France Culture : Israël/Palestine : une solution en l’État ?
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France Culture : Israël/Palestine : une solution en l’État ?
Jeudi 11 janvier 2024
Comment imaginer le futur d’Israël et de la Palestine après le massacre du 7 octobre et les bombardements qui meurtrissent depuis la bande de Gaza ? L’idée d’un État binational est-elle définitivement devenue obsolète dans chaque camp ?
Avec
• Shlomo Sand Historien israëlien spécialisé dans l’histoire contemporaine
• Alain Dieckhoff Sociologue, directeur de recherche CNRS et directeur du CERI de Sciences Po
Alors que les affrontements entre l’État hébreu et le Hamas sont entrés dans leur troisième mois, des milliers de morts sont à déplorer. Israël est accusé de génocide par l’Afrique du Sud dans une plainte de 84 pages déposée à la Cour internationale de justice de La Haye. La pression autour de l’État hébreu s’accroit. Pour autant, une solution à deux États est-elle envisageable ?
Comment qualifier les crimes qui se déroulent à Gaza ?
"Pour le moment, je ne le définis pas comme un génocide. Je crois qu’Israël a commis aujourd’hui des crimes de guerre, mais entre ça et l’ancien génocide, il y a quand même une différence.", déclare l’historien Shlomo Sand. Le sociologue Alain Dieckhoff poursuit l’argumentaire et ajoute : " je crois qu’il faut faire attention à l’usage des mots. Je pense qu’il est préférable d’attendre l’expertise de la Cour internationale de justice. Mais en première instance, un crime de génocide, c’est un crime qui vise à la destruction totale ou partielle d’un groupe national, ethnique, racial ou religieux, et ça doit vraiment être un but de la guerre, et je ne pense pas que cela soit le cas."
Toutefois, le sociologue insiste sur la destruction qu’a entraîné cette guerre de la bande de Gaza : "plus de 100 000 bâtiments ont été détruits, 60 % des infrastructures au nord de Gaza ont été détruites, et évidemment toutes les victimes civiles, femmes et enfants."
À écouter : Israël accusé de génocide à la Cour internationale de justice : audience scrutée d’Israël en Afrique du Sud
Un État binational pour les deux peuples, une meilleure solution que celle à deux États ?
Dans son ouvrage Deux peuples pour un État ?, Shlomo Sand retrace l’histoire du sionisme et met en avant les théories des penseurs favorables à la création d’un état binational pour les juifs et les palestiniens.
Ce projet a été soutenu par plusieurs philosophes tels que Martin Buber ou Hannah Arendt. Shlomo Sand cite la philosophe et explique qu’elle aurait affirmé : "fonder un État juif sur un territoire où la majeure partie de la population n’est pas juive n’a pas d’avenir.
Cette grande philosophe juive a dit, en 1948, que si l’État juif se constitue sans les indigènes, sans les arabes, à cette époque, il n’y avait pas de Palestine, il y aurait une guerre tous les 10 ans. Quand je regarde la catastrophe que nous vivons, Hannah Arendt était plus réaliste avec ses utopies que d’autres hommes politiques."
Shlomo Sand soutient également ce projet de fédération politique entre les deux peuples malgré qu’il peine à croire à sa mise en place : "Toute ma vie, j’ai lutté pour deux États. Sauf que je suis devenu sceptique lorsque je constate que 850 000 israéliens vivent dans les colonies, dont six ministres.
Toutefois, il est indéniable que la haine a augmenté depuis le 7 octobre, et que cela polarise les deux camps et rend impossible le dialogue actuellement. Cette guerre doit nous faire réfléchir.
Le régime de 1967 jusqu’à aujourd’hui dans la Cisjordanie était un régime d’apartheid, il y a des gens qui ont la citoyenneté à côté des gens qui n’en ont pas, et je parle sur un demi-siècle, on appelle ça apartheid. Le mot est dur, mais il faut l’admettre. Donc à mon avis, si l’Israélien ne veut pas encore le 7 octobre en Cisjordanie, en nord, etc..., il faut commencer à réfléchir".
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