Source : Réseau Syndical International de Solidarité et de Luttes

Slovénie La lutte des travailleurs et travailleuses de Lidl

28 novembre 2023

Le Réseau

Le 19 novembre 2023, les membres de Lidl se sont réunis pour reprendre leurs activités syndicales à plein régime.

Des élections ont désigné un nouveau président et un nouveau comité d’entreprise actif. Les syndiqué∙es slovènes ont également adressé un message de soutien au syndicat slovaque ZO OZ KOVO LIDL, qui négocie actuellement une convention collective au niveau de Lidl.

Des épreuves difficiles, mais une lutte acharnée du syndicat

Dès le début, les membres de Lidl ont dû faire face à une attaque agressive de l’entreprise contre le syndicat.

Dans le but de détruire l’organisation syndicale des travailleurs et travailleuses, qui est un droit constitutionnel en Slovénie, ils ont commencé par muter de manière punitive les membres du syndicat vers des lieux de travail éloignés, en menaçant plusieurs d’entre eux et elles à huis clos et en licenciant le président du syndicat.

En 2020, de nombreuses personnes ont exprimé leur soutien et leur indignation face au comportement de la direction de Lidl : 4 000 ont apporté leur soutien à la lutte des travailleurs et travailleuses de Lidl par le biais d’une pétition en ligne.

Mais l’épidémie de COVID a frappé, plongeant le pays dans l’une de ses plus graves crises.

Mais le syndicat a survécu.

Non seulement il a survécu, mais il est devenu plus fort  :

« Nous nous sommes enfin exprimés collectivement et avons fait front commun contre les violations de nos droits et contre les conséquences du modèle d’entreprise de Lidl pour les travailleuses et les travailleurs, pour la société dans son ensemble. »

Cette même année, les travailleurs de Lidl et le syndicat des travailleurs du commerce de Slovénie (Sindikatom trgovinskih delavcev Slovenije - SDTS) ont appelé à la fermeture des magasins le dimanche.

Le président Tjaša Kozole, ainsi que des représentants d’autres magasins, ont également pris la parole au Parlement à l’époque, envoyant un message clair : « Employé.es du commerce, il est temps de se serrer les coudes et de gagner nos dimanches ».

Et en effet, ensemble, nous avons gagné.

Mais depuis lors, la chambre de commerce, dirigée par Marića Lah, travaille sans relâche à la réouverture les dimanches.

« En 2021, avec un nouveau président du syndicat, nous avons continué le combat, nous ne nous sommes pas arrêtés. Nous avons commencé à rappeler à l’entreprise la pause obligatoire pour le déjeuner et nous avons forcé la direction à inclure le temps de préparation au travail et de fin de travail dans les heures de travail, ce qui avait été systématiquement violé dans la plupart des branches auparavant. Notre plus grande victoire a toutefois été l’aveu final de Lidl qu’il enfreignait la loi avec l’un de ses mécanismes « d’ajustement à haute performance ».

Malgré nos avertissements constants, Lidl n’a pas tenu compte des heures inscrites sur le planning lorsqu’il a renvoyé les travailleurs chez eux plus tôt. Cela fait 15 ans que l’entreprise dissimule et persiste dans cette infraction.

Notre message était clair : Vous pouvez nous renvoyer chez nous, mais seulement si vous reconnaissez les horaires de travail ! Nous avons pu obtenir tout cela parce que nous étions unis, parce que nous étions forts en nombre, alors que nous n’avions même pas encore atteint la représentativité. »

« Lentement mais sûrement, grâce à de petites actions, nous nous sommes renforcés et développés. Nous avons continué à mettre en lumière le problème des syndicalistes licenciés et nous avons soutenu la campagne de collecte de signatures du syndicat, qui proposait de modifier le code du travail afin de mieux protéger les travailleurs et travailleuses contre les mesures disciplinaires arbitraires et illégales et contre l’intimidation par le capital.

Nous avons également participé avec vigueur à la campagne sur l’eau, en travaillant avec d’autres organisations pour empêcher la privatisation des terres côtières. Il est devenu évident que les syndicats ne peuvent plus rester silencieux sur des questions politiques essentielles qui affectent la vie des travailleurs. »

Il reste encore beaucoup à faire

Le taux de rotation du personnel chez Lidl est extrêmement élevé, car il est difficile de maintenir un rythme et une intensité de travail aussi élevés pendant de longues périodes. Pour une même quantité de travail, Lidl emploie beaucoup moins de travailleurs et travailleuses que les autres détaillants, ce qui lui permet de réaliser d’importantes économies sur les salaires.

Mais le faible nombre d’employé∙es et le rythme de travail élevé ont des conséquences importantes sur la santé.

« Nos 15 revendications pour le 15e anniversaire de Lidl restent donc d’actualité. Nous avons besoin de toute urgence d’un plus grand nombre d’employé∙es à temps plein par équipe, car c’est le seul moyen de réduire l’intensité du travail et de garantir ainsi des conditions de travail sûres et saines dans les magasins et les entrepôts. Il est urgent d’arrêter le transfert arbitraire des travailleurs et travailleuses vers des bureaux et des entrepôts éloignés, de réduire la manutention manuelle des charges et de forcer l’entreprise à commencer à respecter les normes de travail que les travailleurs et travailleuses slovènes ont réussi à obtenir. Mais les violations ne cessent pas. Par exemple, l’entreprise ne nous verse toujours pas d’indemnité pour le travail de l’après-midi. »

La lutte des travailleurs de Lidl est de la plus haute importance, car Lidl introduit de nouvelles pratiques de surexploitation des travailleuses et travailleurs dans notre espace, démantelant ainsi les normes de travail choisies pour tous, y compris pour les magasins traditionnels tels que Tuš et Spar.

« Nous sommes très heureux que des membres des syndicats de Tuš et de Spar se soient joints à notre réunion et nous aient soutenus dans nos luttes. Avec eux, nous réussirons ! »

Article paru sur le site du Centre de recherche sociale (Center za druzbeno rasiskovanje - CEDRA).