une des plus grandes centrales syndicales du pays a engagé mardi une grève de deux jours contre « la terreur exercée par l’État ».

En l’absence de la principale cible des manifestants,le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, en tournée au Maghreb jusqu’à jeudi, M. Arinç, qui sortait d’un entretien avec le président Abdullah Gül, a prononcé des paroles apaisantes.

D’abord en présentant ses excuses aux très nombreux blessés civils, à l’exception toutefois de « ceux qui ont causé des dégâts dans les rues et tenté d’entraver les libertés des gens ». Comme il l’avait déjà fait samedi, le vice-premier ministre a regretté l’usage abusif des gaz lacrymogènes par la police, « qui a fait déraper les choses ».

Sur un plan plus politique, il a également assuré que son gouvernement « respecte (...) les différents modes de vie » de tous les Turcs.

Depuis le début de la contestation vendredi, les manifestants accusent M. Erdogan de dérives autoritaires et de vouloir « islamiser » la Turquie laïque.

« Tout le monde n’est pas obligé de nous apprécier, mais nous sommes ouverts aux opinions de ceux qui ne nous soutiennent pas », a souligné M. Arinç. « Nous n’avons pas le droit ou le luxe d’ignorer le peuple, les démocraties ne peuvent pas exister sans opposition », a-t-il insisté, promettant d’avoir « retenu la leçon » de ces événements.

Son discours conciliant a tranché avec la fermeté sans faille affichée depuis vendredi par le chef du gouvernement qui, sûr de son poids politique dans le pays, a renvoyé ses détracteurs aux élections locales de 2014.

Volontiers provocateur, M. Erdogan a même jugé lundi depuis Rabat que la situation était « en train de revenir au calme ». « À mon retour de cette visite (NDLR : au Maghreb, jeudi), les problèmes seront réglés », a-t-il lancé.

Violences

La main tendue du gouvernement intervient alors que le bras de fer entre la rue et le pouvoir s’est durci mardi avec l’entrée en grève de la Confédération des syndicats du secteur public (KESK), une centrale marquée à gauche qui revendique 240 000 adhérents, et la mort d’un deuxième manifestant.

Après la mort dimanche d’un jeune homme percuté par une voiture lors d’une manifestation à Istanbul, un deuxième protestataire âgé de 22 ans a été tué lundi soir dans un rassemblement à Hatay (sud-est) de plusieurs « coups de feu tirés par une personne non identifiée », a annoncé le gouverneur de la ville, Celalettin Lekesiz.

Le premier rapport d’autopsie rendu public par le procureur a toutefois jeté le doute sur les circonstances de sa mort, assurant n’avoir pas identifié de traces de balles.

Si la situation était calme mardi à la mi-journée, de violents affrontements ont encore opposé dans la nuit la police et les manifestants à Istanbul, Ankara ou Izmir (ouest), faisant de nombreux blessés.

Au coeur de la protestation, l’emblématique place Taksim, dans le centre d’Istanbul, a une nouvelle fois été occupée une bonne partie de la nuit de lundi à mardi par des milliers de manifestants qui, bannières rouges au vent, ont réclamé le départ du chef du gouvernement aux cris de « Tayyip, démission ! »

Signe de l’inquiétude des marchés financiers face à la persistance de la crise, la Bourse d’Istanbul a dégringolé de 10,47 % lundi. Son principal indice a toutefois rouvert mardi en hausse de près de 3 % à l’ouverture.

Hormis les deux personnes décédées dimanche et lundi, les violences des quatre derniers jours ont fait plus de 1500 blessés à Istanbul et au moins 700 à Ankara, selon les organisations de défense des droits de l’homme et les syndicats de médecins.

Ces chiffres n’ont pas été confirmés par les autorités. Le porte-parole du gouvernement a évalué mardi à seulement 64 manifestants et 244 policiers le nombre des blessés.

La brutalité de la répression, largement évoquée sur les réseaux sociaux turcs, a suscité de nombreuses critiques dans les pays occidentaux, notamment aux États-Unis, en France et au Royaume-Uni.
Une porte-parole du Haut-commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Mme Navy Pillay, a demandé à la Turquie de mener une enquête « rapide, complète, indépendante et impartiale » sur « les policiers qui auraient violé la loi et les standards internationaux des droits de l’homme ».


A lire
Manifestations en Turquie : à Istanbul et Ankara, les manifestants continuent à défier le gouvernement. Plus de 1700 personnes interpellées…
http://onvaulxmieuxqueca.ouvaton.org/spip.php?article3228


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