Source : Mércé.hu

"Je ne veux pas être de la chair à canon" - Des manifestants russes attaquent des bureaux de recrutement avec des cocktails Molotov après l’annonce de Poutine

Bence Bogatin
22 septembre 2022

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Plus de 1.300 personnes ont été arrêtées par les autorités russes lors de manifestations condamnant l’appel de certains réservistes, a indiqué l’organisation de défense des droits OVD-Info, quelques heures après que le président Vladimir Poutine a ordonné une mobilisation partielle - l’appel des réservistes moins de 50 ans - dont la Russie, semblable à la pas vu depuis la Seconde Guerre mondiale.

Selon des informations recueillies dans 38 villes russes, la police a emmené plus de 1 311 personnes jusque tard dans la nuit, dont au moins 502 à Moscou et 524 à Saint-Pétersbourg - OVID-Info. La participation à des manifestations non autorisées est illégale en vertu des lois russes sur les rassemblements.

Meduza, un journal russe critique du Kremlin basé à Letorszárg, a publié un rapport détaillé sur les manifestations de mercredi dans des dizaines de villes à travers la Russie, de Saint-Pétersbourg à Tcheliabinsk et Irkoutsk aux régions d’Extrême-Orient. Dans la plupart des endroits, les manifestants ont scandé "Pas de mobilisation !".

"Tout le monde a peur. Je suis pour la paix et je ne veux pas avoir à tirer. Mais maintenant, c’est dangereux de sortir [aux manifestations], sinon il y aurait beaucoup plus de monde", a déclaré un étudiant portant un symbole pro-paix au correspondant de l’agence de presse AFP à Moscou .

« Je voulais participer à la manifestation, mais il semble que tout le monde ait déjà été arrêté. Ce régime s’est auto-condamné et détruit l’avenir des jeunes", a également déclaré à l’AFP un homme de 60 ans.

Dans un communiqué cité par les agences de presse russes, la responsable du ministère russe de l’Intérieur, Irina Volk , a déclaré que les organes des affaires intérieures avaient stoppé les tentatives d’organiser de soi-disant manifestations plus restreintes. Et ceux qui ont violé la loi ont été arrêtés.

Le Moscow Times, un journal russe basé aux Pays-Bas, a écrit dans la matinée que deux bureaux de recrutement en Russie avaient également été attaqués dans la nuit. Selon le journal, l’un des attentats a eu lieu à Nizhny Novgorod, à 440 kilomètres à l’est de Moscou, et un cocktail Molotov lancé sur le bureau a provoqué un petit incendie. Encore plus à l’est, à Toljatti, une attaque similaire a eu lieu, où l’entrée du bureau de recrutement a été incendiée. Outre Saint-Pétersbourg, un centre de recrutement a également été attaqué à Lomonossov

Les procureurs de Moscou ont averti que l’organisation ou la participation à des manifestations pourrait entraîner jusqu’à 15 ans de prison. La manifestation de mercredi était la première manifestation anti-guerre à l’échelle nationale depuis le début des combats en Ukraine fin février.

Après l’appel des 300 000 réservistes, les billets pour les vols internationaux aller simple au départ de la Russie ont également commencé à décliner rapidement, ce qui est un signe clair que des milliers d’hommes russes en âge de servir tentent de fuir le pays avant d’être envoyés au de face.

"Je ne veux pas être de la chair à canon", a déclaré un homme de 30 ans de Moscou au Moscow Times sous couvert d’anonymat. Le moyen le plus évident pour les hommes d’éviter la conscription est de quitter le pays par l’un des vols directs de la Russie vers l’Arménie, la Turquie et l’Azerbaïdjan.

Mercredi, les billets pour ces pays - où les Russes peuvent entrer sans visa - se sont rapidement vendus. Les prix des vols aller simple vers des destinations prisées ont souvent été multipliés par huit : les billets de la capitale russe à Erevan ont été vendus pour environ 160 000 roubles (2 621 $) jeudi, et de Moscou à Dubaï pour 170 000 roubles (2 784 $). De nombreuses personnes se sont également dirigées vers Istanbul : la ville turque est l’une des destinations les plus fréquentées par les émigrés russes depuis mars.

Une file de voitures longue d’un kilomètre a également été filmée à l’un des points de passage frontaliers en Géorgie, selon un enregistrement publié sur Telegram par la télévision biélorusse Nyehta :

Le mouvement anti-guerre russe Vesna a appelé à manifester , affirmant que "des milliers d’hommes russes, nos pères, frères et maris, sont jetés dans le hachoir à viande de la guerre".

Selon le décret sur l’appel des réservistes, les régions sont responsables de la mobilisation, c’est-à-dire que les gouverneurs seront chargés de l’ingrate tâche d’organisation.

Selon le résumé du journal allemand TAZ, les régions seront probablement informées par le ministère de la Défense du nombre de réservistes de la zone donnée qui doivent aller au front. Si les personnes concernées par la mobilisation partielle refusent de servir, elles risquent dix ans de prison. Les avocats russes signalent des centaines d’appels et de courriels de leurs clients demandant des conseils sur la façon d’éviter le service de première ligne.

Selon l’ analyse de Meduza , bien que les mécontents puissent quitter le pays en grand nombre, le gouvernement suppose que la majorité de la population soutient « l’opération spéciale » en Ukraine, et soutiendra donc également la mobilisation.

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