Deux syndicats dominants - rassemblant autour d’eux un large camp de partisans - ont arrêté le travail pendant trois jours à Los Angeles, à la suite de quoi le district scolaire a été contraint d’admettre la légitimité de leurs revendications, rapporte Jacobin .

Mardi dernier, la section locale 99 du SEIU a appelé à la grève.

Le personnel de soutien du district scolaire unifié de Los Angeles, les chauffeurs de bus, les travailleurs de la cafétéria scolaire et le syndicat des aides-enseignants ont protesté contre les pratiques de travail déloyales du district scolaire.

Un autre syndicat - dans une coopération exemplaire qui n’a pas beaucoup caractérisé les deux organisations jusqu’à présent - à savoir United Teachers Los Angeles (UTLA) les a rejoints par solidarité en obtenant que de nombreuses écoles restent fermées.

Pendant l’action, près de soixante mille travailleurs se sont mis en grève. Les réunions paritaires et les réunions de grève ont duré du mardi au jeudi de la semaine dernière, et les travailleurs sont retournés à l’école vendredi après la grève prévue de trois jours.

Le district scolaire, après n’avoir pas répondu aux revendications du syndicat pendant des mois, s’est immédiatement retrouvé après la grève et a proposé une augmentation de salaire de 30 %, ainsi que des augmentations de salaire rétroactives et une simple prime de mille dollars, ainsi qu’une assurance maladie complète.

Pendant la grève, plusieurs syndicalistes ont fait des déclarations à Jacobin .

Ils ont dit qu’il est obligé de travailler à deux ou même trois emplois parce que leur salaire n’est pas suffisant.

Il leur est également difficile de se permettre de vivre à proximité de l’école, car les prix élevés des loyers les obligent à vivre en périphérie de la ville.

Un membre du SEIU 99 sur trois a déclaré être sans abri ou à risque de le devenir, et un quart des travailleurs se sont plaints d’avoir faim.

Bien que la grève ait été essentiellement déclenchée dans le but d’extorquer des salaires plus élevés, les deux syndicats, mais surtout l’UTLA, qui s’est engagé à être solidaire, se sont également plaints que le district scolaire s’était livré à des pratiques de travail déloyales pendant les négociations.

Bien qu’il dispose d’une réserve d’environ cinq milliards de dollars, il n’était pas disposé à en dépenser une fraction en salaires pendant longtemps. Le SEIU 99 a également signalé que le district scolaire menaçait et surveillait les membres du syndicat.

La nouvelle de la grève de trois jours des deux syndicats s’est rapidement répandue dans tout l’État de Californie, qui compte quarante millions d’habitants. De nombreux politiciens et personnalités publiques ont assuré les grévistes de leur soutien.

Jacobin,

qui a suivi les manifestations, a rapporté que le dernier jour de la grève, les travailleurs avaient organisé un énorme rassemblement au Los Angeles State Historical Park.

Les grévistes semblent être connus pour leur force communautaire : ils ont chanté, tenu des réunions et joué de la musique ensemble tout au long de la journée.

Trixie Navarro, membre du SEIU 99, qui travaille comme assistante d’enseignement dans l’une des écoles de la ville, a amené ses deux enfants à l’événement de fin de grève.

Il a dit à Jacobin qu’il avait trois emplois : en plus de l’école, il devait aussi travailler chez Uber et Amazon.

Cependant, il est probable que l’entente avec le district scolaire ne résoudra qu’une petite partie de ses problèmes.

Photo de couverture : Enseignants de Los Angeles en grève. (Photo : Facebook)

Source : L’Anticapitaliste

USA : les employéEs des écoles de Los Angeles font grève et obtiennent gain de cause

Les salariéEs du Los Angeles Unified School District — gardienEs, jardinierEs, chauffeurEs de bus, employéEs de cafétéria et assistantEs d’éducation spécialisée — ont fait grève pendant trois jours en mars et ont obtenu d’importants gains salariaux.
Les grévistes, 30 000 membres de la section 99 de l’Union internationale des employéEs de service (SEIU), ont également reçu le soutien de 35 000 membres du syndicat des enseignantEs de Los Angeles, qui ont refusé de franchir le piquet de grève. Le district a été contraint de fermer des centaines d’écoles accueillant quelque 422 000 élèves.

Augmentation de 30 % des salaires

Les Angelinos (habitantEs de Los Angeles) pouvaient se reconnaître dans les grévistes.
Les travailleurEs scolaires — un groupe ethniquement diversifié, composé de blancs, de noirs, de latinos et d’asiatiques — ont reçu le soutien de la plupart des parents et du grand public, qui ont reconnu qu’après trois ans de pandémie de Covid, deux ans de travail sans renouvellement du contrat d’entreprise et l’augmentation du taux d’inflation, les employéEs des écoles avaient besoin d’une augmentation de salaire. Le salaire de certainEs d’entre elles et eux était si bas qu’ils et elles n’avaient pas les moyens de payer leur loyer sur le marché immobilier onéreux de Los Angeles.
Face au blocage des négociations pour le renouvellement de leur contrat, la section locale 99 du SEIU a donc lancé une grève de trois jours — une démonstration de force.

La brièveté de la grève a permis de ne pas trop perturber la vie des parents, ce qui a permis un soutien plus important aux grévistes.

Pendant la grève, le district scolaire, les travailleurEs en grève et les enseignantEs ont fourni de la nourriture aux parents pour leurs enfants, dont 80 % dépendent de l’école pour leur déjeuner quotidien. La ville a également ouvert 30 centres de loisirs proposant des services de garde gratuits pour les enfants âgéEs de 6 à 11 ans.

Peu après la grève, le district et le syndicat sont parvenus à un accord sur une augmentation de 30 % des salaires, les faisant passer de 15 à 22 dollars de l’heure. Le salaire annuel moyen des travailleurEs passera de 25 000 à 33 000 dollars. Les travailleurEs recevront également un paiement rétroactif de 4 000 à 8 000 dollars, en fonction de la classification du poste et des années de service, ainsi qu’une prime de 1 000 dollars pour chaque travailleurE employé en 2020. Enfin, les travailleurEs bénéficieront de prestations de soins de santé entièrement payées pour celles et ceux qui travaillent au moins quatre heures par jour.

Résurgence du mouvement syndical

La nouvelle maire démocrate progressiste de Los Angeles, Karen Bass (élue contre un autre démocrate, promoteur immobilier milliardaire), a fait pression sur le district pour qu’il négocie avec le syndicat et est intervenue elle-même dans les négociations. « Je suis reconnaissante que nous ayons pu trouver un accord pour aller de l’avant aujourd’hui », a-t-elle déclaré. « J’espère que c’est le début d’une nouvelle relation qui conduira à un district scolaire plus fort et à un meilleur avenir pour ses travailleurs et ses élèves dans les années à venir ».

La victoire des employéEs des écoles est également importante pour les enseignantEs de Los Angeles qui vont eux-mêmes bientôt entrer en négociation de contrat et pourraient être amenés à faire grève.

Depuis 2018, les États-Unis ont connu une résurgence du mouvement syndical des enseignantEs et des employéEs des écoles, avec des centaines de milliers d’enseignantEs qui ont fait grève d’un bout à l’autre du pays. Les enseignantEs se sont souvent engagés dans des grèves courtes — les deux tiers d’entre elles ont duré moins de cinq jours et certaines n’ont duré qu’une journée ou même une demi-journée. Ces grèves permettent à une toute nouvelle génération d’enseignantEs et d’autres travailleurEs de l’école d’acquérir l’expérience de l’élaboration d’une stratégie, de la construction d’une solidarité et de la victoire.

Les Democratic Socialists of America (DSA), le plus grand groupe de gauche aux États-Unis, ont mobilisé leurs camarades de Los Angeles pour soutenir la grève. DSA a encouragé ses membres à devenir enseignantEs et à s’engager dans les syndicats d’enseignantEs et, dans certains endroits, ils sont devenus membres de bureaux syndicaux. Cela fait partie de la stratégie à long terme de DSA qui consiste à se transformer en une organisation liée aux travailleurEs et, selon certainEs (c’est une question qui fait débat au sein de DSA), à évoluer vers un parti politique, indépendant, de la classe ouvrière.
Traduction HW